"Nous travaillons pour élargir la base du soutien politique au gouvernement d'union nationale" et l'Italie "appuie la détermination" de ce gouvernement "guidé par al-Sarraj à s'installer à Tripoli", affirme le ministre italien dans une interview au quotidien Corriere della Sera.
Ce processus visant à agrandir le soutien dont disposera ce gouvernement "doit advenir dans des délais raisonnables. Sinon on risque de faire prévaloir la position de ceux qui estiment que stabiliser la Libye est une chimère et qu'il faut lancer une campagne aérienne massive contre les positions jihadistes".
"La situation actuelle revêt de nombreuses fragilités" et un pays en proie au chaos "à 400 km de nos côtes risque de devenir un territoire totalement libre pour les trafiquants d'êtres humains ou devenir la proie de Daech (groupe Etat islamique) et base du terrorisme", a-t-il encore prévenu.
M. Gentiloni met toutefois en garde contre les risques d'une intervention exclusivement militaire: "Je rappelle qu'il y a 5.000 combattants de Daech, mais 200.000 membres de milices locales et islamiques, une grande partie desquels pourraient rejoindre les rangs jihadistes. Aujourd'hui, Daech est surtout perçue comme une présence étrangère, combattue par les forces libyennes. Le danger est d'alimenter l'eau dans laquelle ils nagent par une action exclusivement militaire".
Ce gouvernement d'union est censé mettre fin au conflit qui oppose les autorités de Tripoli -soutenues par Fajr Libya, une coalition de milices dont certaines islamistes- et celles installées dans l'est, soutenues par le Parlement élu siégeant à Tobrouk.
Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a plaidé mardi pour l'installation du gouvernement libyen d'union nationale à Tripoli, appelant le Parlement reconnu par la communauté internationale "à assumer ses responsabilités" en ce sens.
"Je me joins aux appels en Libye et dans la région pour que le conseil présidentiel s'installe à Tripoli, si la sécurité le permet, et prenne toutes les mesures indispensables à un transfert du pouvoir pacifié et ordonné au gouvernement d'union", a déclaré M. Ban au terme d'une visite à Tunis.
"J'appelle la Chambre des représentants (le Parlement reconnu internationalement, ndlr) à assumer ses responsabilités en mettant en oeuvre toutes les dispositions de l'accord politique" conclu en décembre au Maroc sous le parrainage de l'ONU, a-t-il ajouté.
Les quelque 200 membres de ce Parlement ont jusque-là échoué à procéder au vote d'investiture du gouvernement d'union issu du processus onusien, faute de quorum.
En février, une centaine d'entre eux avaient toutefois proclamé dans un communiqué leur soutien au gouvernement d'union.
A défaut de vote du Parlement, c'est en se basant sur ce communiqué de soutien que le conseil présidentiel avait proclamé le 12 mars l'entrée en fonction de ce gouvernement d'union.
Depuis il a été rejeté par les deux gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir, l'un basé à Tripoli et l'autre dans l'est du pays. Et le gouvernement dit de Tripoli, soutenu par une coalition de milices notamment islamistes, s'oppose fermement à son installation dans la capitale.
"Le peuple libyen mérite la paix, la sécurité et la prospérité sous un gouvernement fort et unifié", a encore fait valoir Ban Ki-moon à Tunis, assurant qu'il allait "parler avec les principaux responsables de la région, à tous ceux qui ont une influence, pour qu'ils l'exercent".