Ses créations présentées à la Vierge de la Réunion, à Paris : Saïd Bouanga, un artiste très inspiré

Des artistes peintres autodidactes, le Maroc en compte sur l’ensemble du territoire. Mais des artistes autodidactes d’une originalité débordante de sincérité dotés d’un sens de l’aboutissement avancé et d’un talent qui laisse songeur, ceux-là, on ne les rencontre pas tous les jours.
Saïd Bouanga est de cette catégorie. Originaire de Taroudant (petite ville située à 80km d’Agadir), l’artiste séduit et surprend en même temps curieux et connaisseurs qui ont pu apprécier un jour ses œuvres, tant il est vrai que le talent naissant du jeune Berbère force l’admiration.
«J’ai connu Saïd Buanga quand il avait 20 ans. Maintenant il en a 36. Et depuis lors, j’observe qu’il a évolué d’une façon extraordinaire alors qu’il n’avait jamais suivi de cours de peinture. Il a vraiment fait des progrès », confie ému Jean-Jacques Mazel à Djahida, animatrice de la chaîne Berbère Télévision qui a consacré récemment toute une émission à cet artiste très inspiré.
«Alors que dans sa petite ville de Taroudant il n’avait jamais vu des peintures, il y a des coïncidences intéressantes » entre ses œuvres et celles de certains grands peintres, se réjouit JJ. Mazel qui décrit l’artiste comme « un jeune ouvert, issu d’une famille modeste, qui a des amis et aime aussi se retirer chez lui pour peintre».
Il y a tout un équilibre dans l’œuvre de Saïd sur peau, papier campon ou bris tols. Si dans certaines œuvres, l’artiste travaille beaucoup sur des couleurs sombres en fond de toile, propose différentes couleurs et des compositions variées (avec des courbes, des lignes presque droites), il s’illustre autrement dans d’autres.
Certaines de ses œuvres « captent la lumière de façon extraordinaire par le mouvement et par les apports de couleurs. Ils éclatent». Il faut dire que l’ensemble de sa création séduit et entraîne de découvertes en découvertes.
Dans « L’homme singe », par exemple, « ce qui est intéressant, c’est de voir la peau, la complexion sur le visage qui fait qu’il s’agit d’un homme, un regard qui commence à presque découvrir le monde alors que les cheveux sont pratiquement les poils de bêtes et le travail tout autour fait qu’on a affaire aussi à un tableau », commente JJ. Mazel. qui apprécie, outre le travail des couleurs, le travail des accompagnements qui font la composition et ensuite les regards, les symboles ».
Dans d’autres œuvres, il « montre comment un balayage abstrait peut être de la peinture, pas seulement décoratif avec des compositions dedans et comment cela peut devenir aussi quelque chose de significatif, porter un message », poursuit JJM. On reconnaît un « balayage qui devient tragique, qui arrive à former un visage, celui de la Palestine et les ennemis de la Palestine qui essaient de forcer l’entrée de la Palestine dans la bouche ». Après une première exposition réussie en 2010, l’artiste qui n’a pu faire le déplacement à Paris accroche ses récents travaux à La Vierge de la Réunion jusqu’au 31 janvier courant. Au bonheur du public parisien qui peut alors (re)découvrir des œuvres offrant un panorama itinéraire d’aboutissement exceptionnel. S’il s’agit bel et bien d’une exposition-vente. «Nous avons pratiqué des prix dérisoires par rapport au marché parce qu’il n’est pas (encore) coté mais il le sera un jour. Et c’est maintenant qu’il faut acheter ses œuvres. Il faut le soutenir en achetant ses tableaux, en parlant de lui», conclut JJM.