-
Le bateau-musée Art Explora, l’Odyssée culturelle qui brise les frontières
-
Rabat à l’heure des 2èmes Assises des industries culturelles et créatives
-
Troisième Festival national des arts patrimoniaux à El Kelaâ des Sraghna
-
L’initiative "Years of Culture" dévoile le programme d’automne de l’année culturelle "Qatar-Maroc 2024"
Cette épopée dirigée par le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), épaulé par la Marine française, Dassault Systèmes et la chaîne Arte qui en tirera un documentaire, débute après 19 années de patience et de recherches depuis la découverte de l’épave.
L’histoire commence en mai 1993, quand Paul-Henry Nargeolet fait des essais en Méditerranée à bord du sous-marin Nautile. Au détour d’un test, le sonar du submersible détecte “un bruit de métal”. Il en cherche l’origine et se retrouve face à “une image absolument fantastique”: les 48 canons de “La Lune”.
La découverte est immense, mais les technologies de fouilles sous-marines ne permettent pas, à l’époque, un chantier archéologique approfondi sur l’épave.
“L’enjeu était au-dessus de nos forces, nous y avons raisonnablement renoncé”, explique Michel L’Hour, directeur du Drassm, qui a présenté l’opération à la presse cette semaine.
Mais deux décennies durant, les trésors que recèle ce “pompéi sous-marin” n’auront de cesse de le fasciner. Le navire, ayant coulé à pic et dans des eaux profondes, a en effet été préservé des dégradations et des vols que subissent les sites archéologiques sous-marins plus accessibles. Une accumulation de vaisselle, d’artillerie, d’objets du quotidien miraculeusement préservés, repose donc au fond de l’eau.
C’est aussi, souligne le préfet maritime Yann Tainguy, une sépulture sous-marine, où reposent les mille hommes ayant sombré avec le vaisseau le 6 novembre 1664.
Aujourd’hui, ce n’est donc pas une fouille ordinaire qui commence, mais la mise au point d’un “chantier laboratoire”, premier pas vers l’exploration, sur la durée, de sites à très grande profondeur.
Au centre du dispositif, le navire de recherche sous-marine André Malraux, mis en service en début d’année. Il sera accompagné de sous-marins, de robots, d’un scaphandre habité et de matériel d’imagerie 3D.
Cette dernière technologie permet d’appréhender le site de fouille hors de l’eau, c’est-à-dire “de commettre des erreurs dans le monde virtuel pour ne plus les commettre dans le monde réel”, explique Cédric Simard, responsable du projet chez Dassault.
A terme, elle permettra aussi au grand public d’admirer le vaisseau en 3D, parfaitement reconstitué. Un navire méconnu, que personne ne peut pour l’heure décrire avec certitude, conséquence de son malheureux sort. Si “la Lune, ce navire d’un roi qui aimait à se faire appeler Soleil, a disparu des mémoires”, c’est “parce que cette éclipse (le naufrage, ndlr) était préjudiciable” au souverain, avance Michel L’Hour. D’autant que le vaisseau amiral était devenu le symbole d’une défaite.
Avant de sombrer, il avait en effet été envoyé à Djidjelli, sur les côtes de l’actuelle Algérie, pour rapatrier des soldats du royaume vaincus par l’armée ottomane. Revenu à Toulon surchargé, on lui intima l’ordre de repartir plus loin pour être mis en quarantaine, des cas de peste ayant été détectés dans la région. En dépit des protestations de son capitaine, “La Lune” rappareilla mais coula presque immédiatement.
Son équipage, ses souvenirs et ses secrets gisent depuis par 90 mètres de fond, mais les chercheurs de “l’opération Lune” espèrent tout faire remonter à la surface dans les mois qui viennent.