Manifestations interdites et réprimées, parfois à balles réelles, médias privés réduits au silence, journalistes et opposants cachés ou en exil, atmosphère de peur et d'intimidation généralisée, créé notamment par les Imbonerakure, les jeunes du parti CNDD-FDD au pouvoir, qualifiés de "milice" par l'ONU : le climat actuel rend impossible un scrutin crédible, estime la communauté internationale.
Mais malgré cette ambiance délétère, un isolement croissant et des menaces de nombreux bailleurs - dont l'Union européenne, principal partenaire du pays - de geler leur coopération, les autorités burundaises refusent de reporter à nouveau le scrutin, déjà repoussé à deux reprises, arguant d'un risque de vide institutionnel à l'expiration du mandat de M. Nkurunziza le 26 août.
La candidature de Nkurunziza a plongé depuis fin avril le Burundi dans une grave crise politique émaillée de violences qui ont fait plus de 80 morts. Ce petit pays d'Afrique des Grands Lacs à l'histoire post-coloniale jalonnée de coups d'Etat et de massacres entre Hutu et Tutsi, peinait déjà à se remettre d'une longue guerre civile.
Le gouvernement a déjoué à la mi-mai une tentative de coup d'État militaire et mis fin à la mi-juin à un mois et demi de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura par une brutale répression. Mais il a essuyé depuis une série d'attaques à la grenade et est confronté, depuis dix jours, à des combats et escarmouches entre armée et rebelles au nord du pays, dans la zone frontalière avec le Rwanda.
Alors que les deux camps sont arc-boutés sur leurs positions, les observateurs s'inquiètent de voir la crise déboucher sur des violences à grande échelle. "Tous les éléments d'un conflit ouvert sont en place" au Burundi, avertissait fin mai l'International Crisis Group.
Après la très large victoire de son parti, le CNDD-FDD, aux législatives et communales du 29 juin, boycottées par l'opposition, la présidentielle est à nouveau vidée de tout enjeu: la victoire de M. Nkurunziza ne fait aucun doute, car il n'est opposé qu'à quatre candidats issues de formations réputées alliées au pouvoir.
Son principal opposant, Agathon Rwasa, n'a certes pas retiré officiellement sa candidature, mais dit n'avoir pas fait campagne et conteste à l'avance la légitimité du scrutin, demandant son report et déniant à M. Nkurunziza le droit de se représenter.