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Nouvelles appréciées de la littérature arabe Tayeb Salih : Le palmier Oud Hamed (1)


Traduit et présenté par Sahraoui Faquihi
Mercredi 13 Août 2014

Nouvelles appréciées de la littérature arabe   Tayeb Salih : Le palmier Oud Hamed (1)
Tayeb Salih est un écrivain soudanais né en 1929 à Markaz Marawi dans l’Ach Chamaliyah, au nord du Soudan et mort le 18 février 2009. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains arabes avec  Taha Hussein et Naguib Mahfouz.
Venant d’un milieu modeste et composé essentiellement par des agriculteurs, il avait l’intention d’aider sa famille dans l’agriculture et pensait faire des études d’agronomie ou travailler dans les champs. Mais le destin en a voulu autrement. Pour lui, il n’aurait jamais écrit s’il n’avait pas quitté son pays.
Il poursuit ses études supérieures à l’Université de Khartoum pour les 
achever à l’université de Londres en Angleterre. Il travaille comme enseignant et rejoint ensuite la section arabe de la BBC à Londres.
Ses œuvres ont été traduites dans plus de 30 langues. La plus célèbre est « Saison de la migration vers le nord »  qui est considérée comme un chef-d’œuvre de
 la littérature arabe 
contemporaine.
Il a reçu le prix de la 
troisième rencontre 
du Roman arabe.
 
Si tu parcours notre pays, en voyageur, je suis sûr, mon fils, que tu n’y resteras pas longtemps. Si tu viens en hiver chez nous, au moment de la fécondation des palmiers, tu verras un nuage gris envelopper le pays. Ce n’est, mon fils, ni de la poussière, ni ce brouillard qui se soulève après la pluie ! C’est plutôt l’une de ces nuées de «Namtas» qui bouchent  l’accès des routes à nos visiteurs.
Tu as peut-être déjà vu des fléaux. Cependant,  un fléau de ce genre, je jure que tu n’en as jamais rencontré. Tiens mon fils, ce filet en «tell» ! Mets-le sur la tête! Il ne te protégera pas contre ces démons, mais il te donnera la force de les supporter. Je me souviens d’un ami de classe de mon fils.  Il l’avait invité il y a un an à la même période. Ses parents habitent au Bandar. Il avait passé une nuit chez nous. Le lendemain, il avait le visage tuméfié  et le corps fiévreux et grippé. Il  jura de ne pas passer une nuit de plus chez nous.
Si tu nous rends visite en été, tu trouveras les mouches de vaches. Ce sont de gros insectes semblables aux agneaux de l’automne comme on dit dans notre dialecte. «Les Namtas» sont mille fois supportables pour toi que ce fléau. Ce sont des insectes, mon fils, entraînés, qui mordent, piquent, bourdonnent et ronronnent. Ils sont fous du sang humain. S’ils en sentent l’odeur, ils ne le quittent plus. Chasse-les les Namtas, ô mon fils ! Maudits soient-ils !
 Si tu visites notre pays pendant une période qui n’est ni l’hiver, ni l’été, tu ne trouveras rien ! Tu lis sûrement les journaux quotidiennement mon fils, tu captes des émissions, tu vas au cinéma une ou deux fois par semaine, et si tu es malade, il est de ton droit d’aller à l’hôpital, et si tu avais un fils, il serait de son droit de s’instruire à l’école. Je sais mon fils que tu détestes les ruelles sombres, et que tu préfères voir pendant la nuit la lumière de l’électricité. Tu n’aimes pas non plus marcher, ni monter sur le dos d’un âne ce qui risque de te balafrer le derrière.
Ah si cela pouvait être vrai …!  Les routes pavées de la ville. Les moyens de transports modernes… les belles voitures confortables… Nous n’avons rien de tout cela ! Nous sommes des gens, mon fils,  qui vivent à la limite de la gêne.
Tu quitteras notre pays demain, j’en suis certain. C’est une bonne chose! Pourquoi te fatiguer  avec nous?  Nous sommes des gens dont la peau est épaisse, différente de celle des autres. Nous nous sommes habitués à cette vie dure. Il faut dire plutôt que nous l’aimons; mais nous ne demandons à personne de prendre la peine de vivre chez nous. Tu nous quitteras demain mon fils, je le sais, mais avant ton départ, laisse-moi te montrer une seule chose; tu peux dire que nous en somme fiers.
 



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