En lançant dimanche une campagne de 11 semaines, la plus longue jamais observée au Canada, le Premier ministre conservateur sortant joue la carte de l'expérience, acquise durant ses trois mandats et un peu plus de neuf ans au pouvoir.
Ses adversaires, Thomas Mulcair, chef du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) et Justin Trudeau son homologue au parti libéral (PLC, centre), critiquent eux le bilan économique du gouvernement. Avec une économie en récession au premier semestre --comme l'a indiqué mi-juillet Stephen Poloz gouverneur de la banque centrale--, et ce pour la deuxième fois depuis que M. Harper est aux commandes, l'opposition a un angle d'attaque.
Pour son premier meeting électoral, M. Harper a été accueilli dimanche soir à Montréal par des manifestants dénonçant la politique sécuritaire du gouvernement qui a récemment fait voter au Parlement une nouvelle loi antiterroriste. En rappelant les attaques sanglantes de l'automne menées par de jeunes radicalisés aux idées jihadistes, M. Harper se positionne comme le garant de la sécurité. "La montée du soi-disant islamisme au Moyen-Orient alimente également les violents mouvements jihadistes" qui présentent une menace "pour nos alliés et pour nous ici" au Canada, a-t-il dit.
Le néo-démocrate Mulcair a dénoncé "la politique de peur" des conservateurs et a dit lui préférer "une politique d'espoir". Sur la sécurité, les libéraux sont prudents. Ils ont voté la loi antiterroriste au printemps mais leur chef a promis la fin des frappes des forces armées canadiennes contre le groupe Etat islamique en Irak dans le cadre de la coalition internationale. Les libéraux sont en retard de 6 à 7 points dans les sondages sur les conservateurs et le NDP, au coude à coude entre 31,6% et 32% des intentions de vote en fonction des instituts de sondages.
Pour se démarquer, Justin Trudeau du parti libéral, joue la carte de l'environnement et fustige l'exploitation pétrolière à tout crin dans l'Alberta, riche province de l'Ouest canadien et fief du Premier ministre sortant.
A un peu plus de quatre mois de la conférence de Paris sur le climat, la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi "la protection de l'eau, de l'air et des terres" sont pour Trudeau "une priorité extrêmement importante".
La longue bataille électorale est engagée mais quelques circonscriptions peuvent faire basculer la victoire dans un camp ou l'autre. Le redécoupage électoral pourrait jouer en faveur des conservateurs. Sur les 30 sièges de plus dans la nouvelle assemblée, 6 seront attribués en Alberta et 15 en Ontario (centre) dont la plupart dans la grande région de Toronto, quatrième agglomération en Amérique du Nord, où les conservateurs sont bien implantés.
Avec ses 121 députés sur les 338 sièges en jeu au Canada, l'Ontario va être arpenté par les candidats. C'est justement là que devait faire escale lundi la caravane électorale de Stephen Harper.