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"Quoi qu'elle fasse, l'ETA ne trouvera aucune faille et pas d'impunité pour ses crimes", a déclaré M. Rajoy lors d'un discours à Logroño, dans le nord de l'Espagne, alors que l'organisation devait formaliser jeudi sa dissolution. "Nous ne lui devons rien et nous n'avons à lui être reconnaissants de rien".
L'Espagne s’attendait jeudi à ce que l'organisation séparatiste basque ETA formalise sa dissolution et mette un point final à la dernière insurrection armée d'Europe occidentale, probablement dans une vidéo où apparaîtrait l'un de ses chefs les plus recherchés.
Fondée en 1959 sous la dictature de Francisco Franco, l'ETA a fait au moins 829 morts dans une campagne d'assassinats et d'attentats à la bombe en Espagne et en France, au nom de l'indépendance de "Euskal Herria", le Pays basque espagnol et français et la Navarre.
Décimée par les arrestations de ses chefs, rejetée par la population, l'organisation classée comme terroriste par l'Union européenne avait déjà renoncé à la violence en 2011 et avait livré ses armes l'année dernière.
Elle a franchi un pas supplémentaire dans une lettre datée du 16 avril et publiée mercredi dans la presse espagnole, annonçant avoir "dissous complètement toutes ses structures".
La lettre était destinée aux personnalités qui l'ont encouragée à renoncer à la violence, comme l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan ou l'ex-chef du Sinn Fein irlandais, Gerry Adams, selon un membre du gouvernement régional basque qui s’attendait hier à l'annonce formelle de la dissolution.
L’annonce sera suivie aujourd’hui par une cérémonie à Cambo-les-bains, dans le Pays basque français, où est attendu Gerry Adams.
La fin de l'ETA doit être "unilatérale, réelle, et définitive. Et je crois que l'annonce répondra à ces conditions", a déclaré jeudi le président de la région basque, le nationaliste Iñigo Urkullu.
"L'ETA le devait à la société basque et à l'ensemble de l'humanité, dit-il dans une interview au journal El Pais. Elle n'aurait jamais dû exister".
D'après la presse espagnole, l'annonce prendrait la forme d'une vidéo, où apparaîtrait Jose Antonio Urrutikoetxea, dit Josu Ternera, 67 ans, ancien chef de l'ETA disparu depuis 2002. Condamné pour au moins 11 assassinats, il souffrirait d'un cancer.
Sa réapparition possible a indigné des victimes de l'ETA. Dans une conférence de presse à Saint Sébastien (nord), le Collectif des victimes du terrorisme (Covite) a exigé que l'ETA condamne la terreur et cesse de rendre des hommage publics à ses militants quand ils sortent de prison. Il attend aussi qu'elle fasse la lumière sur 358 crimes encore inexpliqués.
Les victimes avaient déjà mal accueilli un message diffusé le 20 avril où la faction armée regrettait "les torts causés" mais ne demandait pardon qu'aux seules victimes qui n'étaient pas parties au "conflit", laissant entendre que les autres, comme les policiers, étaient des cibles légitimes.
L'immense majorité des Basques rejette la violence, mais une minorité réclame encore l'indépendance. La coalition séparatiste EH Bildu, second parti au Parlement basque, a recueilli 21% des voix aux élections régionales de 2016.
Ses adversaires craignent que les séparatistes imposent la version de l'histoire de l'ETA: une lutte contre une oppression séculaire du peuple basque, exacerbée sous la dictature franquiste.
Les victimes et les historiens soulignent que l'ETA a continué à tuer bien après la mort de Franco et le retour de la démocratie en Espagne.
"L'ETA n'a jamais voulu amener la démocratie ou la liberté mais mettre fin à celle qui existait", a déclaré mercredi le philosophe Fernando Savater. Le gouvernement espagnol a déjà prévenu qu'il n'était prêt à aucune concession et continuerait à traquer les "terroristes" en fuite.
D'après le Forum social, qui soutient les familles de prisonniers, une centaine d'Etarras seraient encore dans la clandestinité.
Les attentats de l'ETA ont entraîné une "sale guerre", assassinats de membres de l'ETA par des groupes para-policiers, et torture aux mains de la police.
Ces victimes-là demandent, comme l'ETA, que cette violence soit prise en compte.
"Si l'on ne reconnaît pas une partie de la souffrance, il est très difficile de réunir les conditions de la réconciliation", a déclaré à l'AFP Ane Muguruza, 28 ans.
Son père Josu -- un député de Herri Batasuna, le bras politique de l'ETA-- a été assassiné en 1989 par des militants d'extrême droite dont elle croit qu'ils avaient l'aval de l'Etat.