Simple rôle technique ou gardiens du temple audiovisuel ?


Narjis Rerhaye
Mercredi 18 Avril 2012

Le silence des Sages alimente la polémique sur la mission de la HACA

La Haute autorité de la communication audiovisuelle  dans la tourmente ? En donnant sa bénédiction inconditionnelle aux cahiers des charges de la SNRT et de la SOREAD-2M, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle n’en finit pas de susciter les interrogations. Les Sages ont-ils agi dans la précipitation et sans prendre réellement le temps d’étudier ces cahiers des charges dont l’examen leur avait été demandé par le chef de gouvernement ? Ont-ils fait l’économie d’un débat en interne ? Se sont-ils fait manipuler au point de donner leur approbation à des cahiers des charges qui provoquent un débat profond dans la société et l’inquiétude des professionnels de l’audiovisuel ?
Pour cet ancien Sage, le conseil n’a pas fonctionné en gardien du temple audiovisuel. « Le CSCA n’a pas été vigilant et surtout n’a pas veillé à une interprétation ouverte, moderniste de la Constitution. Il s’est borné à une lecture purement technique alors que plus que jamais son rôle n’est pas technique », explique cet ex-membre de la HACA.
Que s’est-il passé ce 29 mars 2012 avant que ne soit rendue publique la décision 13-12 et 14-12 portant approbation des cahiers des charges de la SNRT et de la SOREAD-2M? Y a-t-il eu débat entre les Sages ? Comment la décision d’approuver ces cahiers des charges qui bouleversent de fond en comble le paysage audiovisuel marocain public a-t-elle été prise  surtout si l’on sait que les principaux responsables de la SNRT et de 2M n’ont eu connaissance de la dernière mouture des nouveaux cahiers des charges que tard dans la nuit de ce même 29 mars au cours d’une réunion marathon au ministère de la Communication? Impossible d’avoir une réponse officielle : tous les Sages que nous avons contactés ont eu la même réponse. Soumis à une obligation de réserve, ils ont interdiction ferme de parler à la presse. « Notre  porte-parole est  Ahmed Ghazali le président de la HACA. Lui seul est habilité à parler à la presse », nous ont-ils signifié à l’unisson.
 Problème, Ahmed Ghazali a décidé de ne pas parler à la presse. En tout cas, pas pour le moment. « Il s’exprimera au moment opportun au cours d’une conférence de presse. Les journalistes pourront lui poser toutes les questions qu’ils veulent. Pour l’heure, il n’interviendra pas dans un débat politicien et s’interdit toute surenchère», nous a-t-on fait savoir dans son entourage.
La HACA est pourtant au cœur d’un débat  passionné et passionnel parce qu’il met en jeu un modèle de société.  De l’opposition à la majorité en passant par les professionnels, ils sont de plus en plus nombreux à le dire haut et fort : les cahiers des charges élaborés par Mostafa El Khalfi, le ministre islamiste de la Communication, sont l’expression d’une volonté claire de poser les jalons et les fondements d’un projet de société que porte le PJD.  « Plus grave encore, la coalition gouvernementale ne semble pas du tout cautionner un tel projet d’islamisation des médias publics », rappelle un député de l’USFP. Question : la HACA se devait-elle se suffire d’une simple lecture technique du document qui lui a été transmis par M. Abdelilah Benkirane ? « Les Sages devaient fonctionner en rempart, en véritables gardiens du temple, parce qu’ils sont justement une émanation de la société.
C’est pour cela qu’ils ont été choisis et nommés à la HACA et non pas pour se réfugier derrière une mission purement technique.  En recevant les cahiers des charges, la HACA aurait pu prendre son temps et ouvrir  des consultations avec les opérateurs que sont la SNRT et 2M », relève avec  amertume un cadre de la SNRT. La même incompréhension est perceptible chez ceux et celles qui font la 2ème chaîne de télévision. «La ligne éditoriale de 2M a été complètement changée. De grandes options ont été prises, comme la disparition par exemple de la langue française sur Al Oula. Des publicités ont été interdites remettant en cause la survie économique de la 2ème chaîne. Que fallait-il de plus pour interpeller la HACA et qu’elle se pose des questions sur le modèle de télévision que ce gouvernement veut promouvoir et surtout si le modèle de société qui lui sous-tend est conforme aux principes et valeurs prônés par la Constitution», s’interroge un journaliste de 2M toujours groggy par la disparition/décalage du JT de 20h45 diffusé en français.
Un ex-Sage : « On menaçait même de démissionner »
Le CSCA a-t-il fonctionné en institution constitutionnelle ? A-t-il rempli jusqu’au bout sa mission en donnant son imprimatur aux cahiers des charges/grilles des programmes de M. El Khalfi ? « Non, répond cet ancien Sage. De tels cahiers des charges n’auraient jamais dû passer. Une raison parmi tant d’autres : la question du pluralisme linguistique largement remise en cause par la copie de l’actuel ministre de la Communication est suffisante pour que la HACA ne valide pas ces cahiers des charges. Comment penser qu’il n’y a pas eu de débat à ce sujet et quels sont surtout les arguments qui ont poussé les Sages à approuver de tels cahiers des charges ? Je me rappelle de nos débats houleux sur des questions stratégiques qui pouvaient remettre en cause l’option démocratique et d’ouverture du projet Maroc. Certains d’entre nous menaçaient même de démissionner ! ».
Un professionnel des médias audiovisuels qui a fait partie de ceux et celles qui ont posé les fondements de l’autorité régulatrice préfère  mettre en avant un problème de fond :  on ne s’est pas donné les moyens nécessaires de protéger la démocratie, et celle audiovisuelle en particulier. «Le problème réside dans la loi 77-03 relative à la communication audiovisuelle. Cette loi a effectivement été élaborée pour consacrer la libéralisation de l’audiovisuel mais à aucun moment on a pensé à garantir par des textes l’indépendance des médias publics du gouvernement. En fait, nous avons pensé que nous étions tous de grands démocrates et l’hypothèse d’islamistes au pouvoir n’a jamais été sérieusement envisagée », conclut-il  dans un sourire amer.


