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Crâne rasé, vêtu d'une robe traditionnelle, un chapelet dans une main et un micro dans l'autre, le bonze entame sa chanson qui dit à peu près cela: "C'est une histoire très ancienne / Il est venu dans mes rêves / C'est mon idole cosmique / Oh, oh, de qui parles-tu, mon frère? / Je parle du Bouddha, yo !" Chantées en japonais, ces paroles sont inspirées d'anciens poèmes sanskrits évoquant la compassion et la souffrance, assure le moine, Kansho Tagai, dernier descendant d'une lignée gérant le Kyoyoji, un temple de Tokyo vieux de 400 ans.
"Il y a eu beaucoup de controverse lorsque j'ai commencé", explique-t-il.
"Mais mon rôle de moine est de transmettre les enseignements via une large palette de techniques. Avec plus de 2.500 ans d'histoire derrière nous, nous pouvons bien adapter le bouddhisme à son
époque !".
M. Tagai fait partie de ces religieux qui veulent moderniser leur image pour éveiller l'intérêt de Nippons à la foi déclinante.
Le bouddhisme a beau être très majoritaire dans l'archipel, aux côtés du shintoïsme, la religion ancestrale du pays, des centaines de temples et sanctuaires ferment chaque année.
Les Japonais aiment toujours se rendre dans les lieux de culte à l'occasion des festivals ou comme destination touristique, mais considèrent souvent les moines comme des ermites peu au fait des réalités quotidiennes, particulièrement en période de crise économique.
Situé en banlieue de Tokyo, le temple Ryohoji a connu un grand succès cet automne en présentant une jeune femme déguisée en déesse de la sagesse, Benzaiten, à la manière des personnages de manga.
"Je suis venu parce qu'on +chatait+ de ce temple sur internet", explique Mitsutaka Adachi, un programmeur informatique de 26 ans. "C'est un peu surprenant, mais c'est sympa. ça peut motiver des gens à venir".
Le responsable du lieu de culte, le frère Nakazato, 45 ans, se dit lui-même de la génération manga et ne voit rien de mal à attirer ainsi les âmes égarées.
"Je veux juste montrer que les temples sont des endroits amusants à visiter", répond-il à ceux qui stigmatisent ce genre d'intiative comme de vulgaires techniques marketing.
Les bonzes et les bonzesses du temple Tsukiji Honganji ont même organisé un défilé de mode, présentant leur collection de "robes de moine" sous une pluie de confettis en forme de fleur de lotus.
Un de leur coreligionnaires a pour sa part décidé de débusquer le salarié nippon là où il se trouve après le travail: au bar. Hogen Natori chante régulièrement des soutras dans un cabaret tokyoïte, accompagné de deux acolytes.
Après avoir expliqué le contenu des cantiques, les moines font baisser les lumières et un silence religieux s'empare de l'assistance, toute ouïe.
Après le spectacle, ils s'assoient aux côtés des consommateurs et entament une discussion.
"Les jeunes pensent que les moines sont ennuyeux, qu'ils restent prier dans leurs temples sans sortir écouter les autres", explique M. Natori.
Il dit vouloir "guider les gens dans leur vie". "Mais pour cela il faut aussi que nous soyons attractifs... S'ils ne viennent pas à nous, nous irons à eux !".