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La première exposition de la galerie Rê remonte à deux ans et demi. C'était exactement en novembre 2006. « Nous avons reçu à peu près 500 personnes alors que la galerie n'était même pas terminée. Il y'avait encore du sable et du ciment sur le sol. On avait mis les sculptures de l'artiste peintre et sculpteur Abdelkarim Ouazzani sur les marches d'escaliers qui n'étaient pas finies. Et nous avions improvisé de mettre certaines sculptures à lui sur des briques et de les présenter. C'était comme une installation. Et Abdelkarim Ouazzani était tout à fait d'accord de créer cette exposition en même pas une demie journée. Nous avions réussi à placer ses tableaux et ses sculptures d'une façon très contemporaine », se souvient Lucien Viola. Cela fait une quinzaine d'années que ce dernier est installé au Maroc. Il est à la fois historien de l'Art, diplômé du prestigieux Institute of Fine Arts, N. Y. U. à New York, élève de Bill Rubin, conservateur en chef du MOM et antiquaire international d'art ancien et en particulier pharaonique.
Au départ, une idée : créer un espace d'art contemporain dédié à cette mouvance. A l'arrivée : un coût exorbitant, une galerie multifonctionnelle où se rencontrent les grands artistes et où s'épanouissent les jeunes. Résultat : une parfaite harmonie entre la jeune peinture marocaine et le mouvement de l'art contemporain international. C'est dans cet esprit que Viola a édifié sa galerie. Et c'est une première au Maroc. «Habituellement toutes les galeries que je connais que ce soit ici ou ailleurs sont des espaces qui ressemblent à des magasins de chaussures ou une boutique de prêt-à-porter. Tout cela est très joli. Mais ceci est une chose et créer un espace d'art contemporain en est une autre», avance notre galeriste. C'est évident ! Créer une galerie pareille n'est pas donné à tout le monde. Lui, il ne prend plus de risque. Il a travaillé dur comme fer pour faire aboutir son projet. «Pour avoir une galerie dans cet esprit, il m'a fallu d'abord avoir un espace vide, explique-t-il. Ensuite, pour l'aménager, il a fallu que je travaille cet espace du point de vue lumière, sol et accrochage et en plus l'aspect vidéo acoustique c'est-à-dire le son et la vidéo. C'est très important aujourd'hui parce qu'on a des installations par exemple qui ont besoin de lumière d'autres qui ont besoin de projection, d'accrochage, entre autres. Il faut qu'il y ait une clarté, une luminosité non seulement naturelle mais aussi des lumières muséales».
Au niveau du son, toutes les conditions optimales à l'écoute sont là. Les murs de la galerie sont crêpés pour que le son soit réparti dans ses différents espaces. Et il y a aussi des écrans pour pouvoir présenter les œuvres des artistes.
Dans la même optique, la démarche de la galerie demeure tout aussi passionnante. Une démarche très originale qui consiste à dénicher les artistes de demain. Elle favorise l'éclosion des jeunes talents. La foi profonde et obstinée de son créateur en la relève. Poussé par le vent de son expérience et son intuition, Viola fait le pari risqué de soutenir la nouvelle vague de peintres. Il les guide dans leur démarche artistique même si le succès n'est pas toujours au rendez-vous.
«Avec les artistes, c'est aussi une question de chance, argumente-t-il. Au moins cinq à six artistes se présentent à la galerie par semaine. C'est difficile de répondre à tout le monde. Mais, découvrir les artistes par intuition est très important. Il faut aussi voir dans les œuvres si cet artiste a la capacité d'aller très loin et de se développer. J'aime justement avoir à la galerie un cercle d'artistes d'une mouvance très nouvelle. Je voudrais découvrir de nouveaux talents. J'aime être entouré des artistes qui sont déjà établis, mais aussi des jeunes peintres qui seront le futur du Maroc. C'est un challenge d'ailleurs. Très souvent, je ressens avec certains artistes qu'il y aura vraiment la possibilité qu'un tel ou tel artiste réussisse dans sa présentation picturale. Il faut prendre des artistes qui savent manipuler et la couleur et la forme et la matière. Ceci dit qu'il va évoluer dans son travail dans le sens où son style va changer», conclut-il. Bonne chance! Et c'est vraiment tout le mal que l'on souhaite à ce galeriste en routard avisé sur l'art contemporain et à sa galerie aussi.