Quelque 8,3 millions d'électeurs étaient appelés à répondre à la question "Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois?"
Budapest n'a proposé à ce jour aucune place d'accueil et se considèrera, si le non l'emporte, définitivement affranchie de toute obligation de contribuer à l'effort européen de répartition des migrants arrivant sur le continent.
Dans une tribune publiée samedi et destinée à mobiliser le camp du non, donné largement gagnant par les sondages, Viktor Orban a estimé que les Hongrois avaient "le devoir" d'aider le gouvernement à combattre les décisions de "l'élite à Bruxelles".
"Avec le référendum, nous pouvons envoyer un message à chaque Européen: leur dire que cela dépend de nous, les citoyens européens, de ramener l'UE à la raison, dans un effort commun, ou de la laisser se désintégrer", a souligné le dirigeant.
La Commission européenne affirme que le scrutin n'aura aucun impact juridique sur les engagements adoptés. "Les Etats membres ont la responsabilité légale d'appliquer les décisions prises", a rappelé le commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos.
En pratique, le plan de répartition de 160.000 demandeurs d'asile entre les 28 Etats membres adopté il y a un an est largement resté lettre morte, seuls quelques milliers de personnes ayant été "relocalisées".
Mais les responsables européens redoutent que le référendum hongrois ne porte un nouveau coup à une UE déjà malmenée par une succession de chocs, de la crise migratoire au Brexit.
"Si des référendums sont organisés sur chaque décision des ministres et du Parlement européen, l'autorité de la loi est en danger", s'est alarmé cet été Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.
Les sondages donnent le non largement vainqueur, un résultat à même de conforter politiquement Viktor Orban en Hongrie et de peaufiner son image de meneur du camp populiste anti-immigration en Europe.
La seule inconnue et le seul risque politique pour lui résidait dans le taux de participation : pour que le scrutin soit valide, le nombre de votes exprimés doit en effet représenter au moins 50% des inscrits.
Afin d'éviter que ce quorum ne soit atteint, l'opposition de gauche et les ONG de défense des droits de l'Homme ont appelé au boycott ou au vote nul.
En réponse, un millier de manifestants ont dénoncé vendredi à Budapest une "campagne de la peur" et ont appelé les Hongrois à "voir l'homme" derrière le migrant, plutôt que de "haïr des gens que nous ne connaissons pas".
En 2015, 400.000 candidats à l'asile en Europe ont transité par la Hongrie, la plupart avant l'installation de clôtures barbelées le long des frontières serbe et croate.