La méthodologie analytique adoptée ne saurait donner prise à contestation puisque les auteurs se fondent, d’une part, sur plusieurs centaines de versets coraniques cités in extenso et d’autre part, sur les sources les plus orthodoxes de l’exégèse (hadiths), à savoir les textes des propres compagnons de Mohammed et les interprétations classiques de Al-Wâhidï, Muqâtil, Al-Bukhârî, Al-Dahhâk, etc. Au total, une vingtaine d’auteurs et de livres, dont la liste est citée en annexe, de nature à renseigner sur la vie du Prophète et sur les nombreux sujets abordés par le Coran.
Les deux modalités de lecture du Coran
Mahmoud Hussein s’attaque à une querelle, née au lendemain de la mort du Prophète, relative aux modalités de lecture du Coran. D’un côté, le courant rationaliste incarne le recours à la Raison et somme le pratiquant de sillonner les antipodes de sa tranquillité par une interprétation personnelle, exigeante, du Coran. Pratiquer une lecture du Livre en entretenant un lien vivant avec le contexte de sa révélation serait même une injonction divine faite à celui qui veut correctement pratiquer l’ "abandonnement à Dieu", qui se dit islam en arabe. De l’autre côté, le courant littéraliste, gardien de la Tradition, masque la composante temporelle du Saint Livre pour voir dans cette parole divine une loi immuable formulée définitivement ("le Coran étant la Parole de Dieu, il n’est pas tributaire du temps").
En suivant l’a priori littéraliste, les croyants abdiquent leur liberté de conscience « en échange de certitudes simples, arbitrairement découpées dans le texte coranique". Cette approche totalisante, sans nuances, excommunie tous les points de vue concurrents et confronte le musulman à un syllogisme redoutable : " (…) est musulman celui qui croit que le Coran est la Parole de Dieu. Celui qui doute de l’imprescriptibilité de tous ses versets doute, nécessairement, du credo selon lequel le Coran est la Parole de Dieu. Il n’est donc plus musulman".