Paris veut tenter de redonner un souffle au processus de paix au Proche-Orient

Netanyahu rejette l’approche et se dit prêt à reprendre les négociations directes avec les Palestiniens


Samedi 4 Juin 2016

La France a organisé vendredi une réunion internationale sur le Proche-Orient, sans illusions sur les chances de régler un des plus vieux conflits du monde, mais avec la volonté d'obtenir, au moins, un réengagement marqué en faveur de la solution à deux Etats, israélien et palestinien.
Attitude "modeste", vision "lucide": Paris n'a pas cherché à créer trop d'attentes concernant un dossier marqué par des décennies de négociations et d'espoirs de paix déçus. Mais en invitant les ministres d'une trentaine de pays arabes et occidentaux, les représentants de l'ONU, de l'Union européenne, la France mise sur une approche internationale pour tenter de ranimer un processus de paix qui n'en a plus que le nom.
"Il faut redonner de l'espoir, recréer une ambiance internationale favorable à un processus", expliquait récemment le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, alertant sur une situation "catastrophique" et l'urgence de se ressaisir d'une question passée au second plan depuis les printemps arabes et les conflits de la région, Syrie en tête.
Les dernières négociations israélo-palestiniennes, sous égide américaine, ont échoué au printemps 2014, et sur le terrain, la situation, même s'il s'agit d'un "conflit de basse intensité", empire de façon régulière.
Attaques au couteau menées par des Palestiniens, représailles israéliennes, les violences ont fait plus de 200 morts palestiniens et une trentaine d'Israéliens depuis le 1er octobre. La colonisation israélienne se poursuit sans fléchir dans les territoires palestiniens. Côté politique, le gouvernement de l'Etat hébreu est l'un des plus à droite de l'histoire du pays, tandis que les Palestiniens sont plus divisés et affaiblis que jamais.
Partant du constat que le dialogue entre les deux protagonistes est à ce stade "impossible", la France ne les a pas conviés.
La conférence de vendredi serait une première étape, un prélude à l'organisation d'une conférence de paix à l'automne 2016, avec cette fois-ci les deux parties concernées.
Selon des sources diplomatiques, l'idée est de remettre au centre l'initiative arabe de 2002, prévoyant la reconnaissance de l'Etat d'Israël par les pays arabes, dans le cadre d'une paix globale. Mais avant toute chose, de réaffirmer la solution de deux Etats israélien et palestinien vivant côte à côte, une hypothèse qui paraît de plus en plus éloignée vu la situation sur le terrain.
L'initiative française se heurte cependant à de multiples obstacles, dont le premier est l'hostilité affichée d'Israël. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l'a exprimée sans prendre de gants à Jean-Marc Ayrault puis à son homologue français Manuel Valls, récemment venus dans la région.
Netanyahu rejette toute approche multilatérale et n'a de cesse de répéter qu'il est prêt à reprendre les négociations directes avec les Palestiniens. Il s'est certes dit "prêt à négocier" le plan arabe de 2002, mais nombre de commentateurs le soupçonnent simplement de jouer la montre.
Les Palestiniens, eux, soutiennent pleinement la démarche française. "Ils sont dans un tel état de faiblesse et de déliquescence qu'ils n'ont pas beaucoup d'autres cartes entre les mains", estime Agnès Levallois, chercheuse spécialiste de la région.
Une autre interrogation porte sur le niveau d'implication, au-delà d'un intérêt poli, des Etats-Unis, médiateurs historiques et acteurs incontournables sur le dossier. Le secrétaire d'Etat John Kerry, médiateur malheureux des négociations israélo-palestiniennes en 2013 et 2014 "souhaite entendre toutes les idées" et "explorer toutes les options" pour parvenir à une solution à deux Etats, a indiqué son porte-parole John Kirby.
Côté arabe, en dépit de réticences initiales de la Jordanie et surtout de l'Egypte, "il y a désormais une bonne dynamique" en faveur de la conférence de Paris, estime un haut responsable français.
"Au fond, tout le monde ne peut que soutenir cette initiative, même si personne n'y croit véritablement", résume Agnès Levallois.
"Mais le grand, sinon le seul intérêt de cette démarche, est de montrer qu'il faut à nouveau s'intéresser à cette question, dire aux Palestiniens qu'ils ne sont pas complètement abandonnés, et remettre enfin le droit international au cœur du dossier", estime la chercheuse.


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