“Rihla à Lisbonne’’


Par Mounir Zouiten
Jeudi 14 Novembre 2013

“Rihla à Lisbonne’’
Après le voyage effectué au cours de la première semaine du mois de mai 2013 à Séville et à Cordoue en Espagne, ‘’l’Association des Ami(e)s de la musique Al Ala Rabat-Salé’’ (AAMAA) a, cette fois-ci, organisé ‘’la Première rencontre maroco-portugaise de la musique andalouse’’ à Lisbonne du 2 au 6 novembre. Le voyage et le séjour se sont très bien déroulés grâce aux efforts, sans relâche, des membres du bureau de l’Association.  
Comme pour Séville, plus de 150 adhérents ont participé à ce voyage collectif. Nous étions,  accompagnés de l’orchestre ‘’Rawâfid de Tanger’’ dirigé par Maître Omar Metioui qui a assuré, avec ses musiciens, deux belles soirées musicales à Lisbonne.
Les cinq journées passées dans cette charmante ville furent pleines de bonnes surprises. Nous étions enchantés par la beauté de la vieille capitale aux charmes atlantiques. Bon nombre de Lisboètes parlent français, héritage de ce qui fut autrefois une première langue obligatoire. Mais les jeunes, eux, sont plus à l’aise avec l’anglais.
A Lisbonne, on sent vite qu’il fait bon vivre. On est frappé, dans cette cité, par l’étendue de la verdure. Il y a partout des arbres et des espaces verts. La discipline est étonnante. La propreté des rues, des  trottoirs en noir et blanc et du métro l’atteste. L’ordonnancement des places est splendide, comme c’est le cas de la place du commerce, sorte de grand hall magnifique et populaire dont la belle géométrie s’ouvre sur le fleuve. C’est là que bat véritablement le cœur de la capitale. En se baladant dans le centre-ville, on se laisse attirer par la clarté de la mer qui irradie l’arc de triomphe tout au bout de la rue Augusta. Le panorama de l’immense place sur laquelle on débouche offre une beauté singulière : ce n’est plus tout à fait un fleuve et ce n’est pas encore un océan. Le Tage est au cœur de la vie lisboète. Il est sensuel. On y sent une  douceur, sur chant des mouettes, qui nous laisse flâner le long du rivage.  
Au fond du Tage, apparaît le Pont aérien du 25 avril, ouvrage qui ressemble au ‘’Golden Gate’’ de San Francisco. Il dessine une porte vers l’Atlantique. Tout au long du port et de ses rives, on trouve des promenades. De l’autre côté du Tage, on a aussi un téléphérique qui assure le parcours de plus d’un kilomètre au-dessus de la rive et qui amène au pied de la Tour et près du Pont ‘’Vasco da Gama’’.
Le centre-ville garde jalousement un curieux mode de transport, celui du vieux tramway, pittoresque et écologique. La carlingue en bois coloré et vernis vibre, escalade les collines, plonge dans des descentes vertigineuses, se faufile habilement dans les rues étroites et encombrées et sillonne à petite vitesse les fiefs commerçants de la cité.
Pour la commodité de la circulation des piétons, la ville a installé des ascenseurs publics facilitant la visite des lieux situés en hauteur des collines.
La ville possède les plus grands centres commerciaux d’Europe, comme celui de ‘’Colombo’’ et  de ‘’Vasco da Gama‘’. Sur les grandes avenues, on y trouve tous les grands noms de la mode contemporaine. La cité se distingue aussi par l’existence de l’’’Océanarium’’, l’un des plus grands aquariums publics d’Europe.
Par ailleurs, les traditions et l’esprit de fête à Lisbonne ont encore leur place. Les Lisboètes sont aimables, décontractés, ouverts, hospitaliers et volontiers bon enfant. Ils sont amoureux du ‘’Fado’’. C’est une magnifique musique qui désigne le destin. C’est le rituel du châle noir. Le chant est soutenu avec des traits tendus et les yeux fermés. Les musiciens utilisent la ‘’Guitarra portuguesa’’ en forme de luth, la guitare à douze cordes, accompagnée par la ‘’viola’’, une guitare andalouse. Beaucoup de spectacles sont organisés pour les touristes. Les amateurs et amoureux portugais y participent avec amour, douleur et nostalgie. Ils viennent chercher dans les ‘’Casas du fado’’ le rappel des chagrins disparus, le souvenir des larmes et de la tristesse… Parfois le répertoire se fait plus léger, plus drôle, marqué d’une vitalité ironique et spirituelle. On a eu droit aussi à des veillées musicales modernes dans des lieux charmants du centre-ville.  
Tout au long de la mer, la visite est très agréable du côté de ‘’Cascais’’ où il y a de petites stations balnéaires aménagées pour les touristes des saisons estivales. Les vues sont prenantes sur la mer. L’Atlantique est tumultueux et la côte sauvage, tailladée de rochers et de falaises.
La visite se poursuit sur les hauteurs boisées de ‘’Sintra’’. On parvient à la ‘’Serra de Sintra’’ par une route étroite, où s’engouffrent des grandes propriétés, autrefois apanage des nobles, aujourd’hui résidences de la jet-set. C’est un massif granitique d’une quinzaine de kilomètres qui émerge abruptement de la plaine. C’est un lieu de fraîcheur avec des forêts épaisses qui a attiré des rois, des poètes et des grands romantiques notamment anglais. Il est classé par l’Unesco patrimoine de l’humanité. Tout en haut se trouve le ‘’Palacio da Pena’’, perché à 500 mètres au-dessus de la ville. C’est un pur fantasme bavarois, un musée du romantisme. Il fut érigé au XIX siècle par Ferdinand II, époux de Dona Maria II. Son intérieur est ‘’mauresco-gothique-renaissance’’, encombré d’ottomanes et de lourds mobiliers de palissandre et d’ébène. Tout n’y est qu’allégories mystérieuses qui en disent long sur l’influence arabe à la cour portugaise et l’étroite symbiose entre les deux cultures.
A une vingtaine de kilomètre de ‘’Sintra’’, on arrive au promontoire de ‘’Cabo da Roca’’ qui surplombe l’Atlantique. On dit que c’est la pointe la plus occidentale de l’Europe continentale. Pour nous convaincre, on nous a proposé de nous acquérir, au petit bureau de tourisme situé sous le phare, moyennant onze euros, un certificat attestant notre passage en ces lieux élevés où finit la terre et commence la mer !
Notre séjour s’est achevé par l’agréable soirée musicale, organisée par Mme l’ambassadeur du Maroc, Karima Bniaïch, dans l’enceinte de l’Hôtel ‘’Pestanna Palace’’ en l’honneur des ‘’ami(e)s d’Al Ala’’ et de ses invités du cercle diplomatique à Lisbonne. Certaines personnalités, dont notamment des parlementaires et leaders de la société civile marocains, qui étaient venus participer à une réunion du Conseil européen, étaient également parmi nous. L’orchestre ‘’d’Al Ala’’ a assuré une très belle prestation musicale. Les invités, en fin de soirée, étaient conviés à prendre part au dîner offert par l’ambassade du Maroc.


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