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Le terme « Maison de Vie » désigne un nom traditionnel de cimetière juif. Il était donc particulièrement approprié que le gouverneur de la province d'Al Haouz, Younès Al Bathaoui, emploie cette expression pour désigner le projet dirigé par la Fondation du Haut Atlas (FHA) au Royaume du Maroc et approuvé par la Clinton Global Initiative (CGI) dans trois provinces.
L'unicité de ce modèle réside dans son aspect interculturel. Le projet de la Maison de Vie facilite le prêt gracieux de terrains attenant à des lieux de sépulture juifs, pour y établir des pépinières d’arbres bio et de plantes médicinales au profit des communautés agricoles musulmans avoisinantes.
Soutenu par la création de HA3 (l’entreprise sociale agriculture et artisanat de l’Atlas), un processus complet, de la ferme à la table, est envisagé, comblant ainsi les lacunes du système agricole bio. La certification bio, des prix pratiqués dans le commerce équitable et des marchés nationaux et internationaux plus vastes sont garantis pour les petits agriculteurs locaux, dont les communautés peuvent bénéficier du réinvestissement dans d'autres projets.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la campagne « Un milliard d’arbres » de la FHA, qui est l'un des différents projets de développement humain mis en œuvre par la Fondation. Tous les projets de la FHA visent la prise de conscience de l’environnement, l'autosuffisance socioéconomique et la durabilité. Il s’agit de projets d'agriculture bio, d'eau potable et d’énergie propre ainsi que de programmes de lutte contre la vulnérabilité spécifique des femmes et des jeunes ainsi que le renforcement de la diversité culturelle.
Evolution d’une idée
Le projet pilote « Maison de Vie » a été établi en 2012 à Akrich (province d'Al Haouz), une zone rurale proche de Marrakech. La pépinière gérée localement a été créée par la FHA sur un terrain prêté par la communauté juive de Marrakech-Essaouira, près de la tombe du rabbin Raphael Hacohen, l'un des 600 lieux de sépulture juifs dispersés à travers le pays dans des zones rurales et urbaines.
En février 2015, lors d'une cérémonie présidée par le gouverneur d'Al Haouz, Younès Al Bathaoui, 30 000 graines et jeunes plants ont été plantés et 30 000 autres arbres de deux ans (oliviers, figuiers, grenadiers et citronniers) ont été réservés pour être distribués aux petits agriculteurs locaux.
Dans le même temps, le projet d'extension de ce modèle à travers tout le Royaume a été annoncé, cinq autres contrats ayant été conclus. Les discussions ont été finalisées en juin et ont abouti à l'approbation du projet par la CGI dans les provinces d’Azilal, Essaouira et d’Ouarzazate, dans le cadre d'une proposition visant à planter un million de graines de fruits bio dans les sites sacrés juifs.
« Cette initiative donnera plus de vie à ces régions et renforcera les espoirs et les perspectives de leurs habitants », a noté le M. Al Bathaoui.
Le contexte marocain
Les Marocains ruraux représentent 43% des 32 millions de la population du pays, 75% des ménages ruraux gagnant moins que la moyenne nationale (FIDA, 2013). Actuellement, les petits agriculteurs dépendent surtout des revenus de l'orge et du maïs. Si ces cultures sont plantées sur plus de 70% des terres agricoles, elles ne représentent que 10 à 15% des recettes agricoles, selon l'Agence du Maroc pour le développement agricole. Les petits agriculteurs effectuent donc la transition en plantant des cultures commerciales, généralement des arbres fruitiers et des plantes aromatiques et médicinales, pour générer plus de revenus.
Un milliard d’arbres et de plantes médicinales sont nécessaires dans le cadre du processus visant à aller au-delà de l'agriculture de subsistance qui est à la base de la pauvreté rurale. Leur plantation devrait également aider à relever les graves défis environnementaux auxquels est confronté le Royaume, à savoir l'érosion des sols, la désertification et la déforestation.
Le Maroc moderne est composé de plusieurs cultures, y compris sa communauté juive présente dans la région depuis deux mille ans et possédant un héritage architectural important. Le Royaume est engagé dans la célébration de cette riche mosaïque ; les initiatives de préservation de la culture (qui pourrait être considérée comme un luxe dans un pays en développement) sont considérées comme ayant lieu idéalement dans le contexte de projets vitaux de développement humain.
La Fondation du Haut Atlas :
pour une prospérité durable
Organisation non gouvernementale maroco-américaine à but non lucratif, la FHA, qui est basée à Marrakech, a été créée par d’anciens volontaires du Corps de la Paix, dont le président est le Dr Yossef Ben-Meir.
La Fondation développe une approche démocratique participative pour permettre aux communes marocaines marginalisées, pour la plupart rurales, de déterminer ce dont elles ont le plus besoin et de faciliter la réussite de leurs projets.
Les objectifs généraux sont de deux ordres : mettre fin aux pratiques agricoles de subsistance qui piègent les communautés dans le cercle vicieux de la pauvreté rurale et développer l'économie locale et nationale par le biais de diverses initiatives commerciales de croissance verte initialement supervisées par la Fondation.
Des coopératives rurales sont créées comme un mécanisme nécessaire pour l'activité commerciale ; la FHA, par l’intermédiaire de HA3, sa filiale de services aux entreprises, assure un prix équitable sur le marché, permettant ainsi aux petits agriculteurs d’avoir des revenus plus élevés. Une valeur ajoutée significative est atteinte lorsque le produit est commercialisé en tant que produit bio, de commerce équitable et écologiquement et socialement responsable.
Les bénéfices sont réinvestis dans d'autres projets jugés prioritaires par les communautés elles-mêmes, dans les domaines de l'éducation, de la santé, des infrastructures d'eau et du développement des microsentreprises, en particulier pour les femmes et les jeunes.
Tout cela est mené dans le cadre d'une stratégie zéro déchet. La FHA prévoit en effet d’utiliser les coques et coquilles des noix et des amandes pour produire des briquettes combustibles à faible émission. Pour ce, l'objectif est d'exporter des produits bio de commerce équitable sur les marchés américains et européens.
Le travail de la FHA s’est récemment étendu au-delà du Maroc et sa philosophie et méthodologie offrent des possibilités à l’ensemble des communautés dans le monde.
La vision du développement durable de la FHA, telle qu’elle est partagée avec la CGI, reflète la vision même du Maroc, et le projet de la « Maison de Vie », qui lie les familles d'agriculteurs musulmans et les communautés juives marocaines, représente habilement de multiples objectifs.
* Assistante en communication auprès de la Fondation du Haut Atlas