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Certes, il y a toute une série de clichés qui perturbent le rapport des comédiennes marocaines en particulier et des artistes en général avec le pays du Nil. Depuis des lustres, pour se faire une voix (ou une image). Le Caire était un passage obligé. Cela a réussi pour certains (chapô Samira Said) et un flop pour d’autres. Ce qui est tout à fait naturel et s’inscrit dans une certaine logique de marketing et de rapports de forces. Mais voilà que tout un discours moralisateur tente de lancer un opprobre sur cet exil souvent volontaire, profitant de quelques faits de mœurs qui ont défrayé la chronique pour jeter le bébé avec son eau de bain.
Au cinéma, la participation de comédiennes, marocaines est très limitée voire inexistante de fait même de l’ostracisme et du chauvinisme de la profession du cinéma en Egypte. Et les rares exceptions ont été traitées ici comme de pures trahisons : « Les Marocaines ne sont choisies que pour des rôles où elles se mettent à nu !!!! ». Une attitude qui se nourrit de beaucoup de misogynie, d’ignorance et de conservatisme.
Dans le cas de Sanae Akroud, on a commencé à tirer sur la comédienne avant même la sortie du film. Certains ont écrit leur papier insultant sur la base des rumeurs récoltées sur la toile ou au café du coin. D’autres ont produit des textes « critiques » à partir de la bande annonce. D’autres encore ont tout simplement suivi des orientations pour alimenter « une forme de guerre civile » familière des milieux concurrentiels. Mais, hélas, personne n’a mis en avant le côté strictement artistique, en l’occurrence le côté cinématographique.
Pour une comédienne, jouer dans un contexte différent de celui qui l’a vu naître est toujours une valeur ajoutée. Jouer en outre dans un film de Yousri Nassrallah est valorisant vu la cote dont jouit celui-ci chez les cinéphiles, bien au-delà du seul monde arabe. Il appartient à la génération forgée dans le sillage de Youssef Chahine. Il fait partie des cinéastes qui aiment les acteurs. Il met l’image à leur service. Il n’y qu’à (re)voir son meilleur film jusqu’à présent Almadina pour avoir une idée de son traitement du corps et de l’espace. C’est toujours un traitement empathique qui souligne la complexité de l’interprétation au-delà de sa dimension anecdotique. Ceux qui se focalisent sur l’anecdote, sont enfermés dans le premier degré, ressassent l’éternel conflit que vivent les sociétés bloquées, entre le réel et sa représentation. Pour échapper à l’angoisse que réveille l’image, on se rassure à coup de commentaires. Nous sommes une société née au commentaire quitte à vivre cela dans un parfait dédoublement, on consomme des images importées via les différentes formes de médiation et on refuse notre image. C’est un signe d’un malaise historique.