La durée même des négociations entrées dans leur troisième jour dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de 1950-1953, illustre la difficulté pour les deux parties de parvenir à un compromis acceptable.
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a exigé des "excuses claires" de Pyongyang pour l'explosion de mines antipersonnel qui a mutilé en début de mois deux soldats sud-coréens à la frontière.
Faute de quoi, a-t-elle dit lors d'une réunion avec ses conseillers, Séoul continuera la guerre de propagande qu'elle mène à la frontière au moyen de puissants hauts-parleurs, campagne qui insupporte Pyongyang au point qu'elle a menacé la Corée du Sud de frappes militaires concertées.
Ce nouveau regain de tensions dans la péninsule divisée a déjà suscité un échange de tirs d'artillerie jeudi tandis que les deux camps en rajoutent dans la rhétorique belliqueuse et déploient leurs armements.
Depuis son élection fin 2012, Mme Park a mis un point d'honneur à mener une politique de fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord et devrait résister à tout compromis qui pourrait être perçu comme une récompense pour le comportement de Pyongyang.
La Corée du Nord dément avoir joué le moindre rôle dans l'affaire des mines antipersonnel. Pour les analystes, il est totalement improbable qu'elle accepte de présenter ses excuses.
D'après le ministère sud-coréen de la Défense, le Nord a doublé ses unités d'artillerie à la frontière et déployé les deux tiers de sa flotte de sous-marins, soit une cinquantaine de vaisseaux, hors de leurs bases militaires.
La crise est suivie de près par les pays voisins, et au delà. La Chine et le Japon ont appelé à la retenue alors que le secrétaire général de l'Onu, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, a demandé aux deux pays de "redoubler" d'efforts pour trouver une issue.
Techniquement, ils sont en conflit depuis 65 ans car la guerre de Corée a pris fin avec un simple cessez-le-feu qui n'a jamais été formalisé par un traité de paix en bonne et due forme.
Les Etats-Unis, qui déploient en permanence près de 30.000 hommes en Corée du Sud, ont assuré Séoul de leur engagement à contribuer à la défense de cet allié clé en Asie. Séoul et Washington sont en train d'étudier le déploiement éventuel "d'atouts militaires stratégiques américains" dans la péninsule, a déclaré le ministère sud-coréen de la Défense, sans autre précision.
Les négociations de Panmunjom sont menées depuis samedi par le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale, Kim Kwan-Jin, et son homologue nord-coréen, Hwang Pyong-So, un proche collaborateur de Kim Jong-Un.
Malgré les tensions, cette crise n'a pas provoqué de panique parmi la population sud-coréenne, habituée aux menaces régulières de guerre imminente brandies par la Corée du Nord, qui ne sont --tout aussi régulièrement-- guère suivies d'effets.
Des dizaines de civils habitant les îles frontalières ou à proximité des hauts-parleurs honnis par Pyongyang ont toutefois été évacués par mesure de précaution.