-
Au Bénin, les femmes, "piliers incontournables" des célébrations des Vodun Days
-
En Tunisie, une barge-hôpital pour remettre en forme des espèces de tortues protégées
-
"Une autoroute pour cyclistes": Sur la Costa Blanca, dans la fourmilière du peloton pro
-
Un mégaprojet d'hydrogène vert menace l'observation du ciel dans le désert d'Atacama
-
Au salon CES, la bataille des lunettes connectées fait rage
Sept hommes résident actuellement dans ce Centre. "Je dois être le premier homme dans les Balkans à reconnaître avoir été battu par sa femme", admet Dusan, un homme d'une cinquantaine d'années. "Ma femme et ses deux filles me battaient avec des battes de base-ball", poursuit-il en fouillant d'une main tremblante les documents de son épais dossier judiciaire.
Selon lui, elle l'a fait pour l'accuser lui de violence conjugale et pouvoir s'emparer de ses biens. Il a souffert des blessures sérieuses et ressent à ce jour les conséquences de l'agression.
Et le plus dur de l'affaire, explique Dusan, c'est qu'il lui a fallu des mois pour prouver que c'était lui la victime. Il a même été emprisonné pendant deux mois -- suite aux accusations de sa femme -- avant d'être relaché, mais avec interdiction de s'approcher de sa maison. Son domicile, son centre d'élevage de chiens, tous ses biens sont restés à sa femme. "Tout cela résulte du refus des tribunaux de reconnaître que la violence conjugale contre les hommes existe aussi", estime Verica Zivanovic, une juriste qui aide l'organisation.
Le président et le fondateur de l'organisation, Dusan Trifunovic, ancien maire de Cuprija, explique que les hommes ont du mal à faire valoir leurs droits dans ce type d'affaire.
"Même lorsqu'ils obtiennent un jugement en leur faveur, il est impossible de le mettre en application", se plaint-il.
Mme Zivanovic avoue avoir été tentée de rire lorsqu'elle a entendu parler pour la première fois de l'organisation "Sécurité masculine", mais qu'elle a ensuite été surprise par le nombre de cas similaires à celui de Dusan.
Selon les membres de l'organisation, un millier d'hommes se sont adressés à eux depuis l'ouverture du Centre de Cuprija, la plupart suite à une émission de télévision. "L'intérêt est grand, mais nous sommes limités par nos capacités d'accueil. Nous ne prenons que des cas urgents", explique M. Stojkovic, qui est devenu coordinateur de l'organisation.
Les hommes ne sont pas victimes de violences de la part des femmes seulement. Selon M. Trifunovic, les enfants sont de plus en plus à l'origine de violences. Selon les estimations, de 7 à 10% des hommes en Serbie sont victimes de violences conjugales, physiques ou psychologiques, indique-t-il.
Il n'est pas facile de reconnaître dans les Balkans, où les hommes doivent être perçus comme infaillibles ou tout puissants, avoir été victime de violences conjugales. "Lorsqu'il s'agit de violence physique, les hommes serbes n'admettent pas facilement en avoir été victimes à cause du modèle patriarcal de l'éducation", explique à l'AFP Svetlana Acimovic, travailleur social dans un Centre de conseils pour le mariage et la famille. "Ils parlent plus facilement de violence mentale, mais nous avons toujours beaucoup plus de femmes victimes de violences. Elles représentent plus de 90% des gens qui s'adressent à nous", tient-elle à préciser. L'un des résidents du Centre de Cuprija, Janko Paunovic, a une proposition pratique: "Il faudrait construire des maisons d'accueil pour les hommes et les femmes l'une à côté de l'autre". "Nous aurions là des hommes et des femmes qui ont souffert. Ils pourraient en parler et qui sait ce que pourrait se passer ensuite...", dit Janko avec un sourire ambigu.