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Sexualité et altérité dans la littérature marocaineJeudi 6 Mars 2014
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Avec «Queer Maroc. Sexualités, genres et (trans)identités dans la littérature marocaine », Jean Zaganiaris, professeur à l’EGE de Rabat, dresse un panorama exhaustif de la question du genre dans la littérature marocaine. Mené doctement, cet essai défriche un sujet qui agite, dans des intensités spécifiques, toutes les sociétés. Retour sur un livre à lire à l’écart des préjugés. Jean Zaganiaris côtoie de près la connaissance ; devrai-je dire les connaissances. Sociologue et critique littéraire à la fois, il puise dans plusieurs disciplines pour approcher un pan de la société marocaine –la sexualité et ses divers aspects- à travers ses voix romanesques. Il ne tombe néanmoins pas dans l’analyse froide qu’ouvre la sociologie, celle faite d’enquêtes et de tests. Il emprunte au roman. Cette démarche l’engage, et il ne craint pas cet engagement. Alors, fatalement, Jean Zaganiaris n’est pas l’objet de son travail, ni celui des auteurs qu’il appelle, mais sujet de sa recherche et des narrations de ceux et de celles qu’il visite. A son insu, ou délibérément, ça sera selon, il prend partie et appuie ce qu’il dénonce : le pouvoir mâle et le dédain de l’altérité. Sans s’exposer directement par souci de rigueur scientifique, Jean Zaganiaris ne parvient pas à cacher sa profonde aversion face à l’injustice faite aux femmes et aux tenants d’une sexualité singulière. En adossant ses propos aux romans, il plaide ostensiblement pour le respect et la reconnaissance des différences. Car il s’agit bien de cela : la liberté sexuelle et le respect des inclinations des uns et des autres. C’est au travers d’une large palette de romanciers (ières) marocains (es) qu’il entreprend une lecture affûtée des comportements sexuels dans une société abusivement réputée archaïque, en tant qu’elle reste parfois en marge des normes occidentales supposées référencer la civilisation moderne. Bien loin du prisme déformant d’une lecture formatée, figée à des relents aux accents souvent suffisants, il s’immerge dans la littérature marocaine pour en extraire une réalité, certes feutrée, mais néanmoins structurante d’une vie sexuelle somme toute banale; comme il le dit lui-même : «Nous sommes des êtres humais avant d’être des Grecs, des Marocains, des Français…» (page 355). Chercheur attentif et scrupuleux des précisions, Jean Zaganiaris puise dans les voix des différents auteurs. Mieux encore, pour chacun, il reprend les témoignages recueillis lors d’entretiens menés sur le registre de la spontanéité mais sans abandonner à la rigueur. Ces matériaux lui ont permis une analyse authentique et sereine, dépouillée de jugements tapageurs. Le mérite est d’autant plus grand que le sujet est délicat en ceci qu’il concerne l’intimité, une part de nous-mêmes que nous partageons pour mieux nous dire, mieux nous écouter, mieux surmonter nos angoisses, nos frustrations et nos peurs. A de multiples égards, «Queer Maroc. Sexualités, genres et (trans)identités dans la littérature marocaine», en prétendant constituer un essai, n’en reste pas moins un objet littéraire. Il se lit comme un roman, car servi par une plume limpide exempte des circonvolutions ombrant habituellement le discours scientifique. L’abord de questions sociétales –les études de genres- ne le détourne pas de sa finalité qui est d’apporter, au travers de l’exploration de la fiction, un éclairage supplémentaire sur la société marocaine; et de dire, un peu plus, qui nous sommes et comment nous sommes. S’il en était encore besoin, Jean Zaganiaris prouve une fois encore, ainsi que le disait Victor Hugo, «qu’on découvre mieux la société par la littérature que par la politique».
Par Mamoun Lahbabi
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