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Baptisée "Go Back Where You Came From" (Retourne d'où tu viens) et diffusée depuis lundi sur la chaîne publique Channel 4, elle s'est déjà attiré de nombreuses critiques, l'ONG Amnesty International UK qualifiant de "profondément décevant" un tel programme "sensationnaliste" sur un sujet aussi sensible politiquement.
Durant les quatre épisodes du programme, diffusés au rythme d'un par semaine, les six candidats, dont quatre sont fermement opposés à l'immigration et deux plutôt favorables, vont "expérimenter certains des plus importants dangers que rencontrent des réfugiés dans leur voyage" vers l'Europe, selon le résumé de Channel 4.
Au début de leur périple, les uns à Raqqa en Syrie, les autres à Mogadiscio en Somalie : visite de marchés locaux, football avec des enfants qui vont ensuite fouiller les décharges pour tenter d'y trouver de quoi survivre.
Dans le premier épisode, le candidat Dave Marshall, 35 ans, filmé avant son départ au pied des falaises de Douvres, appelle la Navy britannique à bombarder les migrants dans la Manche. Une autre, Chloe Dobbs, chroniqueuse politique de 24 ans, affirme que sans contrôle de l'immigration, "le Royaume-Uni va devenir un enfer rempli de gens en burqa".
Ces dernières années, les gouvernements britanniques successifs ont tenté d'endiguer l'arrivée clandestine de migrants par la Manche. Près de 37.000 personnes sont parvenues à entrer ainsi au Royaume-Uni en 2024, 25% de plus qu'en 2023. Au moins 78 personnes sont mortes dans ces traversées, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
"L'émission explore les diverses opinions, parfois polarisées dans notre société, sous un angle nouveau", a défendu un porte-parole du programme.
Mais pour Myria Georgiou, professeure de communication à la London School of Economics, le "succès" des émissions de téléréalité "dépend totalement de leur capacité à diffuser des opinions choquantes".
"Je suis certaine que les candidats participent pour ce côté choquant, (pour voir) lequel aura les opinions les plus extrêmes", dit-elle à l'AFP.
Certains spectateurs et des associations ont toutefois salué le choix de Channel 4 de diffuser ce programme en première partie de soirée. Comme Refugee Council, ONG de soutien aux réfugiés, qui juge l'initiative "bienvenue".
"Certains des propos et opinions exprimés dans le premier épisode ont mis beaucoup de gens mal à l'aise. Mais au moins un candidat affirme maintenant que son expérience l'a rendu plus sensible aux réfugiés", a-t-elle réagi sur X.
Pour Chloe Dobbs, c'est "un show très amusant que beaucoup de gens voudront regarder". Probablement "beaucoup plus qu'un documentaire traditionnel et ennuyeux".
Dans un bâtiment endommagé de Raqqa, ancienne "capitale" du groupe jihadiste Etat islamique (EI), une famille propose à Dave et deux autres candidats de les loger pour la nuit. "C'est très aimable à vous de nous accueillir dans votre maison", répond Dave sans aucune ironie.
Dans un des "défis" qu'ils doivent relever, les candidats s'embarquent dans la simulation d'une traversée maritime sur une petite embarcation.
L'épreuve a été un moment de bascule pour Chloe, qui avait auparavant estimé que certains migrants y voient une expérience "amusante".
"C'est à ce moment-là que ça m'a vraiment frappé. Mon Dieu, les gens doivent vraiment être désespérés pour monter à bord de ces bateaux", explique-t-elle.
Mais cette simulation a choqué, jusqu'en France où le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand l'a jugée "nauséabonde".
"Des centaines de personnes sont mortes dans la Manche ces dernières années. Cette situation est un drame humanitaire, pas l'objet d'un jeu", a-t-il dénoncé sur X, en appelant Channel 4 à déprogrammer l'émission.
Elle est inspirée d'un programme australien diffusé au début des années 2010, au moment où la classe politique s'y divisait sur la manière de lutter contre les arrivées illégales de migrants par bateau.
Pour Myria Georgiou, son retour dix ans plus tard au Royaume-Uni n'est pas anodin, car "des dirigeants politiques, au niveau national comme mondial, ont banalisé les opinions les plus outrancières".
Et "la politique étant devenue un divertissement, ce n'est pas surprenant que le divertissement devienne politique".