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Là-haut, au quartier Koucha menant à la station de Bab Bouidir, les habitants souffrent toujours des séquelles de l’intervention des forces de l’ordre. Ils essayent, autant que faire se peut, de panser leurs blessures. Les forces du BLIR sont accusées, par les gens, d’être « très violentes et sans pitié envers les citoyens, mais aussi provocatrices et au verbe insultant, blessant et humiliant ».
Mais pourquoi tout cela est-il arrivé? Tout le monde s’accorde sur le fait que les factures abusives d’eau et d’électricité et le chômage sont à l’origine de ces événements dramatiques. Sghir est un épicier au quartier Koucha. Pour les frais de la facture habituelle d’eau et d’électricité, il payait toujours entre 100 et 200 DH. Depuis quelques mois, et à l’instar des autres habitants du quartier, il a reçu une facture de plus de 4000 DH. Ses voisins et lui ne cessent, depuis, de protester et de réclamer leurs droits. Mais cela leur coûtera cher. Très cher. Depuis plusieurs mois déjà, leurs manifestations ne trouvaient aucun écho.
Ce n’est pas le seul problème dont pâtissent les habitants de condition modeste. Le 4 janvier dernier, les sit-in observés par plusieurs groupes de chômeurs se sont transformés en émeutes. Les victimes étaient nombreuses notamment des blessés (forces de l’ordre et citoyens) et cinq détenus dont deux mineurs. L’un d’entre eux a été libéré provisoirement, l’autre est toujours en détention. Il est accusé d’avoir mis le feu à une estafette de police. Des responsables de l’Association nationale des diplômés chômeurs (ANDCM) affirment que de longues réunions ont permis de parvenir à un accord avec le gouverneur, dont un diagnostic des postes vacants dans les communes de la province. « En vain, les autorités n’ont jamais tenu leurs promesses », explique Hssayne, membre de l’ANDCM. Tout cela a attisé certainement la grogne sociale. Le 4 janvier n’était donc pas une exception.
La soirée du mardi 1er février était un autre tournant. Les familles des détenus ainsi que les populations ont manifesté devant le siège de la province pour annuler les factures, mais aussi pour réclamer la libération des détenus. Mercredi, une foule rassemblée dès le petit matin devant le tribunal de première instance a pris le chemin de la Cour d’appel, avant d’observer, une demi-heure durant, un sit-in devant la prison civile de Taza, en guise de solidarité avec le jeune étudiant Roussi Azeddine qui observe une grève de la faim depuis 45 jours (à la date du 7 février 2012). Et enfin, les manifestants regagnèrent, vers le coup de 01h30, le quartier d’Al Koucha.
Les forces de l’ordre voulaient disperser les manifestants. Beaucoup de témoins rencontrés par Libé ont souligné que les responsables de la sûreté n’ont pas respecté la procédure légale. «Ni mégaphone, ni ruban vert, ni sommation…», a fait remarquer l’un des jeunes du quartier. A un certain moment, l’on est venu aux jets de pierres de part et d’autre. La place séparant le siège de la province au quartier s’est transformée en théâtre de scènes violentes. Des affrontements qui allaient faire des blessés des deux côtés. Les ambulances évacuaient les victimes parmi les forces de l’ordre, mais ne se hasardaient aucunement à aller du côté des foules. Ce n’est que vers 10h30 que les affrontements allaient prendre fin. Mais, ce n’était que partie remise. Puisque les forces de l’ordre devaient entamer une autre opération taxée par les habitants de «terreur et d’humiliation ».
«Nous avons été intimidés, insultés, matraqués … les forces de l’ordre ont proféré à notre endroit des expressions humiliantes», a souligné une quinquagénaire, dont le fils, diplômé en marketing aux Etats-Unis, a été arrêté devant sa maison, ce mercredi noir. Et d’ajouter que l’on ne peut accepter que les BLIR «nous accusent de descendants d’Oufkir et d’Ababou».
Ce dont les gens souffraient énormément, c’était surtout les envahissements des maisons par les forces de l’ordre. «Une fois renforcés, les éléments du BLIR ont commencé à envahir nos maisons et à briser les compteurs de l’ONE!», a raconté Taoufik, un jeune trentenaire. « Une violence inouïe sur les plans matériel et verbal », a renchéri le propriétaire d’un hammam, en racontant comment les forces de l’ordre cassaient les vitres de la façade. Le lendemain, le 3 février, les gens se sont réveillés sur un drame. Un grand nombre d’habitants sont sortis pour protester contre cette violence démesurée. Toute une ville était mobilisée, se rappellent les membres de la Coordination du quartier Koucha. Deux mots d’ordre : libérer les détenus et trouver des solutions aux problèmes sociaux. Aucune intervention n’a été enregistrée. Le lendemain, samedi, alors que les habitants d’Al Koucha discutaient de leurs problèmes, ils furent surpris par les forces de l’ordre. «Ce gouverneur avec qui nous ne dialoguerons plus, est le principal responsable de ces événements, car la seule approche qu’il applique est celle de la répression», a constaté un membre de la coordination. A la question qui circule au niveau des décideurs: qui en est responsable? Les jeunes d’Al Koucha répondent sans hésitation : « Le chômage, les factures élevées de l’ONE, la pauvreté et surtout l’humiliation ».
Témoignage collectif
Tout le monde est d’accord sur la chronologie des événements du mercredi noir. Les forces de l’ordre ont dû affronter des manifestants en masse. Une centaine parmi les forces de l’ordre ont été blessées lors des affrontements pendant plusieurs heures. Mais, dès l’arrivée des renforts des autres villes voisines, la donne allait changer. Les forces de l’ordre ont attendu le temps que les gens rentrent chez eux pour faire irruption dans les maisons, user de violences physiques ou d’intimidation verbale inadmissible.