Sombre bilan en cinq ans en Libye

L'EI en a fait du pays une base d'entraînement de jihadistes locaux et étrangers


Mercredi 17 Février 2016

Sombre bilan en cinq ans en Libye
Cinq ans après la révolte populaire qui mit fin à 42 ans de dictature, les Libyens ont quasiment perdu espoir de voir un Etat de droit instauré dans un pays divisé, affaibli et menacé par l'expansion jihadiste.
Malgré l'annonce dimanche de la formation d'un gouvernement d'union nationale, l'incertitude demeure sur son approbation par le Parlement reconnu internationalement et sur sa capacité à imposer son autorité dans un pays miné par les conflits entre factions rivales.
Profitant du chaos politique et sécuritaire qui s'est installé depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) a gagné du terrain.
La ville de Syrte, sur les bords de la Méditerranée, (450 km à l'ouest de Tripoli), est devenue son sanctuaire, à moins de 300 km de l'Europe.
L'EI en a fait une base d'entraînement de jihadistes libyens et étrangers. Les Européens craignent qu'avec son port et son aéroport, Syrte ne devienne une rampe de lancement pour de futures attaques sur son sol.
La présence d'importantes réserves de pétrole, de routes de contrebande bien établies avec l'Afrique mais surtout le chaos qui y règne depuis la révolution libyenne --qui marque son cinquième anniversaire ce mercredi--, expliquent cet intérêt, selon les analystes.
Cependant, ce phénomène n'est pas nouveau. "La Libye a une longue tradition jihadiste violente qui remonte à la guerre d'Afghanistan", rappelle le cabinet d'analyse de risques Soufan Group.
Le régime Kadhafi réussissait à contrôler ces mouvements mais avec son effondrement, les factions militantes islamistes, longtemps réprimées, ont tenté de "remplir le vide" politique et sécuritaire dans le pays, ajoute Soufan Group.
Les deux autorités qui se disputent le pouvoir depuis plus d'un an et demi se sont montrées incapables d'enrayer la montée jihadiste. La Libye est divisée entre un gouvernement reconnu par la communauté internationale exilé dans l'Est, et un autre basé à Tripoli proche d'une coalition de milices dont certaines islamistes.
"Les cinq dernières années ont été une série d'erreurs corrigées par d'autres erreurs", a déclaré à l'AFP Karima Leguel, employée de banque à Tripoli et âgée d'une cinquantaine d'années.
Sans Constitution depuis le coup d'Etat de Kadhafi en 1969, les Libyens attendent depuis des mois que l'Assemblée constituante, élue en 2014, rédige un projet de Loi fondamentale.
Si le pays dispose des réserves pétrolières les plus importantes d'Afrique, estimées à 48 milliards de barils, sa production, environ 1,6 million b/j en 2011, a chuté d'un tiers depuis.
Cinq ans après la chute de Kadhafi, "notre quotidien devient de plus en plus difficile", constate Karima.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, 1,9 million des six millions de Libyens ont besoin d'une aide sanitaire d'urgence, alors que le pays manque de personnel de santé, de médicaments et de vaccins. Voyager est aussi devenu un casse-tête, renforçant la sensation d'enfermement. Depuis la destruction de l'aéroport international de Tripoli en août 2014, aucune compagnie aérienne étrangère ne dessert la capitale libyenne.
Rares sont les Etats qui ont donné des autorisations d'atterrissage aux compagnies libyennes. La plupart des pays exigent désormais des Libyens des visas mais tous les consulats ont fermé il y a un an et demi à l'exception de celui de Turquie à Misrata (ouest).


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