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Boukmakh avait, en effet, largement et efficacement contribué à la marocanisation de l’enseignement au Maroc de l’après-Indépendance, notamment à travers la publication d’une série de manuels scolaires ayant profité à plusieurs générations. Sa collection « Iqraa »(Lis), où le plaisir d’apprendre était indissociable du plaisir ludique, se composait de cinq manuels, pour cinq ans d’apprentissage au bout desquels l’élève décrochait la fameuse «Chahada» (Certificat d’études primaires).
Qui donc, des générations du Maroc indépendant, n’a pas appris par cœur certains textes phares de ces manuels mémorables ou du moins retenu certains de leurs titres inoubliables car originaux, singuliers et évocateurs ? Dans son dernier livre, Sahraoui Faquihi partage avec ceux qui étaient les élèves de Boukmakh, qui sont à présent des millions de Marocains, femmes et hommes, et qui se souviennent avec nostalgie de leurs années d’études primaires, l’expérience exaltante de cette figure emblématique de la pensée, de la culture et de la créativité marocaine. Il fait également revivre, aux plus jeunes, une des étapes les plus importantes de l’histoire éducative du Maroc, et à travers elle, l’Histoire du Royaume de l’après- Indépendance.
«Ahmed Boukmakh est le premier pédagogue qui a pensé à écrire des manuels scolaires dédiés aux petits Marocains», explique Sahrouai Faquihi. «Malgré cela, il n’a jamais eu le mérite qui lui revenait ; il n’a jamais été reconnu ni invité à la télévision ou dans les médias. Aucune ruelle ne porte son nom, juste une école qui se trouve à Taza. Ce qui est très malheureux. J’ai donc écrit ce livre sur lui parce qu’il est mon premier instituteur et mon père spirituel », ajoute-t-il.
Concernant la manière de réunir les informations sur Ahmed Boukmakh, l’auteur précise que cela n’a pas été facile d’autant plus qu’il existe très peu de documents sur l’homme. «J’ai dû recourir aux rares membres de sa famille qui ont accepté de m’aider. Je me suis également approché de l’un de ses anciens élèves qui m’a fourni toutes les informations dont j’avais besoin. Malheureusement, ce dernier est décédé avant que je termine mon travail », souligne-t-il.
«Je suis étonné que personne n’ait eu l’idée d’élaborer quelque chose sur cette personnalité. Mis à part une émission diffusée sur 2M, il n’y a rien sur lui», s’exclame l’auteur du livre. Et d’ajouter : « D’autant plus que presque toutes les générations qui sont venues après l’Indépendance sont issues de l’école de ce pédagogue. C’est-à-dire, qu’ils ont tous appris l’arabe à travers ses manuels scolaires».
Selon Sahrouai Faquihi, Ahmed Boukmakh fut poète, metteur en scène, homme de théâtre et auteur de pièces de théâtre qu’il mettait en scène et représentait avec ses élèves.
«Il fut également le premier à s’intéresser véritablement à la traduction: certains de ses textes sont même traduits de l’anglais et de l’espagnol. Et il a d’ailleurs, lui-même, reconnu que ce sont des textes traduits qui ont eu beaucoup plus de succès que dans les pays où ils ont été écrits», précise-t-il. «Il a été, à mon avis, précurseur dans le domaine de la pédagogie et la traduction. Et tellement en avance sur son époque qu’on ne trouvait pas de femmes voilées dans ses manuels. Il tenait vraiment à l’émancipation de la femme», conclu l’auteur de «Qom lilmoâalim Ahmed Boukmakh» (Incline-toi devant le maître Ahmed Boukmakh).