Un mois après leur réconciliation permise par les "regrets" exprimés par le président turc, les deux chefs d'Etat, hommes forts dans leur pays et aux relations tendues avec les Occidentaux, se sont encore rapprochés à l'occasion du putsch manqué du 15 juillet, suivi de purges sans précédent que Moscou s'est gardé de critiquer.
Lors de leur conférence de presse commune mardi, ils ont évité d'insister sur les sujets qui fâchent, et notamment leurs désaccords sur la Syrie, pour se concentrer sur leur priorité: rétablir des échanges économiques plombés par près de neuf mois de brouille.
Le président russe a assuré que la rencontre, dans le somptueux palais Konstantinovski, à 15 km au sud de Saint-Pétersbourg, avait été "constructive" et "franche".
Il a cependant prévenu qu'il faudrait "un travail difficile à faire pour réanimer la coopération économique et commerciale".
Il s'agit de la première visite à l'étranger du chef de l'Etat turc depuis le putsch manqué du 15 juillet, suivi de purges très critiquées par les Occidentaux dont les relations avec la Turquie se sont considérablement tendues.
Vladimir Poutine a été l'un des premiers responsables étrangers de premier plan à appeler au téléphone M. Erdogan pour condamner ce coup de force et, sans surprise, il n'a pas eu les mêmes états d'âme que les dirigeants européens face aux répressions en cours.
Mardi, M. Poutine a réaffirmé que la Russie était "catégoriquement opposée à toute tentative d'agir de manière inconstitutionnelle".
Ce coup d'Etat manqué, dont Ankara accuse le prédicateur Fethullah Gülen qui s'est exilé aux Etats-Unis d'être l'organisateur, a en revanche envenimé les relations turco-américaines.
Ankara a envoyé de nombreux éléments aux Etats-Unis pour le dossier d'extradition, que Washington ne semble pas pressé de traiter, invoquant la nécessité d'avoir des "preuves" juridiques.
Les relations russo-turques s'étaient considérablement détériorées à la suite de l'affaire du bombardier russe abattu à la frontière turco-syrienne, mais, après des mois d'invectives, Moscou a accepté avec une rapidité inattendue les regrets exprimés par Ankara.
Après avoir levé les sanctions dans le secteur touristique, crucial pour la Turquie très affectée par la désertion des Russes, Moscou et Ankara ont réanimé mardi le projet de gazoduc TurkStream, même s'il sera limité au marché turc et non destiné pour l'instant au marché européen faute des "garanties" voulues par Poutine de Bruxelles.
Quant au chantier de la centrale nucléaire d'Akkuyu, de conception russe, il aura désormais un "caractère stratégique".
Lors d'une rencontre avec des acteurs du monde économique, le président russe a cependant insisté que le rétablissement des relations commerciales se ferait "par étape".
Aucun contrat ferme n'a été signé mardi et l'embargo russe imposé sur certains fruits et légumes turcs reste en place bien qu'une possible levée d'ici à la fin de l'année ait été évoquée par des responsables russes.
Sur l'épineux dossier syrien, les deux dirigeants ont décidé de rester discrets en public.