-
Sa Majesté le Roi félicite le Serviteur des deux Lieux Saints de l'Islam à l'occasion du 10ème anniversaire de l'allégeance
-
Variabilité et changement climatique en Afrique: Impacts, adaptation et résilience
-
Entre la FNS et le gouvernement, le courant a trop de mal à passer
-
SM le Roi félicite M. Mark Rutte suite à sa nomination au poste de Secrétaire général de l’OTAN
-
Le rapport de Guterres met à mal les séparatistes et leurs commanditaires
Cet événement revêt une grande portée symbolique pour le peuple nigérian frère qui célèbre chaque année, de manière solennelle, le retour à l’ordre constitutionnel et la fin de la dictature militaire.
Cet hommage rendu à la démocratie par le Nigeria est significatif à bien des égards. Il s’agit du premier rassemblement démographique et de la deuxième puissance économique d’Afrique.
Leader à l’échelon de la CEDEAO, c’est aussi une puissance politique où le fédéralisme constitue le fondement de l’unité nationale.
Décidée sous l’ancien président Olusegun Obasanjo et fêtée jusqu’en 2017 le 29 mai, date de son investiture, le président Muhamadu Buhari a décidé, en 2018, par décret, d’en fixer la date au 12 juin, correspondant à l’élection du président Moshood Abiola qui a été empêché de gouverner par la junte militaire du général Babanguida, après avoir remporté démocratiquement le scrutin présidentiel organisé en 1994.
Mort en prison en 1998, Abiola est devenu, depuis lors, une icône de l’histoire politique du Nigeria qui a décidé de se souvenir, le 12 juin de chaque année, de cet homme qui a été élu mais qui n’a jamais gouverné.
Sa figure est peu connue hors du pays, mais pour beaucoup de Nigérians, Abiola est un héros. Il fut aussi l'un des personnages les plus flamboyants de l'histoire nigériane. Milliardaire, il était à la tête de l'un des groupes médiatiques les plus puissants du Nigeria. Le quotidien The Concord était son porte-étendard. Il possédait également une compagnie aérienne et des intérêts dans presque tous les secteurs d'activités du pays.
Lorsqu’Ibrahim Babangida avait organisé au début de la décennie 1990 une transition démocratique, Moshood Abiola s'était présenté à l'élection présidentielle du 12 juin 1993. Il l'avait emportée selon toute évidence. Les observateurs internationaux mobilisés pour l'occasion avaient jugé qu'il s'agissait du scrutin le plus libre et transparent de l'histoire du pays.
Mais les militaires ont refusé de quitter le pouvoir et n'ont pas accepté de publier les résultats du scrutin. Ils ont d'abord institué un régime de transition. Puis le général Sani Abacha s'est proclamé chef de l'Etat en novembre 1993.
Tout le monde s'attendait à ce que Moshood Abiola renonce à sa victoire et qu'il trouve un terrain d'entente avec la junte en échange d'un gros chèque. Mais il a continué à réclamer son dû et la société civile s'est mobilisée en sa faveur.
Des manifestations et des grèves ont ensuite été organisées dans tout le Nigeria. Il s'est autoproclamé président à Lagos, la capitale économique, en 1994. Le régime de Sani Abacha l'a alors arrêté.
Les grèves, notamment dans le secteur pétrolier, ont paralysé le pays. Sani Abacha a décidé de répondre à la colère populaire par une répression féroce. Des manifestants ont été tués par centaines. Des opposants au régime et des journalistes ont été assassinés. Ainsi le célèbre écrivain et militant des droits de l'Homme, Ken Saro Wiwa a-t-il été pendu le 10 novembre 1995.
Même Wolé Soyinka, le premier prix Nobel africain, a été condamné à mort en 1994 et n'a dû son salut qu'à l'exil. Pendant son séjour forcé à l'étranger, le régime d'Abacha a envoyé des tueurs pour l'éliminer. Kudirat Abiola, l'épouse de Moshood Abiola, a elle été assassinée en 1996 après qu'elle a proclamé son soutien à son mari.
Le règne de la terreur a duré jusqu'au 8 juin 1998, date à laquelle Sani Abacha est mort. Peu de temps après, Moshood Abiola décédait en prison dans des circonstances non élucidées le 7 juillet 1998, le jour où il devait être libéré. Aucun résultat d'autopsie n'a été rendu public.
Depuis lors, Moshood Abiola est devenu un héros et le symbole de la lutte acharnée pour la démocratie.