Recrudescence des mouvements de protestation sous le gouvernement Benkirane

La répression, nouvelle arme de l’Exécutif pour faire taire les voix divergentes


Hassan Bentaleb
Mercredi 7 Mai 2014

Recrudescence des mouvements de protestation sous le gouvernement Benkirane
Les Marocains sont-ils devenus des adeptes invétérés de la protestation et des mouvements revendicatifs?  C’est ce que laisse penser l’étude menée par  le Forum des alternatives Maroc (FMAS) sur les mouvements sociaux et les libertés publiques. En effet, le nombre d’actions collectives qui ont investi l’espace public sous forme de sit-in, manifestations, marches, etc. s’est élevé à 700 en 2005, soit une moyenne de deux sit-in par jour, avant de passer à 5.091 en 2008 et à 6.438 en 2009 pour atteindre 8.600 en 2010. Il faut attendre l’arrivée du gouvernement Benkirane   pour que le nombre d’actions de protestation se multiplie par 26 par rapport à l’année 2005. 
 Il s’est élevé à 17.000 en 2012, soit une moyenne de 52 actions par jour. A noter que les participants à ces protestations sont estimés à 321.000 personnes. 
Comment peut-on expliquer cette situation? Pour Abderrahmane Rachik, l’auteur de cette étude du FMAS intitulée « Les mouvements sociaux au Maroc, de l’émeute à la manifestation », l’accroissement   du nombre d’actions de protestation sociale trouve son explication dans les politiques publiques menées par l’Etat à partir de 2005 et qui ont eu un effet pervers. Selon lui, la politique du logement social, la réalisation des réseaux routiers, l’électrification des zones rurales, l’INDH, le Ramed stimulent les revendications sociales qui étaient jadis ponctuelles et isolées, en donnant naissance à de nouvelles formes de revendications massives. 
En détaillant, l’auteur de cette étude du FMAS a expliqué que l’analyse de données sur ces actions a permis de révéler que 42% des revendications sont liées au travail, 7% au logement, 6% à la marginalisation, 5% aux réformes politiques, 4% à la solidarité avec autrui et 3% à l’insécurité.  
Plus de la moitié de ces actions collectives sont enregistrées dans les grandes villes. Rabat détient le record du nombre de protestations avec plus de 8.000 actions entre 2008 et 2010. Un état de fait qui peut s’expliquer par la concentration du pouvoir politique et la forte présence des administrations. A noter que la ville abrite le siège du Parlement devenu, au fil du temps, lieu de prédilection pour des manifestants venus des quatre coins du Royaume.
Mais il n’y a pas que les grandes villes qui sont touchées. De plus en plus de petites villes  et de villages le sont également. C’est le cas, par exemple, de Bouarfa, Al-Hoceima, Zagora, Sefrou, Tiznit, Sidi Infini et la liste est longue.  Leurs habitants se sont souvent mobilisés contre la marginalisation et l’exclusion sociales. 
Toutefois, l’étude  du FMAS a tenu à préciser que les actions revendicatives collectives ne sont pas déterminées uniquement par des situations de marginalité sociale ou spatiale. Elles sont également le produit de la capacité des acteurs à mobiliser et à organiser des actions de protestation concernant certains intérêts à caractère  économique, territorial, ethnique, ou symbolique, et ce chaque fois que les conditions politiques le permettent. 
Evoquant ces conditions, l’étude a révélé le retour de la répression des mouvements sociaux après la parenthèse de tolérance liée au Printemps arabe en 2011.  Selon  Abderrahmane Rachik, le gouvernement de Benkirane cherche à montrer sa force répressive et sa capacité à maintenir et à assurer le retour rapide de l’ordre comme en attestent les interventions musclées des forces de l’ordre contre des manifestants qui ne disposaient pas d’autorisation administrative préalable ou pour d’autres raisons.   


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