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Si des citoyens, plutôt nombreux, ont entendu l’appel de cette jeunesse du virtuel, des partis politiques ont préféré, eux, se démarquer de ce mouvement dit du 20 février. Des communiqués ont ainsi été publiés dès les 17 et 18 février par le PPS de Nabil Benabdallah, le Rassemblement national des indépendants de Salaheddine Mezouar, le PAM de Mohamed Cheikh Biadillah et le PJD d’Abdelilah Benkirane pour signifier clairement la prise de distance de ces formations politiques avec les marcheurs du dimanche 20 février. Des marches pourtant pacifiques, un signe distinctif relevé par tous les médias nationaux et internationaux qui ont couvert l’événement et des revendications légitimes reprises dès dimanche soir par les JT des télévisions publiques du pays. En se désolidarisant avec le mouvement d’une jeunesse marocaine en quête de dignité et de démocratie, ces partis ont-ils fait preuve de myopie politique ? «Pour moi, ces partis qui étaient coincés entre le marteau et l’enclume ont pris la moins mauvaise des décisions et opté pour ce qui était le moins dommageable pour le pays.
En n’adhérant pas à la marche du 20 février, ils ont choisi de ne pas amplifier le mouvement. Et c’est à mon sens une bonne décision. Ce qui ne touche en rien la justesse de la revendication de réformes politiques et constitutionnelles», soutient Abdelmalek Kettani, le président d’Alternative.
Fracture entre les partis
et les jeunes
Si des partis ont préféré garder le silence, laissant toute latitude à leurs militants de rejoindre les manifestations, d’autres forces de la gauche radicale ainsi que des centrales syndicales ont presque fait de l’entrisme. Le Parti socialiste unifié, le Parti socialiste, le Congrès national ittihadi, le PADS mais aussi la CDT et l’UMT ont clairement appelé leurs troupes à rejoindre le mouvement des jeunes facebookers.
Observateur averti de la vie politique, Ali Sedjari est formel : les politiques qui ont marqué leur non adhésion à cette initiative citoyenne ont eu tout faux. « Toutes ces revendications qui ont été portées par cette jeunesse sont martelées depuis de nombreuses années par de nombreux partis. C’est là tout le paradoxe de la prise de position de certaines formations politiques qui ont préféré se désolidariser avec le mouvement du 20 février. C’est d’ailleurs un paradoxe inquiétant. Soit ces partis sont politiquement myopes, soit ils sont confortablement assis sur leurs rentes virtuelles. Cette distanciation va rendre encore plus profonde la fracture entre les partis et les jeunes de ce pays », explique-t-il.
La jeunesse marocaine –notamment celle des réseaux sociaux à l’origine du mouvement du 20 février- a montré sa capacité à s’organiser, mobiliser et surtout construire un discours politique. C’est ce que retient d’abord et avant tout l’acteur associatif Kamal Lahbib, président du Forum social marocain. « En organisant le 20 février, ces jeunes marocains ont montré leur capacité à la clairvoyance politique et ce en revendiquant la réforme constitutionnelle, l’égalité entre les hommes et les femmes, la lutte contre la corruption et l’affairisme. Face à une telle organisation, certains partis politiques ne peuvent se sentir que perdus. Quant à la gauche, il est aujourd’hui urgent qu’elle sorte de son isolement et qu’elle se débarrasse de sa langue de bois pour intégrer le discours de cette jeunesse, un discours qui appelle au changement sans heurt ni confrontation».
Une jeunesse politisée,
à sa manière
«Le temps est venu pour les partis de faire leur autocritique. Ils doivent réapprendre à écouter les jeunes. Ils sont aujourd’hui fermement invités à prendre acte de ce qui s’est passé pour parler à la société, aux jeunes, sachant que ce qui s’est passé le 20 février est salvateur », renchérit Ali Sedjari.
A l’évidence, les manifestations du 20 février sont une leçon pour les partis. L’appel à la réforme a investi la rue, loin de tout encadrement politique. Les jeunes, ceux-là même qui ont réussi à théoriser en mots simples leur soif d’un Maroc digne et meilleur, d’une Constitution démocratique et d’une justice juste, avaient leur propre service d’ordre. « La mise à niveau du personnel politique est essentielle. Les partis doivent pouvoir encadrer les jeunes, les citoyens, la société. Il faut impérativement de revoir le mode de financement des formations politiques qui doivent avoir les moyens pour un encadrement efficient. Il est important aujourd’hui de donner des signes d’ouverture. Il y a un consensus fort autour de l’institution monarchique, les partis doivent désormais servir de relais démocratiques. Ils doivent sortir de leur torpeur. C’est en ne jouant pas leur rôle qu’ils trahissent la monarchie», affirme le président de l’Association Alternative, Abdelamalek Kettani.
Tous les politologues spécialistes de la désaffection politique des jeunes sont invités à revoir leur copie. La jeunesse politique est politisée. A sa manière. Et elle l’a fait savoir le 20 février 2011. Reste la grande inconnue sous forme de question : les partis politiques de la place pourront-ils intégrer cet élan de ces jeunes de la génération facebook ? Kamal Lahbib est pour le moment circonspect. « Les partis classiques sont en phase de dépassement et le mouvement de l’extrême gauche est trop ancré dans la nostalgie des années 70. Cette jeunesse a bien montré qu’elle n’était pas prête à intégrer n’importe quoi, n’importe comment ».
A un peu plus de 12 mois des élections, les politiques ont bien des raisons de s’inquiéter…