Reportage : A Dakhla, la culture hassanie en composante de l’identité marocaine


DNES : Narjis Rerhaye
Mardi 8 Avril 2014

Reportage : A Dakhla, la culture hassanie  en composante de l’identité marocaine
A Dakhla, le chemin de mémoire se dessine. Ici, la mémoire fait escale par le patrimoine matériel et immatériel. L’héritage culturel  du Maroc saharien est au cœur de ce devoir de mémoire. «Le projet de pôle muséal et culturel de Dakhla  en sera justement le témoignage. Ce musée est appelé à être le porte-flambeau de la culture bidane du Maroc saharien», explique Ahmed Hajji, le directeur général de l’Agence de développement des provinces du Sud.
Ce passionné du Sud et de ses provinces est heureux. L’ouvrage dont l’édification  a été confiée au groupement d’architectes Kobbite qui a remporté le premier Prix du concours international pour la construction de l’institution muséale de Dakhla est tout à la fois une préservation du patrimoine culturel, une manière de garder vivace l’identité saharienne, un appel à la diversité et à l’échange. Ahmed Hajji dit : «La mémoire permet d’immuniser le passé pour mieux regarder l’avenir. Il n’est pas du tout question de faire du musée un cimetière de la culture. Bien au contraire, il sera aussi et surtout un espace d’animation culturelle».
 
«Les musées ne sont pas des cimetières 
de la culture»
C’est justement la conviction profonde du cabinet d’architecture qui portera le projet du pôle muséal et culturel de la capitale de la région Oued Eddahab-Lagouira. Le musée dont il a rêvé et auquel il donnera vie et forme est en phase avec le patrimoine, l’identité et l’environnement sahariens. Vu de loin, le musée de Dakhla qui va s’étendre sur une superficie de 4400m2 à Bab El Bahr, a la forme d’une tente sahraouie. Des tentes sont ouvertes les unes les autres, histoire de mieux symboliser l’ouverture, l’échange, la mixité. Mais attention, il ne faut pas s’y tromper. Le design et la modernité adaptés à la mission que doit remplir cette institution culturelle sont également de mise.  Exactement comme le centre de conférences de Dakhla construit par l’Agence du Sud, la modernité s’est alliée à la culture saharienne. Le plafond du grand hall d’entrée du centre de conférences est une immense m’halfa aux tons bleus «nilla»… 
Driss El Yazami, le président du Conseil national des droits de l’Homme, a roulé toute la nuit pour être présent à la proclamation officielle des résultats du concours international relatif à la construction du musée de Dakhla. Depuis Marrakech où il tenait rencontre avec une trentaine d’ONG américaines, il a roulé jusqu’à Tan Tan où le président régional du CNDH l’a récupéré pour le conduire, toujours en voiture jusqu’à Dakhla. «Militant de la culture!», s’exclament ses proches collaborateurs. Militant de la mémoire aussi. Driss El Yazami le dit haut et fort : il a découvert la culture hassanie à travers les activités culturelles du conseil aux destinées duquel il préside. La création du Master des études sahraouies, l’organisation d’une journée d’étude sur l’intégration de la culture sahraouie dans le système éducatif et la production de la première anthologie de la musique hassanie sont autant d’actions auxquelles le CNDH a fortement contribué. «Ce qui se passe aujourd’hui à Dakhla, à travers, entre autres, le lancement du projet de musée, c’est tout simplement la mise en œuvre de la Constitution marocaine qui proclame la culture hassanie comme l’une des composantes de l’identité marocaine». 
L’ancien membre de la Commission vérité marocaine est un fervent défenseur de la réconciliation. Toutes les réconciliations.
 
Démarche participative, implication des élus et nouveau wali
A Dakhla, la réconciliation commence. Un nouveau wali est entré en fonction. Il fait lui aussi le pari de la culture pour un meilleur vivre-ensemble. «Les droits culturels sont au centre des réformes engrangées dans le sens de la démocratie et de la modernité par le pays», fait valoir Lamine Benomar. L’ancien ministre devenu wali est tout à la découverte de la région de Oued Eddahab-Lagouira. Il y a tant à faire, tant à entreprendre. Une niche de tourisme sportif et écologique se développe lentement mais sûrement. Il y a quelques semaines à peine, Dakhla accueillait les Championnats mondiaux de kitesurfing. L’événement est quasi planétaire. 8000 d’heures d’images ont été diffusées de par le monde. Ceux à l’origine de cette manifestation n’en finissent pas de militer pour faire de Dakhla une destination sportive mondiale. «Il y a tant à faire en la matière. Des structures à capacité moyenne à construire, l’aérien à revoir, la préservation de l’environnement en signature : ce sont là autant d’actions qui permettront un développement durable et intelligent de Dakhla», affirme Driss Senoussi, celui-là même qui a fait de «Dakhla Attitude», le refuge des passionnés de sports de glisse et des amoureux du vent
A Dakhla, le vote est haraki. Les élus de la région battent pavillon Mouvement populaire. Ils sont régulièrement associés à toutes les initiatives et actions entreprises par l’agence du Sud et le CNDH. Une démarche participative qui prend tout son sens, ici dans cette région qui s’étend jusqu’à la frontière mauritanienne.
Une démarche que Mohamed Laghdef Eddah brandit en étendard. Le patron de Laâyoune TV croit à la proximité par l’image. Mais faire de la télévision, affirme-t-il, coûte cher. Alors avec les moyens du bord et une toute petite équipe, cette TV qui émet depuis novembre 2004 ‘et couvre l’ensemble des provinces du Sud réussit à faire des miracles et, surtout, à fidéliser un public difficile à capter. «Mes journalistes peuvent rouler toute la nuit, parcourir des milliers de kilomètres et faire nuit blanche pour confectionner un reportage», fait valoir fièrement Mohamed Laghdef. 
 
Des spots sur TV Laâyoune pour 
ne pas oublier
Cet ancien  journaliste connaît la valeur de l’information. Depuis peu, la télévision qu’il dirige est à l’origine d’un scoop qui a fait trembler de l’autre côté de la frontière. Laâyoune TV a en effet réussi à enregistrer des vidéos sur la vie quotidienne dans les camps de Tindouf. «Nous avons recueilli des témoignages de civils et militaires qui dénoncent la persécution et l’exploitation exercées par le Polisario sur les populations de ces camps. Nous avons enregistré des témoignages poignants qui dévoilent les pratiques inhumaines et humiliantes que subissent femmes et enfants. Ces vidéos ont été filmées dans les camps. Et les auteurs de ces témoignages vivent dans les camps», soutient Mohamed Laghdaf. 
Depuis l’enregistrement de ces vidéos, la télévision de Laâyoune diffuse tous les soirs un spot sur l’enfer de Tindouf réalisé grâce à des témoignages en  live. «Parce que nous n’avons pas le droit d’oublier ce que vivent des hommes et des femmes de l’autre côté». La mémoire, encore et toujours.
 


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