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La maison d'édition Einaudi, qui fait partie de l'empire Mondadori de Berlusconi, édite les versions italiennes des ouvrages de Saramago depuis près de 20 ans. Mais avec El Cuaderno (Le Cahier), un recueil de chroniques initialement publiées sur le blog de l'écrivain, elle décide de rompre ce pacte fidèle. Selon elle, le texte comporte des propos qui lui vaudraient aussitôt condamnation devant un tribunal. Et de quel propos s'agit-il ? « Au pays de la mafia et de Camorra, quelle importance que le premier ministre se révèle être un délinquant ? » a notamment écrit Saramago. Et comment se fait-il qu'un tel homme n'ait pas encore suscité un mouvement de révolte des Italiens ? a-t-il également demandé au cours d'une interview parue dans El Pais. Après le refus d'Einaudi, l'écrivain portugais a déclaré se « sentir soulagé de ne plus contribuer à l'enrichissement de Berlusconi ». Installé en Espagne en 1991, après avoir été confronté à la censure portugaise, José Saramago, qui s'en prend également dans El Cuaderno à d'autres entités - George Bush, Tony Blair, Le Pape, Israël, Wall Street - n'a eu aucun mal à trouver un autre éditeur italien. L'ouvrage est déjà disponible en portugais et en espagnol.
Écrivain portugais, une des personnalités majeures de la littérature portugaise de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. Prix Nobel de littérature en 1998, ses œuvres d’une grande originalité et parfois provocantes, n’ont pas toutes été bien accueillies au Portugal. José Saramago vit aujourd’hui en exil dans l’archipel espagnol des Canaries. Très engagé à gauche, ses prises de positions font de lui une conscience morale parfois contredite, mais entendue dans le monde entier.
Repères
José de Souza Saramago est né en 1922 dans une famille pauvre du Ribatejo, à Azinhaga. À l’âge de deux ans, il est venu vivre à Lisbonne où son père était policier. L’écrivain évoque souvent ses grands parents ouvriers agricoles et son arrière grand-père d’origine berbère. « Mes grands-parents s'appelaient Jerónimo Melrinho et Josefa Caixinha. Ils étaient analphabètes l'un et l'autre. L'hiver, quand le froid de la nuit était si intense que l'eau gelait dans les jarres, ils allaient chercher les cochonnets les plus faibles et les mettaient dans leur lit. Sous les couvertures grossières, la chaleur des humains protégeait les animaux du gel et les enlevait à une mort assurée. Ils étaient de bonnes personnes mais leur action, en cette occasion, n'était pas dictée par la compassion : sans sentimentalisme ni rhétorique, ils agissaient pour maintenir leur gagne-pain avec le comportement naturel de celui qui, pour survivre, n'a pas appris à penser plus loin que l'indispensable. Souvent j'ai aidé mon grand-père dans son travail de berger, je creusais la terre de la ferme, je sciais le bois pour la cheminée, j'ai fait tourner tant de fois la roue qui amenait l'eau du puits communautaire. Eau que bien des fois j'ai transportée sur les épaules en cachette des hommes qui gardaient les surfaces cultivées. Avec ma grand-mère, au crépuscule, je me souviens d'être allé glaner la paille qui servait ensuite de litière au troupeau. » (extrait du discours de José Saramago devant l'Académie royale de Suède à l'occasion de son Prix Nobel, 7 décembre 1998 – traduit par Gérard Nosjean).