Pauvreté et liberté économique ne font pas bon ménage en Afrique


Par Christian-Aimé Chofor Che
Samedi 5 Octobre 2013

Pauvreté et liberté économique ne font pas bon ménage en Afrique
Le Rapport sur la liberté économique dans le monde du Fraser Institute a été publié le mois dernier. Il compile des données de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Forum économique mondial, entre autres institutions, pour produire un classement des pays. Le rapport mesure des variables sur cinq domaines : la structure juridique et la sécurité des droits de propriété, la liberté du commerce international, la taille de l’État d’une nation, la réglementation de l’accès au crédit, du travail et des affaires, et enfin, l’accès à une monnaie « saine ».
Selon l’analyse publiée par la Free-Market Foundation basée en Afrique du Sud, le pays est classé 88ème sur 152 pays et territoires dans ce dernier rapport. Hong Kong est à nouveau en tête du classement, suivi par Singapour, la Nouvelle-Zélande et la Suisse. Les Etats-Unis, autrefois considérés comme un bastion de la liberté économique, se classent maintenant 17ème. La Zambie, le Rwanda, le Botswana, le Kenya, la Tunisie et l’Ouganda sont classés devant l’Afrique du Sud, alors que pas un des autres pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) n’a été classé dans le top 100 des Etats avec un bon niveau de liberté économique.
L’Afrique du Sud, qui, il n’y a pas si longtemps été louée pour sa réglementation boursière et ses normes d’audit et de reporting, présente des résultats médiocres en ce qui concerne le premier quartile des indicateurs de liberté économique dans les cinq catégories. La catégorie la plus faible est liée à la taille de l’Etat en Afrique du Sud, en particulier les sous-catégories de l’indicateur que sont la consommation publique, les entreprises et l’investissement publics.
Cela signifie que l’Etat sud-africain a consommé une plus grande proportion de la production économique nationale que la norme mondiale, et exerçait une « implication relativement forte » dans la production, et dans l’investissement menant à cette production. De manière plus problématique, le rapport ajoute que l’Afrique du Sud a vu ses classements se dégrader depuis 2000, les ressources de l’Etat évinçant le secteur privé plus productif.
Mark Allix de BusinessDay direct est d’avis qu’il est dommage que l’Afrique du Sud soit au-dessous de la moyenne mondiale. L’équipe de l’institut Fraser en collaboration avec d’autres organisations avaient auparavant mis en garde l’Afrique du Sud de l’inefficacité de son éducation et de son marché du travail. Elle avait donc prédit un mauvais classement du pays. Selon l’institut Fraser, à côté des contrôles de capitaux restant, la négociation collective centralisée et la réglementation des affaires, l’Afrique du Sud est en proie à la menace du contrôle des prix et des effets conjugués de déficits d’infrastructure ainsi que d’une mauvaise mise en œuvre des politiques publiques.
Azar Jammine, sud-africain, économiste en chef et directeur d’Econometrix (Pty) Ltd, est d’avis que l’économie sud-africaine a longtemps souffert de l’apartheid. Il y a eu quelques espoirs après l’apartheid, mais désormais ces espoirs semblent s’évanouir, surtout avec la crise qui a récemment frappé le secteur minier.
Malgré les doutes avancés par de nombreux pessimistes au sujet des méthodes utilisées par le Rapport mondial sur la liberté économique pour produire de tels classements, il reste quelques truismes dans ce genre de rapports. La plupart des Etats africains, dont l’Afrique du Sud, n’ont pas donné au secteur privé la possibilité d’exceller par manque de liberté économique. Une analyse critique du climat économique de la plupart des Etats africains montre que la structure juridique et la sécurité des droits de propriété dans ces Etats restent peu développés. De même la promotion de la liberté du commerce international y demeure floue. La plupart des États centraux en Afrique ont une taille trop grande, nécessitant l’utilisation d’une grande partie de l’argent des contribuables pour couvrir des dépenses injustifiées. La réglementation étouffante du crédit, du travail et des affaires s’ajoute également dans ce mauvais classement économique de l’Afrique du rapport de l’Institut Fraser.
Il est évident que les personnes vivant dans les pays avec des niveaux élevés de liberté économique jouissent d’une plus grande prospérité, de davantage de libertés civiles et politiques, d’une meilleure santé et d’une durée de vie plus longue. Tout cela est fondé sur davantage de choix personnel, sur l’échange volontaire, la libre concurrence et la sécurité de la propriété privée.
Si les pays africains veulent changer les choses, il est impératif qu’ils repensent les différentes stratégies de politiques publiques à l’aune de la liberté économique et de la liberté tout court.

 * Analyste sur
AfricanLiberty.org


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