La sentence est tombée à l'issue d'un vote du CIO qui a validé le processus de double attribution. Le 13 septembre à Lima, Paris et Los Angeles seront fixées sur leur sort.
Sur l'estrade peu après le vote, les différents protagonistes de ce jeu diplomatico-sportif ont affiché leur soulagement, repoussant soigneusement les questions sur 2028.
Main dans la main, Anne Hidalgo, maire de Paris, et son homologue de Los Angeles, le démocrate Eric Garcetti, sont montés à la tribune pour dire "merci" de concert, encadrant Thomas Bach, président du CIO.
Un accord "gagnant-gagnant-gagnant", qui reste à formaliser, mais qui correspond aux souhaits émis depuis le mois de mars par le patron de l'instance olympique, pour éviter de perdre "deux excellentes candidatures".
Les 78 membres votants du CIO se sont prononcés à l'unanimité à main levée en faveur de cette double attribution.
"Aujourd'hui est un grand jour pour le mouvement olympique et pour ces deux grandes villes olympiques. Nous avons posé les fondations sur lesquelles nous pouvons construire une situation gagnant, gagnant, gagnant" (pour le CIO et les deux villes, ndlr), a ainsi répété M. Bach en adressant ses "félicitations aux deux villes".
"C'est une décision historique selon moi", a ajouté M. Garcetti. "Je sais que je suis assis ici en présence des maires des deux villes qui accueilleront les Jeux olympiques après Tokyo (en 2020, ndlr)", a-t-il ajouté.
"J'ai conscience de vivre avec vous un moment historique avec cette décision qui permet désormais une double attribution et recherche trois gagnants", a déclaré Mme Hidalgo.
"J'ai longtemps réfléchi avant d'engager ma ville dans cette nouvelle candidature", a ajouté la maire de Paris, remerciant le président du CIO qu'elle a qualifié de "visionnaire".
"Je m'engage à mettre toute mon énergie pour aboutir à cet accord pour que Paris puisse renouer avec cette belle aventure olympique qu'elle attend depuis 100 ans", a encore déclaré l'édile parisienne. "Nous voulons revenir avec les Jeux olympiques".
Avant de lancer à la fin de la conférence de presse: "Les Parisiens, les Français savent que nous sommes ici pour ce moment historique et que les Jeux reviendront à Paris".
Il reste désormais au CIO et aux deux villes à trouver un accord "tripartite" pour décider de l'ordre d'attribution des Jeux-2024 et 2028. "On voit mal comment un tel accord ne pourrait pas être trouvé", a commenté un membre de la commission exécutive du CIO qui, interrogé pour savoir si Paris était favori pour 2024 et Los Angeles pour 2028, a acquiescé d'un signe de tête.
Si aucun accord n'est trouvé, ce qui semble très peu probable, le CIO reviendra à un vote "normal pour attribuer les JO-2024", et uniquement 2024 donc, a précisé M. Bach.
Les négociations qui ont débuté "depuis plusieurs mois entre les deux villes et le CIO", selon un autre membre, vont se poursuivre. "Il s'agit maintenant de discuter notamment des compensations versées à la ville qui acceptera 2028 notamment pour geler des sites prévus à l'origine pour 2024", a ajouté ce membre du CIO.
Alors que Rio-2014 avait bénéficié d'une aide officielle de 1,5 md USD, la ville qui héritera des JO-2024 devrait recevoir 1,7 md USD selon des sources concordantes, une aide qui pourrait augmenter mécaniquement de 100 à 200 M USD pour 2028.
Avant ce vote, Paris et Los Angeles ont passé leur "grand oral" pour présenter leur candidature pour les JO-2024 devant les membres du CIO.
Les Français étaient accompagnés d'Emmanuel Macron, véritable attraction médiatique de cette journée sur les bords du Lac Léman.
Son homologue américain Donald Trump n'a pas fait le déplacement. Il s'est contenté d'un tweet à l'issue des présentations, où ne figure aucune allusion à 2024: "(Nous) travaillons dur pour obtenir les Jeux olympiques pour les Etats-Unis (L.A.). A suivre!".
Les deux hommes se retrouveront en France vendredi, à l'occasion de la fête nationale française du 14 juillet où Donald Trump est l'invité du président français.
Sept personnes ont pris la parole pour la capitale française, dont Emmanuel Macron, le triple champion olympique de canoë-kayak et co-président du comité de candidature Tony Estanguet, la boxeuse Sarah Ourahmoune, vice-championne olympique à Rio, ou le Prix Nobel de la paix 2006, Muhammad Yunus.
Los Angeles avait été la première à s'exprimer devant le CIO, avec comme VRP son maire Eric Garcetti, ou la sextuple championne olympique Allyson Felix.
La candidature de Los Angeles "n'est pas une question d'argent, d'ego, de fierté de l'Amérique, ou même de gagner ou de perdre", a déclaré Casey Wasserman, patron de la candidature américaine, devant la presse.
Les deux présentations de 45 minutes ont été suivies d'un échange de 30 minutes avec les 83 membres du CIO présents.
"Il s'agit de servir le mouvement olympique bien au-delà de 2024 (...) pour créer de nouveaux Jeux pour une nouvelle ère", a ajouté Wasserman, semblant de nouveau ouvrir la porte à une organisation des JO-2028.