En effet, la finale a été un non match où s’affrontait une équipe burkinaise, battue d’avance et convaincue d’en avoir déjà trop fait et une équipe nigérianne, vainqueur désigné, forte de son passé et de quelques coups d’éclat réalisés lors des tours préliminaires.
Ce n’est ni avec ce genre de match ni avec la qualité d’une telle compétition que le football africain pourra avancer et prétendre, un jour, remporter le plus illustre des trophées : la Coupe du monde. Mais au-delà de cette finale décevante, que peut-on retenir de cette CAN qui a eu lieu, pour la deuxième fois, après 1996, en Afrique du Sud?
Cette édition, malgré sa médiocrité, a permis de confirmer certaines tendances importantes dans l’évolution du football africain :
Le bilan de la CAN 2013
1- Impuissance de certaines équipes, pétries de joueurs de dimension internationale, à s’imposer. Cet aspect concerne, bien entendu, le Ghana et la Côte d’Ivoire;
2- L’émergence, de plus en plus fréquente, de «Petits Poucets» qui animent la compétition en attendant de se forger une personnalité. Cette année, on a vu le Cap-Vert, le Niger voire l’Ethiopie;
3- La baisse de régime des pays maghrébins (Algérie, Maroc, Tunisie), forts de leur glorieux passé et de leurs «vedettes » évoluant en Europe mais incapables de passer le premier tour. Ces pays doivent mener une profonde réflexion sur la situation de leur football qui est, apparemment, mal en point;
4- Le succès de plus en plus notable des pays qui ont favorisé la formation dans leur développement comme le Burkina Faso et surtout le Mali (3ème en 2012 et en 2013, quatrième en 2002 et en 2004);
5- La faiblesse de l’affluence du public. En Afrique, il y a une tendance néfaste qui commence à se généraliser : seuls les matches du pays organisateur attirent des spectateurs. Il est certain qu’aucune compétition ne peut réussir dans ces conditions. C’est là un chantier important pour la CAF qui doit apporter les correctifs nécessaires.
6- Les erreurs arbitrales continuent de sévir malgré de grands progrès mais la décision courageuse de la CAF de punir l’arbitre défaillant du match Burkina Faso – Ghana est une lueur d’espoir pour l’avenir de l’arbitrage en Afrique.
Le Maroc, un précurseur en Afrique
La prochaine édition aura lieu au Maroc, un pays précurseur pour le football africain puisque c’est lui qui a fourni les premiers joueurs pro en Europe, avec la perle noire, Larbi Ben Barek et c’est aussi le premier pays à avoir occupé la première place offerte par la FIFA à l’Afrique en coupe du monde; c’est aussi, le premier pays africain à être passé au deuxième tour de cette compétition, le premier pays à être entré dans le top 10 du classement FIFA (en 1998), et aussi le premier pays à avoir qualifié un arbitre (Belkola) qui a officié les finales de la CAN 1998 et de la Coupe du monde 1998.
Le Maroc, c’est également le premier pays africain qui a déposé sa candidature pour organiser la Coupe du monde.
Les défis qui attendent le Maroc en 2015
Au vu de ces constatations, le Maroc, en organisant la CAN 2015 va assumer de lourdes responsabilités concernant l’avenir du football africain :
1- Il doit faire de cette compétition une fête populaire;
2- Il doit réhabiliter le football maghrébin, en général et, marocain, en particulier, avec son public;
3- Il doit rétablir la crédibilité et l’efficacité de l’arbitrage dans le football africain;
4- Il doit faire de l’équipe nationale marocaine, impuissante et décimée par les échecs, un futur vainqueur de la compétition et, à défaut, un demi-finaliste.
Ces défis paraissent insurmontables vu l’incompétence et l’opportunisme qui prévalent dans le domaine.
Mais espérons que le Maroc, qui a la réputation d’être le pays des miracles, saura trouver, d’ici 2015, les ressources nécessaires pour transcender les énormes inconvénients des structures censées le servir.