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De retour au Festival de Cannes, le réalisateur américain Spike Lee détonne depuis plus de 30 ans par son style, divertissant, exigeant et militant, qui a marqué le monde du cinéma et créé un appel d'air pour toute la communauté afro-américaine.
C'était un petit film, tourné en deux semaines dans la chaleur de l'été 1985, en noir et blanc, avec, entre autres, les économies de sa grand-mère. Mais la déflagration qu'a engendrée "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête" se ressent encore.
Avec ce premier long métrage, primé à Cannes, "il a brisé le plafond de verre" pour les Noirs dans le cinéma "et ouvert les portes pour tous ceux qui sont passés après lui", affirme Michael Genet, acteur et scénariste, auteur du script de "She Hate Me".
Le réalisateur noir "Ryan Coogler ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui avec +Black Panther+ si Spike Lee n'avait pas fait ce qu'il a fait", poursuit-il.
Derrière "Nola", Shelton Jackson Lee, de son nom de naissance, né en Georgie en 1957, grandi à Brooklyn, dans le quartier de Fort Greene, où a été tourné le film et où se trouvent toujours les bureaux de sa société de production, 40 Acres and a Mule.
Un petit homme noir malingre, à lunettes, au regard résolu, qui jouait le rôle du coursier gouailleur Mars Blackmon dans ce premier film. Parfois taiseux, parfois volubile, toujours affûté, "une étrange sorte de type très cérébral", se souvient John Canada Terrell, l'un des acteurs principaux.
"Il était réservé, mais je l'appelais l'homme idée", raconte Herbert Eichelberger, qui fut son professeur de cinéma à l'université Clark à Atlanta et que Spike Lee présente comme son mentor. "Il proposait des tas d'idées de films et sur la manière d'aborder une histoire."
"Dès le début, c'était un grand conteur", dit l'enseignant, qui le pensait prédestiné au documentaire. Mais Spike Lee n'y viendra qu'en 1997 avec "4 Little Girls", nommé aux Oscars et suivi par beaucoup d'autres.
Entre-temps, il aura affirmé son cinéma, souvent politique avec des films comme "Do the Right Thing", "Jungle Fever" ou "Malcolm X", produits à l'écart d'Hollywood pour rester maître de la distribution, largement ouverte aux acteurs noirs, et du montage. "Il veut décider de ce qu'il met dans son film", explique Herbert Eichelberger, et ne tourne d'ailleurs le plus souvent que ses propres scripts.
C'est la clé de son cinéma franc, direct, qui mélange rapports humains et thématiques sociales, avec souvent un humour aiguisé.
"Un jour, je lui ai demandé pourquoi il s'ennuyait à écrire lui-même", se rappelle Michael Genet. "Et il m'a répondu: je suis d'abord un auteur."
Pour autant, même s'il n'a jamais réalisé un blockbuster, ce fan de l'équipe de basket des New York Knicks est, malgré tout, considéré aux Etats-Unis comme un réalisateur grand public. "Quand nous sommes rentrés de Cannes (en 1986), le film ("Nola Darling") était sorti à New York et je ne pouvais plus marcher dans la rue", se souvient John Canada Terrell.
Il bénéficie d'un coup d'accélérateur quand, en 1987, Nike lui confie la réalisation d'une série de spots publicitaires pour les chaussures Air Jordan. Ces petits films en noir et blanc, qui mettent en scène Michael Jordan et Spike Lee, de retour en Mars Blackmon, vont transformer à jamais le marketing sportif.
Il tournera des spots pour différentes marques, mais aussi des vidéos musicales. Et aussi des films plus classiques, comme "Inside Man" (2006), un thriller qui reste comme son plus grand succès au box-office.
Mais il reste farouchement accroché à son indépendance et garde le cap, à 61 ans, avec la communauté noire-américaine en toile de fond. "BlacKkKlansman", en lice cette année pour la Palme d'or à Cannes, évoque ainsi l'histoire vraie d'un Noir infiltré dans les rangs du Ku Klux Klan.
"Entre 1985 et aujourd'hui, c'est le jour et la nuit", disait-il, en janvier dans l'émission de la chaîne Viceland "Desus & Mero", de la présence des Noirs au cinéma. "Mais nous ne pouvons pas être satisfaits. Il ne s'agit pas seulement de faire un film. Nous devons accéder à ces postes-clés pour avoir notre mot à dire sur ce qui se tourne."
