Cette rencontre, organisée dans le cadre de l’événement "Nouvelles parutions", a été l’occasion pour l’écrivain et poète marocain de présenter au public ses trois recueils de poésie "Presque riens", "L’espoir à l’arraché" et "La poésie est invincible", ainsi que son roman "La fuite vers Samarkand", dans leurs versions traduites en arabe par le traducteur marocain Mohamed Khmassi.
Intervenant à cette occasion, M. Khmassi a indiqué que la démarche de traduction des recueils de poésie se doit d’être fidèle à ce qui caractérise l’auteur, en intégrant les dimensions humaines de ses écrits et l’univers de sa création, dans un sens de responsabilité artistique et intellectuelle.
"Si nous considérons que la traduction est un travail technique, alors le traducteur se doit d’être un lecteur averti", a noté M. Khmassi, ajoutant que "la dualité linguistique de l’auteur a facilité la traduction", allusion à la maîtrise et l’amour que porte Abdellatif Laabi à la langue arabe, malgré son usage presque exclusif de la langue de Molière dans ses écrits.
Il a estimé, dans ce sens, que le principal défi posé par la traduction en arabe des quatre œuvres a été de parvenir à transmettre au lecteur le sens artistique et l’essence de l’écriture d’Abdellatif Laabi, ajoutant que le processus de traduction des œuvres du poète et écrivain marocain nécessite d’assimiler les spécificités des textes dans leur langue originale. Abdellatif Laabi a, pour sa part, évoqué le processus de traduction de ses œuvres comme une "négociation", indiquant que ce processus conduit à saisir, en arabe, la portée artistique et esthétique de l’œuvre, ce qui ne peut qu’enrichir ses créations.
Il a souligné, dans ce sens, sa décision de confier la révision de la traduction à l’écrivain libanais Issa Makhlouf, afin de soumettre les œuvres à "un regard oriental", affirmant son amour de la langue arabe qui lui a été "subtilisée lors de la période du protectorat".
"J’ai réussi à récupérer cette affection pour la langue arabe en lisant la littérature arabe classique et en m’imprégnant de la littérature et du patrimoine marocains", a-t-il confié, ajoutant que "plusieurs illustres écrivains n’ont pas produit des œuvres dans leurs langues maternelles et ce qui importe est le contenu et non la langue de l’œuvre".
L’écrivain libanais Issa Makhlouf a, pour sa part, mis l’accent sur le grand intérêt porté par Laabi au processus de traduction de ses œuvres, où "s’entremêlent l’objectif et le subjectif, et le personnel et l’universel", ajoutant que les écrits d’Abdellatif Laabi se caractérisent par "leur portée, car il va plus loin que son autobiographie et tente d’y évoquer l’humanité".
"La traduction des recueils de poésie et des romans d’Abdellatif Laabi est un exercice qui redonne à l’écriture une seconde vie", a estimé l’écrivain libanais, ajoutant que "c’est un processus riche en enseignements et en créativité que de traduire les œuvres d’un auteur dont on ne peut résumer le monde en quelques mots".
Abdellatif Laabi est né en 1942 à Fès. Il a fondé en 1966 la revue "Souffles" et a écrit plusieurs romans et recueils de poésie dont le roman "L’œil et la nuit", les recueils "Le règne de la barbarie", "L’arbre de fer fleurit" et "Le fou d’espoir".
Organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication en partenariat avec la Wilaya de la région de Rabat-Salé-Kénitra et le Conseil de la région de Rabat-Salé-Kénitra, le SIEL-2023, qui se poursuit jusqu’au 11 juin, est marqué par la participation de 661 écrivains, intellectuels et poètes marocains et étrangers qui illumineront avec leurs contributions intellectuelles le ciel de ce Salon international de renom.
Au menu de cette édition figurent plusieurs événements culturels, en plus de la mise en place d’un espace spécialement dédié aux enfants, proposant un large éventail d’ateliers et d’activités scientifiques et culturelles destinés à renforcer la relation des enfants avec l'apprentissage et les livres.
Bouillon de culture
L'écrivain Fouad Laroui a présenté, vendredi à l’Espace Rivages de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger à Rabat, son livre "30 jours pour trouver un mari", en présence d'un parterre d'intellectuels, de penseurs et de passionnés de lecture.
Cet ouvrage de 192 pages propose une série d’histoires authentiques et originales, racontées à tour de rôle par un groupe d’amis réunis au "Café de l’Univers", qui traitent de plusieurs sujets sérieux et d’actualité, notamment la religion, la philosophie et l’émancipation des femmes. L’auteur adopte dans ce roman un style de narration singulier mêlé à de l’ironie, en s’appuyant sur un usage subtil des mots et des expressions parfois surprenantes.
Fouad Laroui offre ainsi aux lecteurs un livre détonnant qui invite à la réflexion sur plusieurs questions de la vie. S’exprimant à cette occasion, M. Laroui a indiqué que cet ouvrage, dont le titre est assez énigmatique, pousse à la réflexion sur plusieurs sujets, expliquant que "chaque histoire, racontée dans ce livre, a l'air a priori juste fantaisiste ou amusante", notant qu'"elles soulèvent, cependant, de grandes questions philosophiques, notamment sur le Maroc et les Marocains, notre avenir, nos envies et la façon dont nous concevons le vivre-ensemble dans la société".