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Selon lui, cette campagne qui concerne l’ensemble du territoire casablancais vise à mettre de l’ordre dans le commerce informel en le transformant en « commerce organisé». « A quelques jours de la fête de l’Aid El kébir, le wali du Grand Casablanca s’est réuni avec l’ensemble des gouverneurs de la région pour leur intimer l’ordre de s’attaquer à ce phénomène, l'objectif étant d’intégrer ces marchands dans le circuit économique légal», nous a confié notre source qui a tenu, pourtant, à nous préciser que cette campagne ne vise pas, en priorité, à éradiquer ce phénomène. «L’Etat cherche maintenant à créer des espaces qui leur sont réservés tout en mettant un terme à l’ancienne politique qui consistait à courir après ces marchands ou leur saisir leurs marchandises», a-t-elle poursuivi.
Ainsi pour ce qui est de l'organisation de l'espace, il a été décidé que certaines zones de la ville ont été classées comme «rouges» et où il est strictement interdit d'exercer le commerce ambulant. Il s’agit des zones à forte densité démographique et qui connaissent un mouvement de circulation intense. Quant à l'organisation de ce commerce dans le temps, des tranches horaires ont été fixées par les autorités locales. Ainsi, les marchands ambulants sont désormais appelés à exercer à raison d'une fois ou plusieurs fois par jour et par semaine.
Cependant, ces consignes ne semblent pas être appliquées avec fermeté par tout le monde. « Chaque arrondissement-préfecture gère l’espace et le temps consacrés à ces marchands ambulants selon ses propres moyens. En effet, chaque descente demande la mobilisation de grands moyens et d’un nombre important d’éléments des forces de l’ordre. Ainsi, il y a celles qui sont moins regardantes sur ces consignes et celles qui sont plus exigeantes. Mais l’ensemble des agents de l’autorité locale est conscient qu’il y a certaines limites à ne pas franchir », nous a indiqué un cadre du ministère de l’Intérieur qui a requis l’anonymat avant de poursuivre : « L’Etat sait que le phénomène est difficile à éradiquer et connaît également ses enjeux sociaux et économiques. Mais, il se trouve dans l’obligation de réagir à une situation devenue ingérable».
Notre source va plus loin. Elle estime que cette campagne a d’autres objectifs que d’évacuer la voie publique. Pour lui, elle vise d’abord à réhabiliter l’autorité publique largement dépréciée après les soulèvements qui ont secoué le monde arabe. En effet, l’Etat a beaucoup hésité à intervenir, car il est en face d’un phénomène social et économique très complexe. Une intervention de sa part pourrait bien provoquer des affrontements avec les marchands ambulants, notamment les jeunes désœuvrés. Un risque que le ministère veut éviter à tout prix vu le nombre de ces marchands qui ne cesse de croître d’un jour à l’autre et vu le contexte régional très tendu. « Chasser les marchands informels des artères de la ville s’avère une tâche difficile et risquée puisque ces derniers font partie intégrante du paysage urbain. Les en déloger, c’est prendre le risque d’un affrontement aux conséquences imprévisibles ».
Toutefois, ce risque demeure encore aujourd’hui puisque les marchands ambulants ne comptent pas garder le silence vis-à-vis de la nouvelle prise de position de l’Etat. En effet, plusieurs sit-in et mouvements de protestation pacifiques ont eu lieu. Pour ces vendeurs à la sauvette, cette campagne est une déclaration de guerre d’autant que l’Etat ne propose pas d’alternatives crédibles. «On n’est pas contre l’éradication de ce phénomène mais à condition que les autorités nous proposent d’autres solutions. A propos, on aimerait bien que ces mêmes autorités locales nous informent sur le sort des dizaines de marchés modèles fermés depuis des années», nous a confié l’un de ces marchands.
Mais en attendant que les pouvoirs publics répondent à cette question, c’est aux citoyens casablancais de payer les pots cassés. Car c’est à eux de supporter la cherté des prix des fruits et légumes qui ont bougé d’un cran suite à cette campagne.