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Il faut avoir la foi du charbonnier pour vouloir remplir une salle de cinéma, projeter un film portant une thématique en rapport avec les droits humains –de la liberté à la démocratie en passant par l’égalité…-et susciter dans la foulée un débat avec le public. Il faut aussi et surtout compter sur l’obstination passionnée de Fadwa Maroub, le cœur palpitant de l’ARMCDH. Il faut sélectionner le bon film, courir après le sponsoring, mobiliser des cinéphiles de plus en plus rares, bref être sur tous les fronts, courir sans jamais s’arrêter. Et cela dure depuis 2010 !
A Rabat, la mythique salle du 7ème art, avenue Allal Ben Abdallah, est devenue le rendez-vous incontournable de ceux et celles qui vont au cinéma pour défendre les droits de l’Homme. Extinction des lumières à 18 heures, parfois 18h30. «Parce que juste après, il faut céder la place à la séance commerciale qui commence à 21H», explique un membre de l’association. Le CCM met à disposition la salle. Une manière de soutenir l’ARMCDH. Une ouvreuse en djellaba en laine –la salle est glaciale en hiver- vérifie le ticket. Ici commence la liberté. Le cinéma appartient au public. On s’installe à sa guise.
La liberté a un prix,
celui du ticket
La liberté a un prix. Celui du ticket dont le prix est modique : 10 dirhams. Parfois, la projection est gratuite. En décembre dernier, «la moitié du ciel » d’Abdelkader Lagtaa, d’après l’œuvre de Jocelyne Laabi, a été projeté gracieusement. La salle était comble. La performance de Sonia Oukacha dans le rôle de l’épouse de l’ancien détenu politique Abdellatif Laabi a fortement contribué à la magie du moment.
L’ARCMDH a commencé l’année en rendant hommage à la liberté de presse, donnant à voir une séquence unique dans la construction démocratique et une salle de rédaction, celle du journal algérien El Watan, suspendue à l’élection présidentielle et engagée dans la bataille contre un 4ème mandat d’un Bouteflika malade.
« Contre-Pouvoirs » le documentaire de Malek Bensmail a été donc projeté en première mondiale au 7ème art, grâce à l’obstination de ceux et celles de l’association, la veille de sa sortie en salles à Paris. Abdallah Tourabi, le directeur de la rédaction de Tel Quel est venu en débattre échangeant avec le public sur la liberté d’expression, l’éthique, le professionnalisme. Rêvant aussi d’une caméra plantée dans une rédaction pour suivre, filmer, voire sublimer la tension du bouclage, les choix de «Une», les arbitrages de titraille.
Regards croisés sur les droits
humains
C’est la même programmation qui est proposée à Casablanca, dans le quartier chargé de sens de Sidi Moumen et depuis peu à Salé, au plus près des exclus à «Al Karia». La démocratisation du cinéma n’est pas un slogan. La diffusion des valeurs et principes des droits de l’Homme l’est encore moins. Plus encore, l’association la porte dans son ADN. «L’ONG est convaincue que l’universalité des valeurs des droits de l’Homme et de la démocratie gagne à être véhiculée par le cinéma sous ses différentes formes (fiction et documentaire, long et court métrage). Elle permet de façon vivante et concrète de croiser les regards sur et à partir de différents pays, d’ouvrir le public marocain à d’autres expériences en matière de défense des droits humains », soutiennent ses fondateurs.
Depuis sa création, l’ARMCDH a organisé une quarantaine d’activités devenues des rendez-vous incontournables dans la ville. Les Jeudis du cinéma et des droits de l’Homme, les matinées enfants, les masterclass cinéma et droits de l’Homme et la Nuit blanche du cinéma et des droits de l’Homme sont autant de rencontres et d’espaces d’échanges.
L’ARMCDH aime la vie, le cinéma, les droits de l’Homme. Dans ses passions, le cinéma marocain occupe une vraie place grâce au cycle "Rétrospective du cinéma marocain" dans le cadre de l’événement mensuel «Les jeudis du cinéma et des droits de l'homme», lancée en partenariat avec le Centre cinématographique marocain.
C’est le long-métrage de Mohamed Reggab, "Le coiffeur du quartier des pauvres"qui ouvrira le bal le jeudi 11 février à la salle du 7ème art à Rabat
Réalisé en 1982, ce film raconte l’histoire d’un coiffeur vivant et exerçant son métier dans un quartier populaire de Casablanca. Son ami ne cesse de lui enseigner que la lutte et la résistance sont les seules qualités d'un homme digne. C’est le premier et dernier film de Mohamed Reggab, décédé en 1990, à l’âge de 48 ans.