C'était un petit film, tourné en deux semaines dans la chaleur de l'été 1985, en noir et blanc, avec, entre autres, les économies de sa grand-mère. Mais la déflagration qu'a engendrée "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête" se ressent encore.
Avec ce premier long métrage, primé à Cannes, "il a brisé le plafond de verre" pour les Noirs dans le cinéma "et ouvert les portes pour tous ceux qui sont passés après lui", affirme Michael Genet, acteur et scénariste, auteur du script de "She Hate Me".
Le réalisateur noir "Ryan Coogler ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui avec +Black Panther+ si Spike Lee n'avait pas fait ce qu'il a fait", poursuit-il.
Derrière "Nola", Shelton Jackson Lee, de son nom de naissance, né en Georgie en 1957, grandi à Brooklyn, dans le quartier de Fort Greene, où a été tourné le film et où se trouvent toujours les bureaux de sa société de production, 40 Acres and a Mule.
Un petit homme noir malingre, à lunettes, au regard résolu, qui jouait le rôle du coursier gouailleur Mars Blackmon dans ce premier film. Parfois taiseux, parfois volubile, toujours affûté, "une étrange sorte de type très cérébral", se souvient John Canada Terrell, l'un des acteurs principaux.
"Il était réservé, mais je l'appelais l'homme idée", raconte Herbert Eichelberger, qui fut son professeur de cinéma à l'université Clark à Atlanta et que Spike Lee présente comme son mentor. "Il proposait des tas d'idées de films et sur la manière d'aborder une histoire."
"Dès le début, c'était un grand conteur", dit l'enseignant, qui le pensait prédestiné au documentaire. Mais Spike Lee n'y viendra qu'en 1997 avec "4 Little Girls", nommé aux Oscars et suivi par beaucoup d'autres.
Entre-temps, il aura affirmé son cinéma, souvent politique avec des films comme "Do the Right Thing", "Jungle Fever" ou "Malcolm X", produits à l'écart d'Hollywood pour rester maître de la distribution, largement ouverte aux acteurs noirs, et du montage. "Il veut décider de ce qu'il met dans son film", explique Herbert Eichelberger, et ne tourne d'ailleurs le plus souvent que ses propres scripts.
C'est la clé de son cinéma franc, direct, qui mélange rapports humains et thématiques sociales, avec souvent un humour aiguisé.
"Un jour, je lui ai demandé pourquoi il s'ennuyait à écrire lui-même", se rappelle Michael Genet. "Et il m'a répondu: je suis d'abord un auteur."
Pour autant, même s'il n'a jamais réalisé un blockbuster, ce fan de l'équipe de basket des New York Knicks est, malgré tout, considéré aux Etats-Unis comme un réalisateur grand public. "Quand nous sommes rentrés de Cannes (en 1986), le film ("Nola Darling") était sorti à New York et je ne pouvais plus marcher dans la rue", se souvient John Canada Terrell.
Il bénéficie d'un coup d'accélérateur quand, en 1987, Nike lui confie la réalisation d'une série de spots publicitaires pour les chaussures Air Jordan. Ces petits films en noir et blanc, qui mettent en scène Michael Jordan et Spike Lee, de retour en Mars Blackmon, vont transformer à jamais le marketing sportif.
Il tournera des spots pour différentes marques, mais aussi des vidéos musicales. Et aussi des films plus classiques, comme "Inside Man" (2006), un thriller qui reste comme son plus grand succès au box-office.
Mais il reste farouchement accroché à son indépendance et garde le cap, à 61 ans, avec la communauté noire-américaine en toile de fond. "BlacKkKlansman", en lice cette année pour la Palme d'or à Cannes, évoque ainsi l'histoire vraie d'un Noir infiltré dans les rangs du Ku Klux Klan.
"Entre 1985 et aujourd'hui, c'est le jour et la nuit", disait-il, en janvier dans l'émission de la chaîne Viceland "Desus & Mero", de la présence des Noirs au cinéma. "Mais nous ne pouvons pas être satisfaits. Il ne s'agit pas seulement de faire un film. Nous devons accéder à ces postes-clés pour avoir notre mot à dire sur ce qui se tourne."