Noyade ou crocodiles, un jeu vidéo pour survivre aux inondations


AFP
Lundi 16 Juin 2014

Noyade ou crocodiles, un jeu vidéo pour survivre aux inondations
Les eaux montent. Sai Fah, un petit Thaïlandais, est en danger de mort. Pour survivre, il va se battre contre les éléments, échapper à l’électrocution, aux crocodiles, aux serpents, et finalement, à la noyade.
Mais Sai Fah n’est pas un enfant comme les autres. Il est le héros virtuel d’un jeu vidéo éducatif dont l’objectif est de limiter le nombre d’enfants tués lors d’inondations, en Thaïlande et dans le reste de l’Asie.
A l’automne 2011, la Thaïlande a été frappée par des inondations historiques touchant 65 des 77 provinces et tuant plus de 800 personnes, dont plus d’une centaine d’enfants. L’Unesco a alors voulu trouver un moyen de “disséminer auprès des enfants les informations” nécessaires pour les préserver du danger, explique Ichiro Miyazawa, responsable du développement du jeu “Sai Fah, The Flood Fighter” pour l’agence onusienne chargée de l’éducation.
Une idée s’est vite imposée: une application gratuite pour smartphones et tablettes, dans un pays qui comptait en 2012 près de 130 abonnements de téléphonie mobile pour 100 habitants, selon l’Union internationale des télécommunications.
Lancée en janvier, la version thaïlandaise aux dessins très colorés a atteint en trois semaines la première place des applications éducatives dans le pays, avec plus de 10.000 téléchargements. Avant de monter à environ 18.000 téléchargements début mai.
Le principe est simple: Sai Fah (“éclair” en thaï), dont la maison va être inondée, doit remplir les missions présentées lors de 22 épisodes, avant, pendant et après la montée des eaux, chacun d’entre eux portant un message de prévention.
Stocker des produits de première nécessité, mettre les objets importants en hauteur, ne pas boire d’eau non bouillie, couper l’électricité, faire attention aux serpents chassés de leur habitat naturel et aux crocodiles échappés de fermes d’élevage englouties...
Le jeu se déroule dans la province d’Ayutthaya, particulièrement touchée par les inondations de 2011. Ses temples historiques avaient été noyés pendant des semaines, tout comme plusieurs zones industrielles majeures.
Dans le district de Ban Praek, le souvenir des villages engloutis est encore vif.
“L’eau est arrivée du barrage voisin de Bang Chom Sri pendant la nuit et tôt le matin”, explique Nittaya Soponpit, directrice d’un centre d’éducation communautaire où l’Unesco est allée faire la promotion du jeu.
“L’eau arrivait jusqu’à ma tête”, se rappelle-t-elle. Grâce au jeu, “ils sauront comment se préparer et se comporter pendant les inondations”.
Certains messages transmis par le jeu semblent vite intégrés par les jeunes du centre.
La prochaine fois, “je préparerai de l’eau potable”, assure ainsi Kitkanok Klungnumkoo, 17 ans. “Je suivrai les conseils du jeu en coupant le disjoncteur”, promet de son côté Pornnamphet Sainet, 10 ans, qui n’a pas oublié sa terreur lors des inondations de 2010.
“Je ne sais toujours pas nager”, raconte-t-elle, à l’image de la plupart des enfants thaïlandais.
“Sai Fah” ne remplace évidemment pas un cours de natation ou un gilet de sauvetage, mais il fait passer un message simple: “Restez aussi loin de l’eau que possible”, souligne Miyazawa.
Et dans l’un des épisodes, le petit garçon affublé d’un chapeau-parapluie rouge doit notamment utiliser un bâton pour sonder le sol et éviter de tomber dans un trou ou d’être emporté par le courant.
Fort de son succès en Thaïlande, une version en anglais du jeu a été récemment lancée à destination d’autres pays d’Asie, du Bangladesh aux Philippines, en passant par la Birmanie ou l’Indonésie. 
Ces pays sont chaque année balayés par les pluies de mousson qui provoquent régulièrement des inondations, aggravées par l’urbanisation rapide, la déforestation ou des infrastructures mal adaptées.
L’anglais n’est certes pas la langue maternelle des autres pays cible du jeu, mais les jeunes habitués aux jeux en ligne sont capables de comprendre les consignes dans un “anglais très facile”, souligne Nathalie Sajda, responsable de projet chez le concepteur du jeu, Opendream.
Et si certains éléments culturels et environnementaux sont clairement thaïlandais, “certaines leçons sont universelles”, insiste-t-elle.
 


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