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Présentation au siège de la CGEM d’une étude sur le secteur des industries agroalimentaires : La FENAGRI soigne son lobbying

Mercredi 12 Mai 2010

Après une longue hibernation, la FENAGRI (Fédération nationale de l’agroalimentaire) se réveille et découvre enfin que la contribution du secteur à la croissance économique du pays est toujours médiocre et que le «dynamisme» de la profession s’enfonce en-dessous du benchmark  des pays méditerranéens.  Aujourd’hui, à la lumière des conclusions d’une étude réalisée par «le Cabinet Meda Consulting» sur le secteur, un gros  travail attend la corporation pour provoquer un renversement de culture et de pratiques.
A travers cette étude, réalisée grâce au soutien de l’UE via le PAAP (Programme d’appui aux associations professionnelles), la FENAGRI a voulu présenter la nécessité de la prise en compte les enjeux que pose la mondialisation, des tendances lourdes qui menacent le secteur et des perspectives qui le construiront.
L’étude en question, focalisée sur les faiblesses et les contraintes du secteur, débouche sur la certitude que le développement durable du secteur des Industries agroalimentaires au Maroc passe par la réduction de la pression fiscale, la lutte contre l’informel (le vrac dans les souks), les investissements en faveur de l’innovation  et l’implication de l’Etat via un partenariat public-privé.  Une vision que l’on pourrait qualifier de «court-termiste», pour ne pas dire corporatiste. Car l’étude, à aucun moment, n’a évoqué les questions liées à l’environnement (les dégâts causés, la gestion des déchets, etc.).
L’on sait que, du point de vue représentativité, la FENAGRI ne regroupe pas tous les intervenants dans le secteur agro-industrie. La COMADER, par exemple, s’impose comme étant l’équivalent de la CGEM du monde agricole. Les industriels de la conserve de poisson jouent leur propre partition, de leur côté. Il faut dire qu’on ne peut segmenter les questions qui se posent au secteur dans sa globalité, de l’amont agricole à la transformation industrielle en aval. Une réelle transversalité (interprofession) est à organiser pour, à la fois, rendre crédible le lobbying de la profession et plus audibles les exigences des opérateurs industriels.

l’emprunte hydraulique

Autant il est indispensable -c’est une évidence-  de renforcer  la vitalité des entreprises et soutenir leurs efforts de recherche-développement, autant il est urgent de systématiser la prise en compte de l’environnement, en synergie avec les dimensions économiques et sociales du développement durable. Seule une telle approche permet d’articuler le court terme et le long terme et de relier, par là même, les préoccupations de la profession aux préoccupations globales du pays. De ce point de vue, l’étude, qui après tout ne manque pas d’intérêt, en ce sens qu’elle a permis un scanning de la situation, a laissé de côté l’essentiel: le développement durable. Bien entendu, on parle de l’emprunte hydraulique, tandis que les industriels répondent «devises» et opportunités de marché.
Par ailleurs, l’étude qui a nécessité du temps et de la mobilisation, n’apporte que des chiffres vieux d’au moins 5 ans. Là encore, on vit un problème de mise à jour des données et des statistiques, sachant que d’une année à l’autre, le monde évolue rapidement et les entreprises avec. Or, ces cinq dernières années, le marché marocain est inondé de produits importés. On se demande, parfois, si le Maroc n’est pas devenu le déversoir des produits non admis ailleurs parce que non conformes aux normes de qualité en vigueur.
On ne peut ignorer, non plus, que la production locale a beaucoup tardé à faire sa mue. Faible valorisation, transformation très limitée, sous capitalisation des entreprises, personnel à qualification très moyenne… Ajouter à cela les contraintes fiscales et douanières, un amont agricole très modeste et irrégulier et une concurrence étrangère rude et vorace. On en arrive finalement à une situation de fragilité caractérisée.
Il est certain que la profession sait où elle va. Elle a sa feuille de route, qui s’appuie sur le Plan Emergence et le Plan Maroc Vert. Mais ce que l’on ne sait pas, c’est quand le secteur prendra son envol. On sait aussi que le Maroc recèle de grandes richesses naturelles et qu’à valeur d’aujourd’hui le potentiel de croissance est très grand. Mais, on ne peut rester éternellement le verger de l’Europe. Notre pays est situé dans une zone semi-aride et que les projections tablent sur une réduction de moitié du potentiel hydraulique. Alors, continuera-t-on à exporter nos légumes et nos fruits à l’état frais, sans tenir compte de leur valeur en eau ? La question mérite d’être creusée en profondeur.

Des faiblesses et des contraintes

Le secteur agroalimentaire marocain compte près de 2.000 établissements, soit environ le quart de l’ensemble des unités industrielles  du pays. Il réalise près du tiers de la production totale des produits industriels et contribue à raison du cinquième des exportations totales des produits transformés. De plus, les industries agroalimentaires assurent le quart des investissements industriels et emploient près de 15% des effectifs travaillant dans l’industrie de transformation. 92% des entreprises sont de très petite taille, sous capitalisées et faiblement encadrées. La contribution fiscale du secteur des IAA s’élève à près de 4 milliards DH, répartis à hauteur de 30% pour la TVA et 30% pour l’IS, soit finalement quelque 7,5% du chiffre d’affaires. Par rapport aux autres pays méditerranéens, le Maroc se situe parmi les pays à forte pression fiscale notamment en matière de TVA et d’IS.

Abdelouahed Kidiss

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