Dans cette perspective et du point de vue du contenu cette fois, un concept semble avoir le vent en poupe, celui du rire et de l'humour. C'est désormais un paradigme incontournable de la grille ramadanienne: le rire se présente en effet comme la quête de Graal audimétrique. Comme la locomotive censée tirer l'ensemble de la programmation télévisuelle. Les bandes annonces préparant la grille 2009 confirment ce constat: avec le nouveau Ramadan, on est dans une certaine continuité. Le rire sera servi à de fortes doses. Les échos qui nous sont parvenus parlent même des interventions émanant d'annonceurs de gros calibres pour imposer telle tête d'affiche ou telle autre, voire recommander exclusivement une célèbre figure de l'humour locale, sinon rien. On assiste alors à une surexposition médiatique des humoristes durant ce mois; surexposition qui n'est pas in fine en leur faveur dans la mesure où les programmes présentés répondent rarement à des critères professionnels en termes de production et d'écriture…le rire ramadanien est finalement un rire jaune. Depuis que cette frénésie humoristique s'est emparée de notre paysage cathodique, le rire se banalise, devient de plus en plus infantile et bas de gamme. La tare essentielle réside dans l'absence d'une préparation sérieuse et surtout dans l'absence d'une pratique d'écriture cumulative s'inscrivant dans la durée. Les concepts en vogue actuellement se recyclent en permanence dans un mouvement répétitif et appauvrissant. Le constat est d'autant plus paradoxal que les qualités intrinsèques de certains humoristes sont fort prometteuses. Des artistes comme Naciri, Fahid, Khiari… réussissent bien leur numéro du One man show mais échouent dans une structure plus large comme les sitcoms…Cet été j'ai assisté à Agadir au Festival tatsa (rire en amazigh)… eh bien le rire était effectivement au rendez-vous. Un rire léger, intelligent, pertinent, varié et tonique. Ce qui est rarement le cas sur le petit écran.
Alors de quoi va –t-on rire cette fois et surtout comment? Nous avons tout un moins pour en parler.