Plus d'un million d'enfants sud-soudanais réfugiés dans les pays voisins

Les ONG redoutent une catastrophe à cause de la famine


Mardi 9 Mai 2017

La guerre civile a forcé plus d'un million d'enfants à fuir le Soudan du Sud et en a déraciné 1,4 million d'autres à l'intérieur du pays, ont déclaré lundi des agences de l'ONU.
Les enfants représentent 62% des 1,8 million de Soudanais du Sud qui ont fui leur pays pour gagner des camps de réfugiés en Ethiopie, au Kenya et en Ouganda voisins depuis le début du conflit fin 2013, selon un communiqué commun du Fonds des Nations unies pour l'enfance, l'Unicef, et du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
Par ailleurs, 1,4 million d'enfants vivent dans des camps de déplacés à l'intérieur du Soudan du Sud.
"L'avenir d'une génération est en jeu", a déclaré Leila Pakkala, directrice de l'Unicef pour l'Afrique de l'Est et australe.
"Le fait effroyable que près d'un enfant sur cinq au Soudan du Sud a été obligé de fuir son foyer illustre combien le conflit a un effet dévastateur sur les plus vulnérables de ce pays", a-t-elle ajouté dans le communiqué.
Deux ans et demi après son indépendance, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts. La famine, conséquence directe du conflit, touche plus de 100.000 personnes dans certaines zones du pays et en menace un million d'autres.
"Il n'y a pas aujourd'hui de crise de réfugiés qui me préoccupe plus que le Soudan du Sud", a déclaré le responsable pour l'Afrique du HCR, Valentin Tapsoba, dans le même texte.
L'Unicef dit avoir recueilli un peu plus de la moitié des 181 millions de dollars (164 millions d'euros) réclamés pour cette année tandis que le HCR ajoute n'avoir obtenu que 11% des 782 millions de dollars qu'il estime nécessaires.
En effet, la famine qui ravage le Soudan du Sud pourrait virer à la catastrophe humanitaire si la communauté internationale échoue à se mobiliser, ont mis en garde des ONG lors du Forum économique mondial sur l'Afrique.
Etendue à toute la Corne de l'Afrique, cette crise alimentaire constitue l'un des principaux sujets de discussion des responsables économiques et politiques du continent réunis depuis mercredi à Durban (est), au bord de l'océan Indien.
Présidente de Stop Hunger Now, Sarai Khan a déploré auprès de l'AFP la faiblesse de l'aide internationale au Soudan du Sud.
"C'est sinistre. Ils ont déjà connu une sécheresse majeure en 2012 et il semble qu'ils ne s'en soient jamais complètement remis", a déclaré Mme Khan, "c'est maintenant la deuxième et les ONG et les gouvernements hésitent à faire ce qui est nécessaire".
"Si rien n'est fait, nous allons finir l'année avec 6 millions de morts", a-t-elle affirmé.
Moins alarmiste, l'ONU estime à plus de 100.000 le nombre de personnes effectivement touchées par la famine et à un million celui de la population sud-soudanaise directement menacée de l'être.
Cette situation, ajoutaient récemment les Nations unies, est la conséquence de la guerre civile qui déchire la plus jeune nation du monde -- devenue indépendante du Soudan en 2011 -- depuis la fin 2013, causée par des rivalités politiques et ethniques entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
L'ONU a estimé à 1,5 milliard d'euros le montant de l'aide nécessaire pour éviter un lourd bilan en vies humaines au Soudan du Sud. A ce jour, 26% à peine ont été réunis.
"Les besoins sont énormes, le déficit d'aide aussi", s'est inquiétée auprès de l'AFP la directrice exécutive d'Oxfam Winnie Byanyima. "Il doit être comblé de toute urgence", a-t-elle insisté, "lorsque quelqu'un meurt de faim, c'est un échec car il est possible de l'empêcher en agissant rapidement".
Ce conflit déstabilise aussi la Somalie, le Soudan, l'Ethiopie, le Kenya et l'Ouganda voisins. Environ 1,9 million de personnes ont fui la guerre au Soudan du Sud, la plupart dans les pays limitrophes.
"J'ai visité des endroits où les gens sont coincés dans des camps dits de +protection des civils+", a indiqué Mme Byanyima. "Les femmes y ont le choix entre souffrir de la faim ou sortir du camp pour trouver à manger avec le risque de se faire violer".
A des milliers de kilomètres plus à l'est, le Nigeria lui aussi connaît une situation alimentaire très difficile.
"Je reviens juste du nord-est du Nigeria, dévasté par (le groupe islamiste) Boko Haram", a ajouté la responsable d'Oxfam. "Là-bas, 47.000 personnes souffrent de la faim et 5 millions d'autres pourraient connaître le même sort dans les prochains mois".
Selon le vice-coordinateur de l'ONU pour le Nigeria, Peter Lundberg, les agences humanitaires qui travaillent dans le pays auront dépensé leurs derniers dollars dès le mois prochain.


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