Pétition pour réclamer le retrait du Nobel de Suu Kyi

164.000 Rohingyas ont fui la Birmanie en 2 semaines


Vendredi 8 Septembre 2017

 Des centaines de milliers de personnes à travers le monde réclament le retrait du prix Nobel attribué à Aung San Suu Kyi, vivement critiquée pour sa gestion de la crise des Rohingyas, une éventualité toutefois exclue par le comité Nobel norvégien.
Jeudi matin, la pétition en ligne "Reprenez le prix Nobel de la paix d'Aung San Suu Kyi" avait recueilli plus de 364.000 signatures. "Jusqu'à présent, Aung San Suu Kyi, qui dirige de facto la Birmanie, n'a pour ainsi dire rien fait pour arrêter ce crime contre l'humanité dans son pays", estime son initiateur indonésien.
Très critiquée à l'étranger pour son silence sur le sort de la minorité musulmane des Rohingyas, Aung San Suu Kyi, qui dirige de facto le gouvernement birman, a dénoncé mercredi un "iceberg de désinformation" donnant, selon elle, une vision trompeuse de la crise.
A Oslo, le comité Nobel norvégien a fait valoir qu'il lui était statutairement impossible de retirer un prix.
"Ni le testament d'Alfred Nobel ni les statuts de la Fondation Nobel n'ouvrent la possibilité qu'un prix Nobel -que ce soit en Physique, Chimie, Médecine, Littérature ou Paix-- soit retiré. La question ne se pose donc pas formellement", a déclaré à l'AFP le secrétaire du comité, Olav Njølstad.
"Seuls les efforts d'un lauréat jusqu'à l'attribution du prix sont évalués par la comité Nobel", pas son action ultérieure, a-t-il ajouté.
Aung San Suu Kyi s'était vu attribuer le Nobel en 1991, alors qu'elle était en résidence surveillée de son pays, et n'avait pu se rendre à Oslo pour prononcer son discours d'acceptation que 21 ans plus tard.
Depuis des décennies, la minorité musulmane des Rohingyas, qui compte environ un million de personnes en Birmanie, est victime de discriminations en Birmanie.
Considérés comme des étrangers au sein de la Birmanie, pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides, même si certains vivent dans ce pays depuis des générations.
Certains analystes estiment que le prix Nobel de la Paix est impuissante face à la montée des bouddhistes extrémistes et face à une armée qui reste très forte y compris politiquement dans un pays qui fut pendant près de 50 ans une dictature militaire.
En moins de deux semaines, quelque 164.000 personnes, la plupart des musulmans rohingyas, ont fui les violences en Birmanie pour se réfugier au Bangladesh voisin, a annoncé jeudi l'ONU, craignant une crise humanitaire.
"On en est à 164.000" depuis le 25 août, a annoncé à l'AFP Vivian Tan, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Ces habitants fuient les violences dans leur région de l'ouest de la Birmanie depuis des attaques contre des postes de police le 25 août par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de la minorité musulmane rohingya.
Depuis, l'armée birmane a lancé une vaste opération dans cette région pauvre et reculée, l'Etat Rakhine, poussant des dizaines de milliers de personnes sur les routes. Dernier bilan selon l'armée birmane jeudi: plus de 430 morts principalement des "terroristes" rohingyas.
Outre le manque de vivres et d'espace dans des camps déjà surpeuplés au Bangladesh, l'état de santé des nouveaux réfugiés inquiète, en pleine saison des pluies. Certains arrivent blessés dans l'explosion de mines côté birman.
Les ONG internationales comme le Programme alimentaire mondial (PAM) ne peuvent plus distribuer de vivres côté birman, alors que dans cette région, plus de 80.000 enfants souffrent de malnutrition et quelque 120.000 Rohingyas vivent dans des camps à Sittwe depuis des violences interconfessionnelles en 2012.
Les Rohingyas n'ont pas accès au marché du travail et leurs déplacements sont limités, ce qui les rend dépendants de l'aide alimentaire.


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