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"J'ai souvent perdu d'un boyau par le passé. J'ai été chanceux", a déclaré Sagan, bruyamment salué par une colonie de supporters slovaques après sa 7e victoire d'étape dans le Tour.
Pour avoir lancé son vélo sur la ligne dans un geste de vrai sprinteur, le Slovaque a précédé in extremis Alexander Kristoff, qui croyait bien avoir gagné.
Mais le Norvégien a dû se contenter de la deuxième place, la 34e de sa carrière (pour 66 victoires). Dans ce Tour, les sprints sont la chasse gardée de deux coureurs, Sagan et Mark Cavendish, qui ont confisqué sept étapes. Seul l'Allemand Marcel Kittel a aussi pris sa part du gâteau, une seule fois.
L'analyse du champion du monde s'est limitée à quelques banalités. Sur le moment opportun pour lancer son vélo sur la ligne, contrairement à Kristoff ("je pense qu'il a commis une petite erreur"), sur son équipe mise à contribution pendant l'étape et qu'il a remerciée, sur son patron, le fantasque Oleg Tinkov, qui a annoncé son désengagement en fin d'année.
Ces trois victoires d'étape (Cherbourg, Montpellier, Berne), ajoutées au maillot vert qu'il ramènera selon toute vraisemblance à Paris, pourraient-elles faire changer d'avis le milliardaire russe? "Personne n'est dans la tête d'Oleg Tinkov", a souri Sagan, rapporte l’AFP.
A rebours de son image décalée de "rock star" dans un milieu facilement traditionaliste, c'est sur le vélo que le Slovaque est "phénoménal", selon l'expression de Chris Froome, porteur du maillot jaune. Phénoménal d'adresse et surtout de force, ce qui l'a autorisé dans ce Tour à toutes les audaces, à en défier la logique.
"Il est capable de tout faire. Je m'attendais à ce qu'il attaque sans attendre le sprint", a relevé Froome à propos du final de Berne, avec l'ascension d'une côte (600 m à 6,5 %) avant la flamme rouge du dernier kilomètre.
Mais, dans cette montée, le champion du monde a suivi le Français Warren Barguil, qui travaillait pour l'Allemand John Degenkolb. Avant de se débrouiller tout seul, comme à son habitude, dans le sprint et signer sa 84e victoire.
Le "Sagan show", conclu en sa faveur à trois reprises, met le Slovaque en pleine lumière. Il a égalé son meilleur score dans le Tour qui remontait à sa première participation en 2012.
"C'est le destin", a estimé le champion du monde, dont le fatalisme donne parfois dans la sagesse. "Il y a des années avec, des années sans. C'est le sport. Il faut être content d'en profiter".
Paradoxalement, les deux "héros" de cette étape de transition, à la veille de la seconde journée de repos, ont terminé aux deux dernières places du jour. L'Allemand Tony Martin et le Français Julian Alaphilippe, qui portent les mêmes couleurs d'équipe (Etixx), ont mené une longue échappée de plus de 170 kilomètres. Bien que voué à un probable échec, le coup de force s'est prolongé jusqu'à l'approche des 20 derniers kilomètres. Le duo a compté jusqu'à près de 6 minutes d'avance, grâce aux efforts de Tony Martin transformé en locomotive.
Dans le sprint, Fabian Cancellara a obtenu un accessit (6e), quasiment à domicile puisqu'il habite à 4 kilomètres de l'avenue menant au stade de Suisse, site de l'arrivée. "Il m'a manqué un peu de force sur la fin", a reconnu "Spartacus", qui dispute son dernier Tour.
Froome, pour sa part, a passé une journée tranquille, sans se laisser surprendre dans le final. Il ne reste plus que cinq journées de course au vainqueur sortant, grand favori pour une troisième victoire à Paris.