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Taghawt qui est connu pour sa légendaire culture arboricole dont l’amandier occupe la première place, n’est qu’un cas d’un grave malaise qui affecte l’amanderaie locale. Alors que l’ampleur de ce fléau est telle qu’il touche toute la province de Tiznit dans ses espaces plantés d’amandiers. C’est dire que la situation de la filière est au rouge. Les chiffres donnés par le Centre des travaux agricoles de Tafraout, dénotent parfaitement cet état de fait : les espaces plantés dans ce cercle sont passés de 5000 à 3600 ha (soit 600.000 pieds) sur l’ensemble des terres plantées d’amandiers. Ce qui a influé directement d’une manière néfaste sur le rendement qui est passé de 1kg à 0,2kg par arbre. La production annuelle a diminué pour atteindre la plus basse des cueillettes jamais réalisées dans les annales de l’arboriculture. Pourtant, Tafraout se targuait d’être le grand pourvoyeur du marché local qu’elle alimentait chaque semaine en centaines de tonnes de ce fruit. Plusieurs facteurs qui défavorisent le développement de l’amandier et limitent son extension, sont pointés du doigt. Tout d’abord, la sécheresse qui sévissait depuis plusieurs années dans la région et qui a eu raison de plusieurs hectares d’amandiers. En l’absence d’un comptage exhaustif officiel, à Tarswat, connu pour la culture des amandiers, les paysans dénombrent la mort de plusieurs milliers de l’espèce rien qu’en l’espace des cinq dernières années qui sont justement les plus sèches dans la région de Tafraout. A cela s’ajoute aussi les vents violents que connaît fréquemment la région et qui interrompent le processus biologique de la floraison et la pollinisation indispensable à la production.
L’autre cause reste aussi l’absence de traitement et de maintenance de rigueur de la part des paysans. En effet, selon un agriculteur, membre d’une coopérative agricole dans la région d’Aît Ouafka, les infections et autres vermines nocives se sont répandues parmi les plantations d’amandiers puisqu’aucun traitement précoce et préventif n’a été réalisé en son temps. Un fait que corrobore et explique le responsable en la matière au sein de la direction provinciale de l’Agriculture : « Les diagnostics que nous avons établis font état de la présence parmi les plantations d’amandiers locales de Monilioses qui s’attaquent aux branches et aux fleurs en précipitant leurs chute avant que le processus de la pollinisation ne s’opère. Il s’agit surtout de la Scolyte et autres acariens qui minent les troncs et avancent l’étiolement des feuilles des arbres». S’ajoute à la liste des nuisances, le fait que la plupart des plantations se trouvent dans des terrains bours abrupts difficiles d’accès et qui ne sont plus labourés. Ce qui ne facilite pas les opérations d’irrigation et de soins et la rétention des eaux pluviales dans les sillons aménagés lors du labour.
L’amanderaie souffre également de vieillissement et les nouvelles implantations se font de manière traditionnelle, ce qui ne permet pas la poussée propice des plantations et limite leurs rendements, outre que les semis souvent importés des régions étrangères, ne s’adaptent pas au climat et terres locales et la majorité périt.
L’autre problème: l’individualisation des exploitations des amandiers. Cela prive les paysans des avantages et autres accompagnements que leur offrirait le Centre des travaux agricole local s’ils étaient organisés en structures associatives. La plupart des habitants opérant dans l’arboriculture manquent de formation technique de plantation, de traitement et de cueillette des arbres fruitiers. Même au niveau de l’irrigation, ce sont des méthodes traditionnelles consommatrices d’eau qui sont encore utilisées, les agriculteurs n’étant pas sensibilisés ou aidés à l’installation des canalisations économisant l’eau, dites goutte-à-goutte. Ce qui les contraint à abandonner l’irrigation des plants d’amandiers en périodes de raretés pluviométriques.
Enfin, l’autre problème, et non des moindres, est lié à la surpopulation de la région par des sangliers qui s’attaquent aux fruits des amandiers dès leur bourgeonnement et privent ainsi les habitants de leur rendement. Un phénomène dissuasif à toute initiative d’implantation et d’entretien. Dont les habitants doutent de leur utilité face aux dévastations récurrentes occasionnées par ces bêtes voraces. Il n’en demeure pas moins qu’on ne peut pas nier que des initiatives visant de nouvelles implantations existent dans la région. Elles sont menées par des paysans et des associations de développement local. Plus de 26.400 et 11.100 pieds d’amandiers sont distribués par le CTA respectivement aux agriculteurs et à ces associations. Plus de 500 opérations de démonstration de plantation, de taille et d’arrachage des arbres morts, de fertilisation, de traitement phyto contre des maladies, de travaux de sol d’irrigation et de technique de récolte sont prodiguées par le Centre de Tafraout aux agriculteurs en l’espace de cinq ans. Sauf que le taux de réussite reste très faible et les quelques arbres qui sont parvenus à pousser et à fructifier se comptent sur les bouts des doigts.
Des efforts sont encore à faire, car ces opérations ne profitent pas à tout le monde. Malgré la volonté indéniable des fonctionnaires du Centre d’aller de l’avant, ceux-ci manquent cruellement de moyens techniques et matériels et de cadres nécessaires pour accomplir leur mission.