Pilonnage continu à Alep-Est devant une communauté internationale impuissante


Jeudi 24 Novembre 2016

Les quartiers rebelles d'Alep, assiégés depuis plus de quatre mois, sont toujours sous les bombes de l'armée syrienne, et la communauté internationale semble résignée à voir la ville tomber dans sa totalité entre les mains du régime selon les experts.
Au total, 143 civils dont 19 enfants ont péri en une semaine de bombardements à l'artillerie et depuis les airs, dans Alep-Est, tandis que 16 autres civils, dont 10 enfants, ont été tués par les tirs rebelles dans Alep-Ouest contrôlé par le régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il n'y a "aucun lieu sûr pour les enfants dans ce conflit", a affirmé l'ONG Save The Children, via sa représentante en Syrie Sonia Khush, en dénonçant les exactions des deux côtés du front, et notamment cette attaque rebelle sur une école d'Alep-Ouest qui a tué au moins huit enfants dimanche.
En dépit des condamnations à l'étranger, la communauté internationale semble en tout cas impuissante à contrecarrer la détermination de Damas et de ses alliés russe et iranien à reconquérir l'ensemble d'Alep, principal front d'un conflit qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans et demi en Syrie.
Et le dossier syrien ne semble pas mobiliser outre mesure le président américain élu. Dans sa deuxième interview mardi, au New York Times, Donald Trump a ainsi survolé cette question, assurant seulement, sans plus de précision, avoir "une perspective différente de tout le monde".
Pour Emile Hokayem, de l'International Institute for Strategic Studies, la chute d'Alep-Est semble en tout cas inéluctable: "A ce stade, on ne peut pas faire grand-chose", a-t-il regretté auprès de l'AFP: "Il y a eu un temps où on pouvait faire quelque chose pour Alep, (...) maintenant, c'est trop tard".
Déterminée à obtenir la reddition des rebelles, l'aviation du régime a largué mardi des tracts sur lesquels était représenté un bus: "A ceux qui portent des armes, nous vous tendons notre main. Réservez votre place avant qu'il ne soit trop tard", affirme l'armée, et "permettez aux civils qui le souhaitent de partir, arrêtez de les utiliser comme otages et boucliers humains".
Largage de tracts donc, mais aussi de bombes, sur les quartiers rebelles de Sakhour, Massaken Hanano ou Cheikh Najjar.
L'OSDH a également fait état de plusieurs cas de suffocation d'habitants après la chute de quatre barils d'explosif sur les quartiers de Qaterji et Daher Awad. Des sources médicales pensent qu'il s'agit probablement de chlore.
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui examine "plus de 20" accusations sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, a accepté mardi l'offre de la Russie de fournir des éléments "pouvant (lui) être utiles". L'armée russe affirme avoir les preuves de l'utilisation d'armes chimiques par les rebelles d'Alep.
L'un des quartiers d'Alep les plus disputés est celui de Massaken Hanano, dont un tiers est désormais contrôlé par les forces gouvernementales, soutenues notamment par les forces du Hezbollah libanais. Sa prise permettrait au régime de "séparer le nord d'Alep-Est du reste" des secteurs assiégés, a souligné le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
La  progression des forces gouvernementales ajoute au désespoir des quelque 250.000 personnes d'Alep-Est, sans ravitaillement ni aide depuis plus de quatre mois.
Le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, a de son côté dénoncé le recours au siège à Alep, la grande métropole du nord, et ailleurs en Syrie, faisant état de près d'un million de personnes bloquées: Les habitants "sont isolés, affamés, bombardés et privés d'aide médicale et d'assistance humanitaire, afin de les forcer à se soumettre ou à fuir". "C'est une tactique délibérée (...) une forme cruelle de punition collective".


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