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"On vivait tous ensemble. Tous ensemble. Comment on appelait ce qui a un peu disparu ? Ah oui, la mixité sociale", raille-t-il dans son nouveau spectacle intitulé "Je reviens me chercher". Porte-drapeau de la génération beur, Smaïn s'est distingué dès 1986 en s'attaquant au racisme notamment avec "A Star is beur". "A 60 balais, il fallait que je me raconte", confie-t-il à l'AFP. "J'alterne entre mon histoire et mon regard sur la société d'aujourd'hui. Je suis dépité par ce que je vois en ce moment. L'époque est très perturbée", estime l'humoriste français, né à Constantine en Algérie de parents inconnus.
Il y a quelques jours, il a donné la première représentation de son nouveau spectacle à l'Institut du monde arabe, avant de partir en tournée. Smaïn sera de retour sur une scène parisienne à l'automne.
"Il n'y avait pas de racisme dans mon immeuble HLM", affirme-t-il dans son "one man show". "La seule qui ne nous aimait pas, c'était la charcutière proche de l'OAS", plaisante-t-il, en référence à l'organisation qui tenta de s'opposer par la violence à l'indépendance de l'Algérie. "Mon père jouait au tiercé avec Mr Cohen. Léon Zitrone les mettait d'accord", ajoute-t-il avec un brin de nostalgie.
Révélé par le Petit théâtre de Bouvard et récompensé par le Molière 1996 du meilleur "one man show", l'humoriste affirme avoir "conscience d'être arrivé en France au bon moment". "Mes débuts ont été aidés par le contexte politique avec la gauche au pouvoir et la Marche des Beurs sans qui je ne serai pas ce que je suis...", ajoute Smaïn. "Dans les cafés-théâtres, on me demandait de raconter des histoires avec l'accent de chez moi. Mais, chez moi, c'est Porte de Vincennes ! Alors, j'ai fait l'accent pour faire rire. J'ai été un usurpabeur!", lance-t-il sur scène, raillant au passage l'accent banlieue.
Recueilli dans un orphelinat catholique, le petit Smaïn est adopté en 1960 par un couple français d'origine maghrébine du 12e arrondissement. "J'ai été élevé dans le vivre-ensemble. Je suis des Trois livres (la Bible, la Torah et le Coran, ndlr)", souligne Smaïn. "Malgré les aléas de la vie, j'ai eu une enfance heureuse, une vision du monde positive. Je n'ai jamais ressenti le racisme dans mon enfance", souligne le comédien. Lors de son audition au Conservatoire d'art dramatique, on lui a fait comprendre que "le patrimoine culturel français ne pourra pas lui offrir de rôles". Cela ne l'empêchera pas de triompher en 1994 avec "Les Fourberies de Scapin", au théâtre du Gymnase et en tournée.
Il se dit désemparé après la série d'attentats en France ces dernières années et l'incapacité de la classe politique à surmonter les clivages de la société française. "Face au terrorisme, la montée de l'extrémisme, le communautarisme, je suis un peu perdu. Politiquement, il y a eu un décrochage. On a laissé aller la ghettoïsation", regrette-t-il. "Si je peux tenter avec mon spectacle d'être une courroie de transmission, pourquoi pas... Je crois au rire éducatif !", ajoute Smaïn, qui qualifie la langue française d'"arme de défense massive". Selon lui, "l'humoriste est celui qui arrondit les angles pour révéler des vérités de façon décalée, en pleine conscience du monde et de ses réalités".