Mauvaise passe pour les opposants du régime algérien. Il y a juste quelques jours, des milliers d’Algériens affligés ont rendu un dernier adieu au journaliste Mohamed Tamalte, décédé suite à une grève de la faim pour protester contre son incarcération. Son seul délit : écrire un poème pour dénoncer une situation lamentable dont le régime malade est certainement responsable. Au lendemain de son enterrement, les plus grandes organisations internationales des droits de l’Homme se mobilisent pour sauver un autre détenu, l’activiste et membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, Hassan Bouras. L’homme n’est pas à sa première détention et avait même souffert le calvaire avec ses geôliers lors d’une autre affaire. C’est donc clair : il est ciblé par les services du régime.
En effet, de simples témoignages filmés par ce dernier ont été suffisants pour le condamner le 28 novembre dernier à une année de prison ferme. Les petites gens d’Alger accusaient ouvertement les autorités algériennes d’être constituées de réseaux de corruption, notamment dans les corps de la police et la justice.
Jeudi, la directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch est sortie de son silence pour dénoncer l’arrestation et appeler le régime de Bouteflika à le libérer immédiatement. On comprend mieux la situation lorsqu’on revient à la déclaration de Hassan Bouras dans laquelle il dit clairement : « J’ai été arrêté pour outrage et agression contre le président de la République et outrage à l’armée ».
Qu’est-ce qui permet ainsi au régime de se débarrasser aussi facilement de ses opposants et des défenseurs des droits humains ? Ce sont des lois pénales obsolètes, fondées notamment sur une discrimination de tempérament ! HRW en a saisi l’importance et appelé Al Mouradia directement à « remettre (Bouras) en liberté et abroger les lois pénales en vertu desquelles il a été condamné », ajoutant que les textes juridiques relatifs à la diffamation « en vigueur dans le pays sont contraires aux normes internationales relatives à la liberté d’expression … L’Algérie devrait les abroger de son code pénal ».
Amnesty International, pour sa part, estime que l’arrestation de Bouras est illégale et non conforme aux conventions internationales, dans la mesure où il s’agit d’un défenseur des droits connu et reconnu. « Hassan Bouras est actuellement incarcéré à la prison d’El Bayadh, où il souffrirait de rhumatismes qui se sont développés lors d’une période précédente de détention dans le cadre d’une autre affaire, il y a un an ».
Et AI de renchérir que Bouras a été déclaré coupable pour « Interview vidéo d’habitants qui affirment que de hauts responsables de l’appareil judiciaire et sécuritaire de la ville ont reçu des pots-de-vin et incarcéré des innocents pour des accusations montées de toutes pièces ». Ce n’était que le prétexte apportant la soi-disant « preuve » pour le mettre « hors d’état de nuire » !
Le pire est qu’une fois en prison, les autorités algériennes, par le biais de leurs sbires de l’administration pénitentiaire, excellent dans toutes les formes de vengeance contre des activistes tels Tamalte et Bouras… Le spectre de Tamalte plane toujours sur Al Mouradia. Parviendra-t-on à sauver l’activiste Hassan Bouras ?