A Alep, il s'agit du neuvième jour de combats acharnés entre forces gouvernementales et insurgés qui ont coûté la vie à près de 250 civils, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ces combats ont, à peu de choses près, fait voler en éclats un accord de cessation des hostilités conclu en février et ont précipité l'interruption des pourparlers de paix de Genève, le Haut Comité des négociations (HCN), principal organe représentatif de l'opposition syrienne, ayant suspendu la semaine dernière sa participation au processus.
Des dizaines d'habitants de la partie contrôlée par les rebelles à Alep ont fui samedi leurs quartiers pour échapper aux nouveaux raids aériens du régime, contre lequel la Russie a exclu de faire pression.
Les Etats-Unis ont réclamé la fin des bombardements sur la ville d'Alep et le rétablissement du cessez-le-feu dans toute la Syrie, à la veille de la venue à Genève de John Kerry pour des entretiens en urgence sur le conflit.
Il s'entretiendra avec l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura et ses homologues saoudien Adel al-Jubeir et jordanien Nasser Judeh au sujet d'un cessez-le-feu mais aussi sur les moyens de soutenir une transition politique pour mettre fin à une guerre qui a fait plus de 270.000 morts depuis 2011.
Washington entend ainsi relancer les efforts internationaux pour rétablir le cessez-le-feu coparrainé avec Moscou -- allié de Damas -- et qui est en principe en vigueur depuis le 27 février en Syrie. Mais cette trêve n'a pas résisté aux raids aériens meurtriers ces derniers jours du régime du président Bachar al-Assad sur Alep, deuxième ville du pays.
Selon le département d'Etat, le chef de la diplomatie américaine s'est entretenu vendredi et samedi au téléphone avec De Mistura et avec le coordinateur de l'opposition syrienne Riad Hijab et leur a dit "clairement que la fin des violences à Alep et le retour au bout du compte à une cessation durable (des hostilités) étaient la première des priorités".
Auprès de ses interlocuteurs, Kerry a également affirmé "clairement que (les Etats-Unis) exhortaient la Russie à prendre des mesures pour arrêter les violations du régime, notamment les attaques aveugles sur Alep", a ajouté le porte-parole du département d'Etat John Kirby.
En dehors du sort d'Alep, une trêve temporaire entrée en vigueur samedi à 00H00 sous l'impulsion de Moscou et de Washington semblait tenir sur deux fronts, dans la province de Lattaquié et la Ghouta orientale près de Damas.
Dans les secteurs rebelles d'Alep, un correspondant de l'AFP a vu des familles quitter à l'aube samedi le quartier de Boustane al-Qasr, violemment bombardé depuis plusieurs jours.
Certaines familles se réfugient dans des quartiers plus sûrs, tandis que d'autres quittent la ville par la route du Castello, seule sortie pour les habitants des quartiers rebelles presque totalement assiégés depuis des mois. Mais cette voie est très dangereuse car prise pour cible par des tireurs.
Près de 200.000 habitants résideraient dans la partie rebelle, à l'est de cette ville divisée depuis 2012, selon des chiffres non officiels. Le régime du président Bachar al-Assad s'acharne contre Alep "car il veut pousser à l'exode ses habitants en vue d'une offensive militaire" pour reprendre les quartiers rebelles, estime le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.
L'opposition syrienne a elle accusé le régime de commettre des "crimes de guerre et crimes contre l'humanité". La Turquie et l'Arabie Saoudite qui soutiennent les rebelles ont de leur côté accusé le régime de vouloir torpiller les tentatives de solution diplomatique. Le Qatar, favorable aux insurgés, a demandé une réunion d'"urgence" de la Ligue arabe sur Alep.