Selon Mendez, la répression des mouvements sociaux a pris de l’ampleur : Le Maroc peut mieux faire pour lutter contre la torture


Nezha Mounir
Lundi 24 Septembre 2012

Selon Mendez, la répression des mouvements sociaux a pris de l’ampleur : Le Maroc peut mieux faire pour lutter contre la torture
 
Peut ou plutôt doit mieux faire. C’est le verdict du grand oral qu’a dû subir le Maroc une semaine durant, lors de la visite de Juan Mendez, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. «Une coopération pleine….un accès sans restriction à tous les lieux de détention. Le personnel pénitentiaire était manifestement disposé et préparé à m’accueillir», a-t-il déclaré d’emblée. Une idée de l’ambiance bon enfant qui devrait régner d’autant plus que les institutions pénitentiaires visitées ont fait l’objet «de travaux de rénovation importants, peinture fraîche, nouvelle literie et des couvertures». Loin d’être dupe, ces détails n’ont pas  manqué de l’interpeller. Du grand luxe en fait.  Mais qu’en est-il  réellement? Le constat est sans appel. «Même si la situation s’est généralement améliorée depuis les dernières décennies, les actes de torture n’ont pas disparu». M. Mendez fait état d’informations «crédibles» sur des violences infligées via des «coups de poing et de bâtons, l'utilisation de décharges électriques et des brûlures de cigarettes».  Le relent d’un passé marqué  par des  années de plomb dont les exactions ont terni l’image du Maroc en matière de droits de l’Homme.  Il appelle ainsi les autorités à tenir compte des plaintes qui dénoncent la torture.
Sur le terrain et lors des contacts établis, un sentiment de frilosité règne dès qu’il s’agit d’évoquer les exactions vécues ou du moins rapportées. M. Mendez  déplore de ce fait que les  rencontres avec la société civile aient  été surveillées par les autorités et les médias, créant ainsi  un climat d’intimidation. Du coup, les  langues se lient de peur de représailles car la torture existe toujours. Des interrogatoires musclés qui débouchent sur  des aveux extorqués par les autorités sous le coup de la violence notamment dans «les cas ayant trait à la sécurité de l’Etat ou dans le cadre de la lutte contre le terrorisme». Bon nombre de plaintes ont été reçues par le  rapporteur de l’ONU. De même, le recours à une violence excessive a tendance à prendre de l’ampleur lors des réunions et manifestations. Le maintien de l’ordre doit être de mise mais dans le  respect total des normes internationales, a-t-il indiqué. 
Il ne peut être question de droits de l’Homme et de torture sans qu’on évoque l’état des prisons. Les conclusions de M. Mendez à cet égard rejoignent celles des rapports précédents publiés par d’autres institutions.  La promiscuité qui sévit dans le milieu carcéral  et les conditions de détention des prisonniers sont vivement critiquées. Idem pour les migrants dont la précarité les expose à toutes sortes de violence.
Tous ces actes de violence et de torture constituent une réalité qu’il faut avoir le courage de reconnaître pour mieux la combattre. C’est dans cet esprit que le rapporteur des Nations unies a été invité au Royaume. «Un précédent qui reflète la confiance du Maroc en sa capacité à respecter ses engagements internationaux et à traiter avec audace les questions et les dysfonctionnements constatés en matière des droits de l'Homme», a déclaré Mustafa El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Une déclaration qui ne devrait pas rester une coquille vide mais être suivie d’actes concrets à même de redorer le blason du Maroc. Il y va de sa crédibilité.
A rappeler que l’ensemble de ces conclusions et recommandations feront l’objet d’un rapport qui sera présenté au Conseil des droits de l’Homme à Genève en mars prochain. Le Maroc sera-t-il alors à même de  prétendre au siège vacant de la Libye au sein dudit Conseil?
 
 


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