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En février et mars prochains, son “Opera à Noh-Theatre” sera joué à Paris puis en Suisse (Genève, Zurich, Lausanne). Pour ce mariage singulier, il a choisi “Actéon”, un petit bijou baroque du Français Marc-Antoine Charpentier, et un intermezzo de l’Italien Giovanni Battista Pergolesi, Livietta e Tracollo. Cela donne deux étonnants “Otnis”, des objets théâtraux non identifiés, où se fondent clavecin et cordes avec kimonos, petits pas et gestes mesurés. Shugo a eu l’idée de cette étrange alchimie en 2008 quand, lauréat d’une fondation japonaise qui soutient des jeunes artistes, la Gotoh memorial Foundation, on lui a demandé de monter un opéra dans une salle consacrée au théâtre nô à Tokyo. Lui-même concède qu’au départ l’idée lui paraissait étrange. Mais a alors germé dans son esprit une curieuse équation: intermezzo = kyôgen, cet intermède souvent comique entre deux hiératiques pièces de nô. Il tenait le lien. “Le secret, explique-t-il à l’AFP, pour choisir ces œuvres (Charpentier et Pergolesi): trouver les affinités intimes avec le style du théâtre nô, plus exactement du kyôgen. Et en fait un intermezzo, entre deux actes d’un opéra, a de très fortes ressemblances avec le kyôgen, ces petits spectacles comiques et satiriques” qui ponctuent le théâtre nô. “Pour célébrer cet heureux mariage, dit-il, il fallait préserver l’essence de ces deux arts: l’opéra est avant tout musique, tandis que le nô et le kyôgen sont mouvements lents, gestes emplis de significations”, explique le metteur en scène. Il résume ainsi son spectacle: “Fermez les yeux: vous êtes à l’opéra, ouvrez-les et bouchez-vous les oreilles: vous êtes au nô”. Mais si l’on écoute et regarde en même temps, la magie opère. “On ne pourrait pas monter n’importe quel opéra dans un théâtre nô. Puccini, Verdi, Wagner: trop grand, trop compliqué. Sur une scène de nô, vous pouvez avoir au maximum dix personnes en même temps, alors qu’il peut y en avoir une centaine chez Wagner”, explique Shugo dans son anglais mâtiné d’un fort accent germanique.