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Quand la fête olympique prend

Lundi 5 Août 2024

Guichet fermé pour aller voir la vasque olympique aux Tuileries, des transports publics sans pépins, des policiers surpris en train de jouer au babyfoot et un nageur en passe de devenir un héros national: à mi-parcours des JO de Paris, la fête spectaculaire promise depuis des mois a saisi la France.

Autorités et organisateurs le clamaient depuis des années, quand le sport va arriver "cela va tout balayer".
Mais avant le sport, c'est une cérémonie d'ouverture culottée, sur la Seine et sous des trombes d'eau, qui a frappé un grand coup.

"Quand on voit ce qu'était le pays il y a trois semaines, un mois, on se dit que ces Jeux arrivent au bon moment", a résumé dimanche l'ex-entraîneur à succès du hand français Claude Onesta, devenu manager général de la haute performance à l'Agence nationale du sport.
La France était alors en apnée, pour partie sidérée devant la perspective de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir après la dissolution surprise décidée par Emmanuel Macron.

Depuis, Aya Nakamura a chanté et dansé au milieu de la garde républicaine comme un pied de nez à tous ses détracteurs. "C'est la cérémonie de la France", a dit Tony Estanguet. Le patron du comité d'organisation de Paris-2024 ne triomphe pas mais doit savourer, lui qui a souvent mal vécu les procès en impréparation, les articles de journaux, les "pessimistes" et "les râleurs" contre les JO.

La presse étrangère, jouant de la réputation de râleurs des Français, s'étonne: "La plus grande surprise des JO de Paris: même les Français ne trouvent plus à se plaindre!" écrit le Wall Street Journal.
Après la cérémonie, les Jeux se sont déplacés sur le terrain sportif, et la machine à emballer les foules s'est mise en branle.

D'abord avec l'équipe de rugby à sept emmenée par l'enfant chéri du rugby français, Antoine Dupont, première médaille d'or des Bleus. Et puis est arrivé Léon Marchand, 22 ans, gueule d'angelot et coups de bras extraordinaires, qui "renverse la piscine" comme le dit David Lappartient, le président du Comité olympique français.

Quatre médailles d'or, un tiers des titres français à lui tout seul, et le bronze dimanche soir avec les relayeurs du 4 x 100 m quatre nages.
Tout le monde veut voir Léon, à la piscine ou dans son écran. La France tient son héros.
 
Les fan zones se remplissent. Au Club France, dans la Grande Halle de la Villette (nord-est de Paris), on surprend deux policiers jouant au babyfoot.
Sur la pelouse jaunie du parc de la Villette, le spectacle se regarde sur écran géant, les enfants s'essaient au "ping" des frères Lebrun. Dimanche, une queue se forme à l'entrée dès l'ouverture.

Quant à la vasque olympique, un anneau suspendu à un ballon aux Tuileries, entre Louvre et Concorde, elle est "victime de son succès" dit le site internet, 160.000 créneaux ont déjà été réservés.
Dans les fan zones, deux millions de personnes ont été décomptées par les organisateurs. Sur les sites olympiques, l'ambiance rythmée par des play-lists soignées est dingue.

Au beach volley, les spectateurs semblent venus autant pour la tour Eiffel que pour regarder un France-Japon sous des cordes samedi soir. Et les vigiles font la police pour que les spectateurs s'assoient et stoppent leurs selfies avec la Tour en arrière plan pour ne pas gêner les autres.

La scénographie des escrimeurs qui descendent l'escalier du Grand Palais séduit aussi. Des JO instagrammables.
"Les amis de Los Angeles (JO de 2028) et Brisbane (JO de 2032) nous disent: +les Français vous avez quand même mis la barre très très haute", raconte David Lappartient.

Les métros et trains circulent sans encombres. Déjà "7,5 millions de voyageurs transportés sur les sites", selon la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Dans les rames, des spectateurs, des bénévoles, des travailleurs, mais pas forcément beaucoup de Parisiens car de nombreux ont filé, craignant un Paris embolisé.
Ceux qui sont restés - comme le leur avait conseillé la maire, Anne Hidalgo - ont pu encourager ce week-end les cyclistes dans les rues de Paris.

Capricieuse, la Seine n'est pas toujours assez propre pour pouvoir y nager. L'épreuve masculine de triathlon a dû être reportée de 24 heures. Les pluies intenses donnent des sueurs froides aux organisateurs. Et l'annonce par le comité olympique belge qu'une de ses triathlètes ayant participé à l'épreuve féminine était malade a jeté une ombre.

Autre couac, au pays de la gastronomie, les sportifs du monde entier nourrissaient de grandes attentes en arrivant au restaurant du village olympique. Il a fallu remettre de la viande et ajuster les stocks.

La partie n'est pas gagnée, Tony Estanguet, le sait. Il faut "rester concentré".

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