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1.Posté par ouchen le 20/04/2012 06:54
Il est évident que pour cette histoire de cahiers de charges, les "sages" de la HACA se sont surpassés pour devenir des génies;

on comprend mal comment ils ils ont pu décoder tous les articles des cahiers de charges en vingt quatre heures et être unanimes à passer le texte et de lui donner leur bénédiction.

Même en usant de la télépathie comme moyen de communication entre les "sages" , un tel exploit ne peut s'avérer qu'impossible , à moins qu'il ne s'agisse d'un nouveau procédé de baclage des textes à haut risques innové par les "ages"de la HACA.


Ce procédé aurit du être employé par le Gouvernement Benkirane pour faire passer sa loi de finances et ses lois organiques au parlement,. Seulement voilà , les députés ne sont assez sages comme les membres de l'organe délibérant de la HACA qui n' ont de comptes à rendre aux citoyens. Et puis si ça foire au niveau des réalisations des cahiers des charges il y toujours une certaine presse qui fera application de notre cher adage " le menaret s'est ecroulé, alors pendez des les coiffeurs de la SNRT et de 2M";

Pour être sérieux en débattant d'un problème qui ne l'est pas du tout, la HACA vient de donner comme preuve irréfutable qu'elle en dessous de ses responsabilité. Son mutisme , le silence de clui qui vient de commettre une faute grave,le confirme d'ailleurs.

Son action récente , juste après la constitutionalisation de l'institution pour lui conférer l'entire indépendance vis à vis du pouvoir executif , vient de vider ladite institution de sa substance naturelle etnlégale en la réduisant à un simple instrument dont le gouvernement use pour conférer à ses actes une sorte de légitimité emblématique, tout comme celui qui colle une étiquette de validité sur l'emballage d'un produit périmé.

Le respect de l'esprit de la constitutionn, des dispositions de la loi 77-03 relative à la communication audiovisuelle et la neutralité poltique des sages est entièrement violé, bafoué à tel point qu'on dirait qu'il s'agit d'une insulte pour l'intelligence des marocains

la HACA en agissant de la sorte vient de se crééer un problème de taille, celui de devoir se prononcer sur la réalisation des obligations ahurissantes et rétrogrades des cahiers des charges en cas de défaillance du gouvernement à mettre les moyens adéquats à la disposition du pôle audiovisuel

Et puis cette histoire d'appel d'offres pour la création artistique est incompréhensible, à moins que Mr Abdrrahmane Youssfi ,qui avait accordé à l'ex RTM la dérogation de se soustraire aux dispositions régissant les marchés publics , estimant que la production audiovisuelle ,compte tenu de sa spécificité s'agitssant de création et non de vente de fournitures de bureau ou de travaux d'aménagement d'une part, et du fait que le prix d'acquisition est celui de l'auteur et non celui du marché du moment que , et jusquà preuve du contraire, il n'existe nulle part un super marché ou se vendent , à des prix concurrentiels, des idées originales, je dis qà moins que Mr Youssefi ne soit moins sage que les sages de la HACA.

Et puis tout le monde sait bien que l'appel d'offres , une fois basé sur un système de notation, devient automatiquement le moyen le plus légal pour détourner les fonds publics en toute impunité .
Des moyens frauduleux adjacents à la procédure sont automatiquement mis en oeuvre et difficilement prouvés matériellement : délis d'initités, concurrence déloyable, ententes, passes droits, pot de vins déguisés, avantages masqués , surfacturations non évidentes etc...

Le problème désormais réside dans les critères qui président au choix des sages , personne ne les connait puisqu'il n'existent pas du tout, ou s'ils existent, ne sont pas pris en considération.
C'est de là que démarre le processus théorique de lindépendance des sages pour pouvoir dire au ministre :

" désolé, vos textes sont rétrogrades et constituent une violation évidente à l'esprit de la constitution même si le respct de la forme existe , le fond fait défaut, revoyez vos copies!

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